La fondation Georges Cziffra
Notice
En 1973, le pianiste hongrois d'origine Georges Cziffra (décédé en 1994) rachète et se lance dans la rénovation de la chapelle Saint Frambourg de Senlis. Retour sur cette aventure et sur les actions de la fondation Cziffra qui permettait à de jeunes musiciens de se faire connaître grâce aux concerts et festivals.
Éclairage
Né György Cziffra à Budapest en 1921, d'un père musicien à Paris mais retenu prisonnier dans la capitale française pendant la première guerre mondiale (la Hongrie faisant partie avec l'Autriche de la coalition ennemie) jusqu'à son retour à Budapest en 1921, Georges Cziffra, devenu lui-même Français en 1968, aura connu une carrière aussi tourmentée que l'histoire de l'Europe au XXe siècle. Jeune pianiste prodige de 5 ans obligé de se produire dans un cirque itinérant puis élève de l'Académie Franz Liszt à 9 ans le jeune homme commence une carrière de concertiste à 16 ans, qui le conduit à travers l'Europe. Rattrapé par le deuxième conflit mondial il est enrôlé dans l'armée qui combat sur le front de l'Est sous commandement Nazi mais déserte son régiment de tanks à Noël 1943 pour tomber prisonnier d'Ukrainiens pro-soviétiques. Démobilisé en 1946, opposant au régime communiste qui s'est mis en place en Hongrie place, il est de nouveau fait prisonnier et condamné aux travaux forcés de 1950-1953. Les travaux manuels lourds auxquels il est commis (port de pierres etc) lui abîment les mains. Il devra en conséquence passer par une très longue et douloureuse épreuve, conservant de cette époque un bracelet de cuir au poignet droit. Libéré et réhabilité dans sa qualité d'artiste concertiste, il prend part à l'insurrection de 1956, apportant sa contribution par une interprétation enthousiasmante du Deuxième concerto de Bela Bartok. Puis il s'échappe avec sa famille à Vienne où il demande l'asile politique. Il atterrira à Paris où il crée en 1966 le festival de La Chaise Dieu (Auvergne) avant de se voir confier par André Malraux la réfection de la Chapelle royale Saint Frambourg, à Senlis. En quatre ans, il transforme ce monument devenu un garage à voitures, en un splendide auditorium pour la musique et fonde la fondation Cziffra. Cette dernière, forte de 3000 adhérents, organise des concerts prestigieux mais aussi des concours assurant la découverte et la promotion de jeunes artistes que Cziffra accueille sur ses propres enregistrements. La chapelle, décorée par le peintre catalan Joan Miro, perdra une grande partie de son rayonnement à la mort du flamboyant pianiste en 1994. Le parcours exceptionnel de Cziffra (raconté par lui dans Des canons et des fleurs, Robert Laffont en 1977) sa générosité d'artiste formé par la souffrance mais aussi et surtout son talent, son immense virtuosité de pianiste spécialiste de Listz et de Chopin, doté d'une main gauche et d'un main droite aussi fermes et véloces l'une que l'autre, ont marqué durablement l'espace musical national et donné à la ville de Senlis un prestige difficile à égaler pour les générations actuelles.