Cathédrales gothiques en Picardie
Notice
Les six cathédrales gothiques de Picardie : Notre-Dame d'Amiens, Beauvais, Senlis, Saint Jean des Vignes de Soissons, Noyon et Laon, ainsi que l'abbaye de Saint-Germer-de-Fly.
Éclairage
Ce film à travers quelques exemples choisis d'architecture religieuse fait l'éloge du style gothique qui s'initie en terre d'Ile-de-France et de Picarde aux XIIe et XIIIe siècles. Le synopsis du film n'est pas chronologique et s'intéresse essentiellement à édifier le spectateur sur l'ampleur des constructions picardes répondant à ce style appelé art français ou gothique voire ogival. Si les italiens du XVIIe siècle l'ont baptisé ainsi non sans péjoration, c'est au XIXe siècle que l'on retrouve peu à peu de l'intérêt pour cet art médiéval et sa monumentalité. Le gothique s'étend du premier tiers du XIIe siècle jusqu'au XVIe siècle, de la fin du monde roman à la Renaissance. On le divise généralement en trois grandes périodes : Le gothique primitif (premier tiers du XIIe siècle - premier tiers du XIIIe siècle). Les premiers édifices gothiques sont encore assez trapus. L'arc en plein-cintre ne disparaît pas immédiatement. On le trouve encore dans les grandes roses de façade. L'apogée gothique ou rayonnant (vers le milieu du XIIIe siècle). Le style atteint sa pleine mesure grâce à l'emploi de l'arc brisé, plus résistant que l'arc en plein cintre. Son usage se généralise, ce qui permet d'accroître considérablement la hauteur des murs et d'alléger l'allure de l'ensemble. Le gothique flamboyant (XVe et XVIe siècles). À la fin du XIIIe siècle, les efforts se concentrent sur le renouvellement du décor. Le dernier aspect de l'architecture gothique est donc moins marqué par une évolution de structure que par l'ajout, voire la surcharge, d'ornements. Certains plans sont même simplifiés. Les décors et les frises à base de motifs de flammes ou de torsades deviennent exubérants.
La cathédrale d'Amiens (Somme) classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1981, est réalisée entre 1220 et 1270. Massive et vertigineuse, elle s'élève à environ 112 m du sol, présentant une longueur totale de 145 m pour un volume intérieur d'environ 200 000 m3. La superficie de l'église, quant à elle est de 770 m². La hauteur sous voûte de la nef est de 43 m. Elle est construite sur un plan en forme de croix latine, avec une nef à bas-côtés, un transept à bas-côtés et un chœur qui comprend cinq vaisseaux. Les trois portails de la cathédrale d'Amiens portent les noms de Saint Firmin, Beau Dieu et Mère Dieu. Ils sont décorés de nombreuses sculptures, notamment de saints et d'apôtres. La cathédrale de Beauvais est érigée non sans mal de 1225 à 1270, mais en 1284 la voûte du chœur de la cathédrale de Beauvais s'effondre et en 1573 la flèche récemment édifiée s'abat à son tour. Les cathédrales de Noyon (1150-1233), de Laon (1150-1220) et de Senlis (1151- 1240) appartiennent au gothique primitif. Sans être une cathédrale, l'église abbatiale augustinienne de Saint-Jean des Vignes à Soissons (Aisne) est un remarquable édifice de style gothique. Ce monastère fondé en 1070 se lance à partir de 1215 sous l'égide de l'abbé Raoul dans un programme ambitieux de reconstruction dans le style gothique. La richesse du décor sculpté, les dimensions du réfectoire, les vestiges des fortifications et les deux clochers de son église marquent l'espace urbain.
La présentation s'achève sur les vues de l'abbaye bénédictine puis cistercienne à partir de 1132 de Saint-Germer-de-Fly. Ce monastère fondé initialement au VIIe siècle est réédifiée en 1036 dans un style roman. A partir de 1135, l'abbatiale est reconstruite dans le nouveau style gothique. Les travaux se poursuivent jusqu'en 1167. La sainte-chapelle, officiellement appelée chapelle de la Vierge, est un édifice de style gothique rayonnant à nef unique, formé de quatre travées oblongues et d'une abside polygonale à sept pans. Le mur occidental est flanqué de deux tourelles d'escalier précédé par un vestibule de trois petites travées reliant la chapelle au déambulatoire de l'abbatiale. Si cinquante ans seulement séparent la chapelle de la Vierge de la nef de l'abbatiale ; stylistiquement, au moins quatre-vingt ans les séparent. Pendant cette période relativement courte, l'architecture romane a muté vers le style gothique primitif, qui s'est ensuite confirmé, puis a cédé la place au style rayonnant. Quand Pierre de Wessencourt devient abbé en 1259, il lance bientôt le chantier de la chapelle de la Vierge, le style gothique est alors à son apogée. Cette construction n'innove donc pas dans l'architecture comme l'avait fait l'abbatiale au siècle précédent. Elle entre dans une longue lignée de saintes-chapelles bâties entre 1240 et 1260 comme chapelles abbatiales et royales à l'instar de celle de Paris bâtie à la requette du roi Louis IX entre 1241 et 1246 pour accueillir les Saintes reliques. La chapelle de la Vierge de Saint-Germer est aujourd'hui un témoin exceptionnel de ce type de créations. Par la qualité de son exécution et la finesse de son décor, elle peut être considérée comme un chef-d'œuvre du patrimoine picard.