Chercheurs et archéologues fouillent le site archéologique de Cuiry-lès-Chaudardes
Notice
C'est lors de repérages aériens qu'a été repéré le site de Cuiry-lès-Chaudardes. Michel Boureux, attaché à l'archéologie au comité du tourisme de l'Aisne donne des précisions sur ces repérages et sur les fouilles. C'est le premier village néolithique d'agriculteurs sédentaires venant d'Europe centrale repéré dans la partie nord de la France. On retrouve les traces des poteaux de soutènement de maisons en torchis et des fosses remplies de détritus de poteries, d'outils...
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Éclairage
Le site de Cuiry-lès-Chaudardes (1) , localisé sur la rive droite de l'Aisne (2), dans un large méandre, a été repéré en 1972 par M Boureux au cours d'une prospection aérienne. De 1972 à 2000, plusieurs interventions archéologiques de sauvetage ont été réalisées par une équipe du CNRS dans le cadre d'un programme de surveillance de gravières de la vallée de l'Aisne.
Les vestiges les plus anciens appartiennent à un village néolithique construit, il y a environ 6000 ans par des agriculteurs sédentaires venant d'Europe centrale (période du Rubané récent du Bassin Parisien). Il s'agit du premier village fouillé sur une aussi grande surface (6 ha) dans la partie nord de la France. Il est situé dans une zone non inondable, à 260 m de la rivière située au sud. Il pouvait regrouper entre 60 et 90 personnes environ. Il se développe selon un un schéma d'organisation précis, principalement dans la moitié occidentale du site, avec quelques maisons sont isolées à l'est. Les fouilles ont permis de mettre au jour 33 maisons construites durant une centaine d'années, avec en moyenne six maisons contemporaines par phase. Ces maisons montrent une grande uniformité architecturale. Elle étaient initialement élevées en torchis, avec toit en double pente, en roseaux et en chaume. De forme rectangulaire ou légèrement trapézoïdale, elles comportent cinq rangées longitudinales de poteaux subdivisant l'espace interne en trois travées. Leur largeur varie de 5 à 8 m, et leur longueur de 8 à 37 m. Les entrées sont systématiquement orientées à l'est, afin de prendre en compte la direction des vents. C'est l'une de ces maisons qui a servi de modèle à une reconstitution visible à Samara. L'étude archéozoologique, qui a été réalisée à partir des 57 000 ossements d'animaux exhumés, témoigne de la prédominance du cheptel domestique (bovins, moutons et porcs), même si les animaux chassés (notamment du cerf, du chevreuil, de l'aurochs, du sanglier et du castor) entraient également pour une part importante dans l'alimentation. Une grande variété d'artefacts lithiques en silex et en quartzite (armatures de faucilles, pointes de flèches,...) a été recueillie, ainsi que plus de 50 000 tessons de céramique. On distingue notamment de grands récipients présentant parfois un décor modelé, des petits vases de finition plus soignée, avec éventuellement un décor de motifs incisés ou imprimés.
Des occupations plus récentes ont également été relevées :
Une occupation Michelsberg (entre 4300 à 3700 avant n.è.) s'étend sur une surface un peu plus restreinte. Elle est matérialisée par des fosses, le plus souvent cylindriques, associées à des trous de poteaux, la plupart du temps, sans organisation apparente.
Deux monuments funéraires circulaires sont datés de l'Age du Bronze.
A l'Age du Fer, appartiennent un habitat du Hallstatt, un établissement rural de La Tène finale et une ferme indigène du début de l'époque romaine. Une sépulture "monumentale" de cette dernière période a livré 9 vases, 9 perles de collier en verre et un dépôt de porc et d'oiseau. Une amphore semble avoir été déposée sur la sépulture.
(1) Lamys Hachem. Le site néolithique de Cuiry-lès-Chaudardes – I. De l'analyse de la faune à la structuration sociale permanente, Internationale Archäologie 120, 2011.
(2) Blaise Pichon. Carte archéologique de la Gaule. L'Aisne 02. Paris : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2002.