Label Bleu, le label de l'édition de disques de la Maison de la culture d'Amiens
Notice
Reportage à la Maison de la culture d'Amiens qui édite ses propres albums discographiques sous le nom de Label Bleu. Dans son studio d'enregistrement, on voit le saxophoniste François Jeanneau supervisant le mixage d'un album qui sortira en CD. De son côté, le violoncelliste Pierre Srauch enregistre avec l'orchestre régional de Picardie le Sinfonietta sous la direction d'Alexandre Myrat. Michel Orier, producteur du label, présente la politique d'édition tournée sur le jazz et une production de qualité.
Éclairage
C'est grâce à l'enthousiasme et aux compétences de l'ingénieur du son (CREAR) Michel Orier (1) que le label discographique Label Bleu a vu le jour en 1986 à la Maison de la Culture d'Amiens (MCA). Vingt années plus tard, en 2006, l'aventure semble avoir suivi la dégringolade générale affectant le marché du disque CD. En 2013 et pour autant que nous puissions savoir, seuls deux ou trois enregistrements annuels semblent avoir été produits. Ces chiffres sont sans commune mesure avec ceux des années prospères 1991-2000 comptabilisant plus de 200 titres. Pour reprendre l'historique du projet il faut commencer par remonter au festival de jazz d'Amiens, créé et dirigé par Michel Orier depuis 1981 jusqu'à 2000, en association avec les activités traditionnelles de la Maison de la Culture (théâtre, littérature, expositions, cinéma). Devant le succès rencontré par ce Festival, les administrateurs de la MCA décidèrent d'investir quasi exclusivement dans la création d'un Label discographique, absorbant (et confisquant) au passage les très modestes crédits alloués à la maison d'édition Trois Cailloux, lancée en 1983 à la MCA avec l'aide et la bénédiction du Centre National du Livre. Fut parallèlement entreprise une rénovation des locaux de la MCA (2000-2003) aux fins spécifiques d'équiper des studios d'enregistrement dignes de Label Bleu. Il faut dire qu'entre-temps Michel Orier avait été nommé directeur de la MCA (1991-2000), prenant la succession de Jean-Marie Lhôte. C'est alors que, appelé au cabinet de la ministre de la Culture Catherine Tasca en 2000, Orier dut quitter la direction de Label Bleu et la céder à Pierre Walfisz. Ainsi prenait fin une aventure pour le moins singulière dans le contexte des Maisons de la Culture nationales, marquée par une ambition et une réussite indiscutables mais aussi par un investissement pour le moins hasardeux de l'argent public, par désir quelque peu chimérique de concurrencer les très puissantes maisons de disque privées. Il suffit d'ailleurs de se reporter à la presse locale et nationale de ces années-là pour mesurer la violence des critiques et des débats. Devant le déficit considérable de l'entreprise, les activités de Label Bleu furent arrêtées en 2007 et les tentatives de reprise par les maisons EMI ou Harmonia Mundi se révélèrent vaines. Au bénéfice de cette aventure singulière on notera cependant la qualité réelle du catalogue de Label Bleu alignant une myriade de noms prestigieux du jazz contemporain, dont les Français Michel Portal, Henri Texier, Luis Sclavis etc...On rappellera également la création en 1992 du Label Indigo confié à Christian Mousset et ouvert aux musiques du monde (cf. les débuts de la chanteuse malienne Rokia Traoré) Aujourd'hui, en 2013, si la situation reste difficile, le label s'est stabilisé avec trois productions par an et la réactivation de son catalogue.
(1) Ingénieur du son au Centre de recherche de l'image et du son, CREAR-CERIS, Michel Orier a occupé un rôle important dans la diffusion du jazz en France.