Le carnaval gascon de Pavie
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Dans ce reportage consacré au carnaval gascon de Pavie, le professeur Xavier Ravier revient sur l’origine de cette fête. Interrogé sur le symbole de la corne, il explique le lien entre ce carnaval et une autre manifestation populaire, le charivari, qui vise à sanctionner à travers des chahuts nocturnes des veufs qui se remarient avec de jeunes filles.
Date de publication du document :
14 sept. 2021
Date de diffusion :
20 févr. 1982
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Contexte historique
ParAgrégé de lettres
Publication : 14 sept. 2021
Pavie est une ancienne bastide du Gers, aujourd’hui un village de 2 000 habitants qui fait partie de la communauté de communes du Grand Auch-Cœur de Gascogne. Elle est située sur le Gers, rivière d’où le département tire son nom et jouxte le chef-lieu. Le carnaval y a été longtemps vivant et, chaque année, le jour du mardi-gras, de nombreux Auscitains répondaient à l’invitation de leurs voisins et venaient faire la fête et manger des crêpes. L’Ensemble populaire de Gascogne, que nous voyons ici danser le rondeau en costume traditionnel, s’est attaché à faire revivre cette tradition.
En 1982, pour donner du sens à ces festivités, ce groupe d’art et traditions populaires invite Xavier Ravier qui, en quelques phrases, explique ici en quoi consistait la tradition carnavalesque du charivari. Ce professeur d’université aux multiples centres d’intérêt liés à l’occitan, linguiste et romaniste éclectique, multiplie alors les travaux en dialectologie, philologie, onomastique, folklore. Né en 1930 à Ladevèze-Rivière, au sud du département du Gers, au centre géométrique de la Gascogne
, il est décédé en 2020.
Le temps du carnaval s’achevait le mardi-gras, veille du mercredi des cendres qui marque l’entrée dans le carême, période de jeûne préparant à Pâques. Le lendemain de mardi-gras, en effet, on récurait soigneusement tous les ustensiles de cuisine pour en ôter toute trace de gras. Avant les quarante jours de pénitence, le mardi-gras était donc un jour de ripaille, de déguisement, d’outrance et de transgression.
Un moment particulièrement attendu était le jugement de Carnaval, représenté par un personnage grimé et déguisé. L’accusé faisait l’objet d’un long réquisitoire où le procureur lui reprochait tous les malheurs domestiques et publics, vrais ou supposés, subis par la communauté : les gelées tardives, la mortalité des volailles, les inconduites conjugales… tout était prétexte à l’accabler. Après une vaine plaidoirie par un avocat qui n’en pouvait plus, il était condamné, et un pantin bourré de paille et farci de pétards était brûlé illico sur un bûcher au milieu de la liesse populaire
À l’origine, le charivari – lo calhavari en gascon – était un chahut stigmatisant un veuf qui « convolait », se remariait avec une jeune femme. Plus grande était la différence d’âge entre les époux et plus court le temps écoulé depuis la mort de la précédente épouse, plus forte était la réprobation. On considérait que le veuf qui se remariait prélevait indûment sa seconde épouse parmi les filles à marier destinées aux jeunes gens de la même classe d’âge. Cela était très mal vu à une époque où les veufs étaient nombreux par suite des nombreux décès de femmes en couches.
La sanction immédiate la plus fréquente était le tumulte que les jeunes gens venaient faire sous les fenêtres du couple, le soir des noces, à grand renfort de chansons composées parfois pour la circonstance, de cris d’animaux et de huées, de bruits divers avec des instruments plus bruyants qu’harmonieux tels que la totora, une trompe rustique, et le brama-topin servant à émettre des beuglements grâce à une peau tendue sur une poterie. Divers ustensiles de cuisine métalliques participaient aussi au concert.
Les charivaris étaient interdits car ils étaient aussi des exutoires à la contestation sociale. On menaçait de prison ceux qui se livreraient à ce désordre digne des anciens sauvages du pays et l’on trouve, dans les archives judiciaires du Gers, la trace d’anciens procès intentés par les couples assiégés.
Relevaient aussi de ces pratiques carnavalesques la mongetada, jonchée de haricots joignant les demeures des personnes adultères. L’humiliation, suprême en des temps plus anciens, était l’asoada : quand l’épouse était réputée faire la loi, on promenait le couple sur un âne, la femme assise devant sur l’encolure et le mari derrière empoignant l’âne par la queue. Humiliation disparue au début du XIXe siècle.
Bibliographie
- Xavier Ravier, Poèmes chantés des Pyrénées gasconnes, CNRS éditions, 1978.
- Xavier Ravier, Le récit mythologique en Haute-Bigorre, CNRS éditions, 1986.
- Arch. dép. du Gers, série B, archives judiciaires prérévolutionnaires.
Transcription
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