Construction d'un chaland romain par l'association les Ambiani

29 novembre 2010
02m 19s
Réf. 00623

Notice

Résumé :

Les Ambiani (du nom du peuple qui habitait Samarobriva - Amiens à l'époque des gallo-romains), est une association spécialisée dans les reconstitutions historiques et scientifiques très précises. Elle a lancé un projet d'envergure : la reconstitution avec les techniques de l'époque d'un chaland gallo-romain à partir des plans d'un chaland retrouvé à Fontaine-sur-Somme. Un chantier d'insertion a été créé. Comme l'explique Stéphane Gaudefroy, président des Ambiani, c'est l'occasion de comprendre comment ces navires étaient construits, tandis-que Michel Philippe, historien, s'intéresse, lui, au rôle de la Somme dans les échanges entre la Gaule et l'Angleterre.

Date de diffusion :
29 novembre 2010
Source :

Éclairage

Un certain nombre de découvertes ont été effectuées dans les tourbes de Fontaine-sur-Somme, sans indication précise de localisation. Ainsi, Jean Gavois a découvert en 1808 une épave qui a été fouillée par L.-J. Traullé, procureur impérial et ami de Boucher de Perthes. Il s'agit d'un très probable chaland gallo-romain en chêne reposant sur le sable au milieu de nombreuses "antiquités romaines". La description, particulièrement précise de L.-J. Traullé, confrontée avec des découvertes plus récentes d'épaves du même type, ont permis d'en reconstituer l'aspect. Grand bateau à fond plat, servant au transport de marchandises, il faisait 12 m de long et 3 m de large, et pouvait transporter jusqu'à 7 tonnes. Il est comparable à deux autres embarcations reconstituées à Bevaix, en Suisse, et à Pommeroeul, en Belgique.

Pour reconstituer le chaland, un chantier naval a été construit à Pont-Rémy, sur un terrain bordant la Somme mis à disposition par la mairie. Il comporte trois bâtiments dont les ouvertures sont tournées vers un espace faisant office de cour : une halle destinée à la construction du bateau, une maison pour les charpentiers, une forge pour la fabrication des clous nécessaires à l'assemblage du bateau. La restitution des élévations a été réalisée en respectant les techniques et les modes de construction connus à l'époque. Le plan des bâtiments est fondé sur des constructions de l'âge du Fer connues dans la région (Poulainville, Lœuilly). Une haie vive, composée d'essences végétales en accord avec les espèces attestées à l'époque gauloise (charme, noisetier, cornouiller, épine vinette, ...), entoure le site.

Abugnata, signifiant "fille de la rivière" (en langue gauloise) est le nom qui a été choisi pour le Chaland dont la reconstitution a été initiée par l'association les Ambiani. Il s'agit d'un projet de territoire réalisé en partenariat avec l'association de préfiguration du Parc Naturel Régional de la Picardie maritime et des collectivités locales (Mairie de Pont-Rémy, conseil régional de Picardie, conseil général de la Somme, Pays des Trois Vallées). Deux chantiers d'insertion (l'un pour la construction du chantier naval, l'autre pour la construction du bateau) ont été réalisés avec le soutien de l'État, du Fond Social Européen via le PLIE de la Picardie maritime et du conseil général de la Somme. Ils ont été soutenus par l'AGEFOS-PME et la CAF de Picardie. Archéologues et artisans professionnels ont été associés à toutes les étapes du projet (1).

La mise à l'eau officielle du Chaland a eu lieu le 2 mars 2013. Sa première véritable sortie sur la Somme a eu lieu les 23 et 24 mars, lorsqu'il a rejoint Samara pour participer à l'ouverture du parc archéologique.

(1) Consultable sur internet

Tahar Ben Redjeb

Transcription

Antoine Marguet
On va aller avec des fous d’histoire, les Ambiani, le nom de ce peuple qui habitait Samarobriva, Amiens à l’époque des gallo-romains. Cette association s’est spécialisée dans les reconstitutions historiques très précises et très scientifiques. Et aujourd'hui, ils ont lancé un projet d’envergure : la reconstitution d’un chaland gallo-romain. Voyage dans le temps signé Christophe Lépine et Bruno Pillet.
Stéphane Gaudefroy
C’est une reconstitution archéologique. Donc on ne fait pas… Ça peut, vous, vous paraître bizarre mais si c’est avéré par l’archéologie, on le fait comme ça, c’est aussi le principe de ce qu’on fait ici.
Christophe Lépine
Ils nous ont habitués aux défis un peu fous. Et pourtant, il s’agit encore une fois d’un travail très sérieux et très scientifique. Les Abbevillois des Ambiani viennent ainsi de lancer le premier chantier d’insertion pour construire un chaland gallo-romain, un bateau transporteur de marchandises tel qu’il en existait dans la Somme à l’époque. Les Gaulois ont installé leur chantier à Pont-Rémy, en bordure de la vallée de la Somme, avec une embarcation à construire mais aussi une halle à bateau, une maison de charpentier, un potager, tout dans les conditions qui devaient être celles de nos ancêtres.
Stéphane Gaudefroy
Comment on faisait ? On n’en sait pas grand-chose, finalement. C’est ça aussi l’intérêt de refaire de genre d’expérience. On sait quel est le produit fini, et il faut y arriver avec les outils de l’époque, avec les moyens de l’époque. Donc on essaie de retrouver les techniques.
Christophe Lépine
L’idée n’est pas nouvelle. Et les Ambiani rêvent depuis longtemps de reconstituer cette embarcation qui permettrait de mieux comprendre la vie le long de la Somme. Il en existe des exemples en Suisse ou en Belgique mais très peu en France. C’est le texte d’un des premiers archéologues qui sert de base au travail des Ambiani. Il y a 200 ans, Laurent Traullé trouve un tel bateau à Fontaine-sur-Somme et le décrit très précisément. Les Ambiani vont utiliser ces bases pour reconstruire le bateau et rappeler aussi l’importance de la Somme et de son embouchure proche de l’Angleterre.
Michel Philippe
La frontière britannique, elle est importante parce que de la Grande-Bretagne vient, entre autres, l’étain et le cuivre pour construire le bronze. Donc on a, en fait, tout un circuit commercial qui se met en place le long des côtes et sur les fleuves. Et la Somme, la baie de Somme et l’ensemble des estuaires picards constituent, en fait, une base de départ et d’arrivée pour les produits vers les îles britanniques.
Christophe Lépine
Les Ambiani ouvriront le chantier au public. Et quand le bateau qui s’appellera Abugnata, fille de la rivière sera fini, il pourra emmener les visiteurs visiter le fleuve Somme.