Musique sous les arbres au Festival des Forêts

Le sud de la Picardie comporte un massif forestier d'une impressionnante densité qui fait office de réserve de gibier, de lieu de randonnées dominicales, de conservatoire de la mémoire historique royale et enfin d'écran climatique protégeant Paris contre l'âpreté des vents du nord. Ces forêts ont nom Chantilly, Halatte, Laigue, Compiègne, Ermenonville pour les plus importantes. Ce furent à l'origine des domaines de chasse royaux et impériaux, particulièrement goûtés par François Ier, Louis XIV ou les deux Napoléon. Elles abritent des abbayes, des prieurés (Morienval, Longpont), mais aussi de splendides châteaux (Compiègne, Pierrefond, Chantilly). Elles nourrissent ainsi une grande partie de l'imaginaire français et ont partiellement inspiré celui d'un écrivain romantique comme Gérard de Nerval (cf. la Bohême galante). Ce fut donc une idée remarquable que d'ajouter la musique à toutes ces richesses. Outre la restauration du théâtre-opéra impérial de Compiègne et la création de l'Orchestre symphonique de Picardie, l'invention du Festival des Forêts en 1992, apportait en effet l'harmonie qui manquait à une région picarde assez curieusement démunie de musique à travers les âges.

Ce "festival pas comme les autres" ainsi qu'il se définit lui-même dans son programme, se propose donc d'associer la musique, la nature et le patrimoine. Ou encore, pour parler clair, son aspect novateur consiste à faire se rejoindre l'auditeur et le randonneur forestier en une seule et même personne. La saison (de la deuxième moitié du mois de Juin aux deux premières semaines de Juillet), les lieux (la forêt de Laigue au nord de l'Oise, la forêt de Compiègne au sud de l'Oise) y sont propices. La forêt "est la première des salles de concert ", comme le dit son premier président Bruno Ory Lavollé. Écouter Bach sous un chêne tricentenaire est à l'évidence très émouvant. La musique classique est majoritairement à l'honneur de la programmation de ce festival. On note dans le programme du 21ème Festival en 2013, par exemple, l'exécution au Théâtre Impérial de Compiègne du Sacre du printemps par les orchestres symphoniques de Picardie et l'orchestre de Iéna. Une autre originalité de ce festival est son souci d'apporter des activités musicales d'initiation aux jeunes enfants. Le bilan de 2012 se lit ainsi : 21 concerts dans 16 lieux sur 1 mois, présence de 6000 spectateurs, publicité couverte par plus de 100 médias locaux et nationaux.