Reconstitution de maisons néolithiques sur le site de Samara
Notice
Le parc archéologique de Samara installé sur le site archéologique de la Chaussée-Tirancourt, sort de terre. On reconstitue des maisons de l'age du fer à partir des techniques de fabrication de l'époque. L'archéologue Gérard Fercoq détaille les caractéristiques de ces maisons. On n'a que des indications rudimentaires dans les fouilles, d'où l'intérêt de la reconstitution qui permet de conforter des hypothèses.
- Europe > France > Picardie > Somme > La Chaussée-Tirancourt
Éclairage
Le domaine de Samara, situé à 10 kilomètres à l'ouest d'Amiens, s'étage sur le flanc nord de la vallée de la Somme, au pied de l'oppidum de La Chaussé-Tirancourt. Il est né de la volonté commune du Crédit agricole et du département de la Somme. Sa réalisation a été confiée en 1982 au sculpteur Bruno Lebel, alors maître de conférence à l'Ecole Polytechnique et professeur à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Le parc a été ouvert au public en 1988. C'est à la fois un archéosite parc de loisirs, et un parc paysager et botanique.
Pour sa partie archéologique, le site comporte un pavillon, au pied de l'oppidum, constituant l'élément central de l'équipement abritant des expositions conçues comme un voyage dans le temps et dans l'espace ; un circuit des reconstitutions d'habitats associés à des ateliers qui essaient, à partir des matériaux et des outils passés, de retrouver les techniques utilisées ; le circuit de l'oppidum avec son système de fortifications et la vue spectaculaire sur la vallée.
Les reconstitutions en plein air réalisées à Samara illustrent nos connaissances sur l'évolution de la construction entre le quinzième millénaire et le Ier siècle av. n.è. Ces reconstitutions reposent sur l'étude critique des données de fouilles, étayées par des paramètres techniques et ethnologiques.
La tente reconstituée du Paléolithique Supérieur (environ 15 000 avant n.è.) a été réalisée à partir des fouilles d'Etiolles et de Pincevent, au sud de Paris. La disposition des pierres qui maintenaient la base de la structure et des traces des piquets enfoncés dans le sol a inspiré la taille et la forme de cette première forme d'habitat. De forme circulaire, la tente était probablement recouverte de peaux de rennes ou de chevaux. L'armature de l'habitation est composée de petites branches de moins de 2 m, les seules disponibles dans l'environnement glaciaire de cette époque.
La maison danubienne (5 000 avant n.è.) a été reconstituée à partir des découvertes de Cuiry-les-Chaudardes, dans l'Aisne. Cette reconstitution étonne par ses dimensions. Longue de 25 mètres elle n'est pourtant pas la plus longue à avoir laissé des traces. La charpente est portée par des rangées de 5 poteaux calés dans des trous très profonds. Les murs en bois sont recouverts de torchis et le toit est en chaume. A l'intérieur, elle semble avoir été séparée par les nombreux piliers qui soutiennent le toit. On suppose que plusieurs familles, ou plusieurs générations d'une même famille devaient se partager les lieux. Les archéologues ont reconstitué plusieurs éléments du mobilier qui devait garnir cet intérieur : un four, un métier à tisser. Le foyer permettait certainement d'enfumer la toiture et éviter ainsi que s'y installent des animaux.
La maison de l'âge du Bronze (700 avant n.è.) a été reconstituée d'après les fouilles de Choisy-au-Bac, au confluent de l'Oise et de l'Aisne. Les poteaux ne sont pas plantés dans le sol, la charpente est portée par une ossature de bois, posée sur une semelle de fondation. Elle est caractérisée par son toit à quatre pans et les pièces de bois sont reliées par des assemblages complexes réalisés à l'aide d'un outillage métallique.
La maison gauloise a été reconstituée d'après les fouilles du site de Villeneuve-Saint-Germain, près de Soissons, dans l'Aisne. Elle faisait partie d'un village, dans un vaste site implanté dans une boucle de l'Aisne, protégé par une fortification. On a pu observer des îlots d'habitations séparés par un système de rues perpendiculaires. A l'écart de la zone d'habitat fonctionnait un secteur d'activité artisanale. La découverte d'un atelier où était fabriqué des monnaies prouve qu'une autorité politique siégeait à cet endroit. Cette habitation est une des rares à posséder un grenier pour le stockage des grains. Ce grenier est posé sur une série de 9 poteaux, des disques de pierre interdisent l'accès aux rongeurs. L'ensemble se complète par une cave profonde de 2 m, servant à conserver des aliments, et par un puits permettant de canaliser l'eau.
Ces habitats sont reconstitués avec des matériaux naturels et sans utiliser notre technologie actuelle. Ils ont, au départ, servi de test "grandeur nature" par les archéologues pour connaître les méthodes de construction et vérifier leurs hypothèses. Ces maisons ne sont pas vides, elles ont été aménagées en fonction de nos connaissances sur le mode de vie des époques concernées et sont équipées de copies des objets découverts sur les sites originaux.