La messe des fantômes
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Résumé
À la fin du XIXe siècle, Jean-François Bladé recueillit et transcrivit la tradition orale gasconne. Un siècle plus tard, son compatriote Jean-Claude Pertuzé a voulu prolonger cette tradition au moyen de la bande dessinée. Ce reportage nous convie à un voyage à travers cet univers fantastique et nous propose, à travers la voix d’une vieille femme, d’écouter le récit en gascon d’un de ces contes.
Date de publication du document :
14 sept. 2021
Date de diffusion :
16 mars 1979
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Contexte historique
ParAgrégé de lettres
Publication : 14 sept. 2021
Jean-François Bladé, né à Lectoure en 1827 et mort à Paris en 1903, fils de notaire, fit des études de droit. Il « monta » à la capitale où il connut Baudelaire et se tailla une réputation de joyeux drille et de conteur passionnant. Rentré au pays, à Lectoure puis à Agen, il se rangea et fut successivement avocat, puis juge, mais resta amateur de canulars. Il se passionna pour l’histoire ancienne et médiévale, déchiffrant les chartes et recherchant la polémique mais fut surtout un « folkloriste » éminent avant que le mot fût entré dans la langue française, recueillant la littérature populaire en gascon sous toutes ses formes. À la fin de sa vie, il encouragea et « parraina » Fernand Sarrant, le « Cascaròt », créateur de l’Armanac de la Gasconh.
Assez vite, ses recherches historiques furent contestées et on ne s’y réfère plus aujourd’hui. Pourtant, le travail de collectage qu’il mena dans le Gers et l’Agenais dans la seconde moitié du XIXe siècle constitue une somme considérable de proverbes, devinettes, chansons et surtout contes traditionnels qui font de lui un auteur reconnu et toujours admiré.
Il publia un recueil de proverbes et devinettes en 1879, suivi, en 1886, d’un répertoire considérable de chants traditionnels, classés selon leur forme et leur thème, qu’il intitula Poésies populaires de la Gascogne. Suivit, la même année, son œuvre majeure, les Contes populaires de la Gascogne, en français.
On se doute que les moyens de collectage n’étaient pas ceux d’aujourd’hui mais, sans recourir à un verbatim illisible et inaudible, Bladé a toujours mis en avant sa fidélité aux récits qu’il recueillait. Je suis bon témoin. J’écoute et je redis les vieilles chansons, les légendes d’autrefois
[1]. Robert Lafont et Christian Anatole, dans la Nouvelle histoire de la littérature occitane, saluent son travail : Il a fondu, dramatisé, patiné de son art de la prose les contes populaires
.
C’est d’ailleurs la qualité de sa prose et l’intérêt jamais démenti des histoires qu’il rapportait en scribe intègre et pieux, qui fait qu’elles tiennent en haleine, encore de nos jours, lecteurs et auditeurs, petits et grands. On notera que Bladé, témoignant respect et reconnaissance aux hommes et aux femmes qui lui confiaient leurs trésors de mémoire transmis depuis des générations, tenait à citer les noms de ses informateurs et le lieu où ils demeuraient.
Nombre d’auteurs de son époque ont au contraire cru bien faire d’adapter, enrichir les contes et les ont parfois gravement dénaturés. On peut d’ailleurs signaler que la version française de ce conte a été reprise, sous le titre La messe des ombres, par Anatole France, qui l’a surchargée d’effets littéraires maniérés, qui font apprécier par contraste la sobriété du texte originel de Bladé.
Ces contes gascons ne pouvaient que séduire un dessinateur du siècle suivant, compatriote lectourois de Jean-François Bladé, Jean-Claude Pertuzé (1949-2020), qui, parmi tous les contes classés par Bladé en Traditions gréco-latines, Châtiments et vengeances, Les belles persécutées et Les aventures périlleuses, choisit d’illustrer les contes fantastiques, qualifiés de contes « noirs » qui se prêtaient admirablement à son graphisme. Cela aboutit à un album publié, après souscription, en 1977, à l’occasion de la « Semaine Bladé », avec un disque de musique traditionnelle intitulé Trésors gascons. L’un de ces contes, La Messa de las Hantaumas, La messe des fantômes, a été filmé dans le lieu même où se déroule son action, la cathédrale de Lectoure.
Dans un autre style autant apprécié, Jean-Claude Pertuzé a publié Les Chants de Pyrène, quatre albums de bande-dessinée consacrés à la mythologie des Pyrénées, d’un bout à l’autre de la chaîne, et sa muse gasconne pouvait aussi se faire gauloise dans d’autres albums.
[1] Jean-François Bladé, « Préface », Contes populaires de la Gascogne, Maisonneuve frères et Ch. Leclerc, 1886, tome 1 (p. i-l).
Bibliographie
- Jean-François Bladé, Proverbes et devinettes populaires recueillis dans l’Armagnac et l’Agenais, Paris, Champion, 1879 ; réimpression : Marseille, Laffite reprints, 1976.
- Jean-François Bladé, Contes populaires de la Gascogne, Paris, Maisonneuve, 1886. Réédition à l’identique, 1967, 3 vol.
- Joan-Francés Bladèr, Contes de Gasconha, Lavit-de-Lomagne, Prumèra causida, Lo libre occitan, 1966.
- Contes de Gascogne d’après J-F. Bladé, auto-édition, 1977 ; 2e édition : Les Humanoïdes Associés, 1980 ; 3e édition : Loubatières, 2000.
- Joan-Francés Bladèr, Contes de Gasconha, Prumèra garba, Contes epics, IEO, 1978.
- Joan-Francés Bladèr, Contes de Gasconha, Segonda garba, Contes mistics, IEO, 1985.
- Joan-Francés Bladèr, Contes de Gasconha, Darrèra garba, IEO, 1990.
- Jean-Claude Ulian, Jean-Claude Pertuzé, Jean-Claude Bourgeat Sur les pas de Bladé, Arphivolis, 2008.
- Jean-Claude Pertuzé, Les Chants de Pyrène, éd. Loubatières, 1981-1984, 4 vol. Réédition intégrale : 2003.
- Jean-Claude Pertuzé, Galipettes, éd. Loubatières, 1985, 3 vol.
Transcription
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