Chevrières : découverte d'un soc de charrue gaulois

13 janvier 1988
02m 10s
Réf. 00609

Notice

Résumé :

Un habitat rural de -300 ans avant JC a été découvert par le Centre Archéologique de la Vallée de l'Oise dans les sablières de Chevrières. Sur ce site gaulois on a découvert des flèches et des silex datant de -4000 avant JC, des fibules, des tasses, datant de l'âge du bronze, etc qui sont rassemblés au château de Verberie. Grâce au sol argileux, on a découvert une pièce unique, un soc d'arrère de - 2000 ans. Marc Talon, archéologue, explique l'intérêt de cette découverte.

Date de diffusion :
13 janvier 1988
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Éclairage

Le site de Chevrières "La Plaine Saint-Germain" a été repéré par une équipe du Centre Archéologique de la Vallée de l'Oise (CRAVO) en 1987 lors d'un contrôle des décapages d'une gravière. Une fouille de sauvetage a été menée de 1987 à 1989 par Vincent Bernard et Marc Talon. Il offre une permanence de l'occupation du Néolithique chasséen à la période romaine.

Les vestiges les plus anciens sont attribuables à la période chasséenne. Une fosse a livré du mobilier du Bronze final constitué par un important ensemble de céramiques associées à deux petits poignards en bronze. La première occupation gauloise (La Tène moyenne : vers -300 ans av. n.e.) est constituée d'un enclos délimité par un fossé de 140 m de long sur 70 m de large et profond d'un mètre. Lors du creusement de cette structure deux entrées ont été ménagées par une simple interruption de celle-ci. Les résultats des analyses palynologiques (l'étude des grains de pollen et spores) montrent que cet enclos était bordé d'une haie vive. À l'intérieur, deux bâtiments d'habitation et trois greniers sur trous de poteaux ont été mis en évidence. À l'extérieur de l'angle sud-est de l'enclos se trouvent une dizaine de greniers sur quatre, six ou neuf poteaux, ainsi que de très nombreuses fosses qui n'ont pas livré de matériel. Deux autres enclos, reconnus partiellement, pourraient délimiter une zone à vocation agro-pastorale.

À La Tène finale (fin Ier siècle av. n.e.), un nouvel établissement se met en place à peu de distance du précédent. L'espace délimité par le fossé est différent : plus régulière, sa forme se rapproche d'un rectangle séparé en deux par un retour du fossé. Bien qu'il nous manque une partie de l'enclos, il semble que la superficie de cet établissement soit du même ordre de grandeur que celle du précédent. Un dispositif particulier dans l'aménagement de la porte (une entrée en chicane) suggère une vocation pastorale. La moitié nord-ouest de cet enclos abritait de nombreuses fosses ainsi que des trous de poteaux. Un autre secteur renfermait une forte concentration de puits qui devaient encadrer une fosse remplie d'argile mise à décanter. C'est dans son remplissage que furent recueillis de nombreux morceaux de bois et, surtout, une pièce d'araire. Elle mesure 49 cm de longueur et a été taillée dans du chêne. Grâce à des découvertes plus complets trouvés au Danemark, nous avons pu déterminer que cette pièce était la partie active qui recevait la reille (le soc) au niveau de sa pointe et de sa rainure. L'autre extrémité, qui possède une perforation, était emmanchée.

Bibliographie :

J.-C. Blanchet, B. Bréart, C. Pommepuy, D. Bayard, T. Ben Redjeb. Picardie, dans Gallia Informations, 1989, 1, p. 223-225.

J-M. Fémolant, Fr. Malrain. Les établissements ruraux du second Âge du Fer et leur romanisation dans le département de l'Oise, dans Revue archéologique de Picardie. numéro spécial 11, 1996, p. 45-49.

Tahar Ben Redjeb

Transcription

Isabelle Moeglin
Découverte tout à fait exceptionnelle, donc, à Chevrières, dans l’Oise. Après deux ans de fouilles environ, les archéologues ont retrouvé un soc de charrue, un soc gaulois vieux de 2000 ans. Découverte donc rarissime comme nous l’explique Sophie Hautbout et Thierry Leprévosst.
Sophie Hautbout
C’est ici, dans les sablières de Chevrière, qu’un habitat de type rural datant de -300 ans avant Jésus Christ a été découvert par le Centre de recherche archéologique de la Vallée de l’Oise. Des fosses datant de la période gauloise apparaissant sous forme de taches sombres dans le substrat géologique ont facilité les recherches. Du fait de la présence d’un habitat rural, les archéologues ont découvert des ossements d’animaux, des morceaux de vases épars, des silex, des pointes de flèche, des haches polies datant de -4000 ans avant Jésus Christ. Des gamelles, des fibules, une perle en verre bleu, des tasses de l’époque de l’âge du Bronze, des pics en bois de cerf servant de pioche, des crânes d’animaux qui sont, aujourd'hui, rassemblés précieusement au château de Verberie. Peu d’éléments de la vie quotidienne, monnaie ou objets prestigieux n’ont été trouvés. Mais très rares, grâce au sol argileux et avec la remontée de l’eau dans la nappe phréatique, les archéologues ont trouvé des pilotis en bois supportant les maisons. Et surtout, exceptionnel, jamais découvert jusque là en France : un soc d’araire de 2000 ans. L’outil de labour de l’époque. L’extrémité du soc de la charrue, alors que le bois, comme les matériaux organiques, habits ou cuir ne se conservent généralement pas. C’est donc une originalité de ce camp de fouille. De plus, le bois est travaillé par la taille de l’homme.
Marc Talon
Cette pièce va nous permettre de faire la liaison, un peu, entre toutes ces fermes, tous ces habitats ruraux qu’on connait. Et malheureusement, on n’arrive pas toujours à faire la liaison entre ces habitats et un peu le but de leur existence. Et là, le fait de trouver cette pièce noue tout à fait très bien cet ensemble.
Sophie Hautbout
Après étude et traitement, cette pièce de 2000 ans sera exposée au musée Vivenel de Compiègne. Cette découverte est, pour les archéologues, un moyen d’approfondir leurs recherches sur l’évolution de l’agriculture dans la région.