Le millénaire d'Hugues Capet
Notice
A l'occasion du millénaire de la dynastie capétienne, reportage consacré à l'église Saint-Frambourg de Senlis, où, lors de fouilles, on a découvert une crypte et les restes de la chapelle royale d'Hugues Capet. C'est le pianiste Gyögy Cziffra qui a acheté Saint-Frambourg alors dans un état d'abandon et entrepris de la restaurer avec l'aide des concerts de sa Fondation.
Éclairage
Tout au long de l'année 1987, en chacune de ses régions, la France a commémoré avec éclat et faste le millénaire de l'avènement d'Hugues Capet (987-1987). La région picarde se trouve ainsi tout particulièrement mise à l'honneur. Cette redécouverte et cette évocation du passé ne constitue pourtant qu'un aspect de ces grandes festivités et traduisent davantage un nouveau regard historique sur l'institution monarchique.
Dans ce reportage, les cryptes découvertes sous les fondations de l'ancienne chapelle royale Saint-Frambourg de Senlis en fournissent une illustration concrète. La restauration de cette église senlisienne par la fondation György Cziffra permet d'évoquer le début de la dynastie Capétienne et l'élection d'Hugues Capet comme roi des Francs... En 1973, Soleika et Gyögy Cziffra achètent la chapelle Saint-Frambourg de Senlis, dans un état de délabrement que l'on a peine à imaginer de nos jours. À cette occasion, des fouilles archéologiques ont été réalisées et ont mis au jour les restes de la chapelle royale du Xe siècle ainsi qu'une portion de l'enceinte urbaine de la fin du IIIe siècle. La nef retrouve ainsi progressivement son intégrité et son histoire. De nouveaux vitraux sont installés en 1977, dont huit d'entre eux sont décorés par l'artiste catalan Joan Miró, ami de Cziffra, en collaboration avec le maître-verrier Charles Marcq. Ce lieu redécouvert apparaît ainsi comme emblématique du berceau de la France car Hughes Capet s'y serai fait acclamé roi. Il faut bien admettre avec Michel Parisse qu' "on ne sait toujours pas avec certitude quand, comment et où eurent lieu le couronnement et le sacre du premier capétien". Il semble probable aux spécialistes qu'Hugues ait été acclamé roi par l'assemblée de Senlis, le 3 juin, puis couronné et sacré roi le 3 juillet à Noyon.
En France, la rupture fut longtemps consommée entre le pouvoir républicain et la tradition monarchique. À la fin du XIXe siècle voire au début du XXe siècle, nulle autorité du régime en place n'aurait accepté de célébrer le souvenir d'une dynastie dont les représentants étaient bannis en vertu de la loi d'exil. Alors quand en 1987, le décret du président de la République François Mitterrand et sous son haut patronage est constitué le "comité pour la célébration du millénaire de l'avènement d'Hugues Capet", le changement de position parait considérable. C'est Jean Favier, alors directeur général des Archives de France, qui en assura la présidence et la coordination. Il posa clairement le problème de l'"identité de la France", auquel Fernand Braudel a donné en 1986 une première réponse. De nombreux historiens – à l'instar de Jean Favier, Georges Duby, Emmanuel Le Roy Ladurie, François Furet, Maurice Agulhon, Jean Carpentier, François Lebrun et Jean Tulard - poursuivirent cette quête identitaire et lancèrent tour à tour leur Histoire de France en un ou plusieurs volumes, confirmant du même coup l'intérêt des Français pour la redécouverte de ce passé monarchique. Très vite les scientifiques développent les thèmes devenant plus précis et enrichissant. Les différents aspects de l'histoire sont repris, événements, vie quotidienne, art, symboles, institutions, archéologie, par un large éventail d'historiens spécialistes du Xe siècle. De larges fresques éclairent ainsi la mémoire des Français sans toutefois susciter de nouvelles recherches sur l'ensemble de la dynastie : l'année 1987 est celle d'une synthèse plus interprétative qu'analytique.
Ainsi l'aube de cette longue dynastie, fertile en règnes sur lesquels l'imagerie populaire a brossé de puissants poncifs, le roi Hugues, empreint d'incertitudes et de légendes, n'avait guère jusqu'à présent retenu l'attention qu'en tant que fondateur. Ce Xe siècle reste sans doute un des moins bien connus de l'histoire de France. L'abondance des manifestations du souvenir en cette année 1987 est saisissante : quatre-vingts pour la seule Picardie. Ces manifestations du "millénaire capétien" trouvent un véritable écho populaire et suscitent un véritable engouement dans lequel de nombreuses associations d'histoire vivante et de fêtes médiévales furent créées renouant ainsi avec une certaine évocation du Moyen Âge au sens large et un nouvel engouement pour le patrimoine médiéval picard.