Le circuit Nogaro fête ses cinquante ans

En 1930, Jean Armagnac, huissier de justice à Nogaro, crée l’Aéroclub de la même ville, grâce à l’acquisition de parcelles de terre par la mairie.

Au début des années 1950, son fils unique, Paul, s’intéresse aux voitures. Alors jeune marié et jeune papa, il embrasse lui aussi la carrière d’huissier de justice à Riscle. Il fait la connaissance de Robert Castagnon, négociant en armagnac, lui aussi amoureux des voitures.

Paul commence à participer à quelques rallyes régionaux au volant de sa Simca Aronde, marque à succès de l’époque déclinée en différentes versions. Aidé par l’Agence Simca d’Eauze des frères Fourteau, il connaît vite le succès.

Avec Robert Castagnon, Paul Armagnac crée l’écurie Armagnac à Nogaro. Cette dernière organise en 1953 le premier Rallye de l’Armagnac, une des plus grandes épreuves nationale qui traverse le pays. Une étape a lieu bien sûr à Nogaro et les voitures de compétition empruntent un circuit improvisé dans la ville. Pour des raisons de sécurité, la fédération du sport automobile interdira de poursuivre cette épreuve en ville.

Les succès nationaux de Paul Armagnac lui permettent d’intégrer en 1954 la plus grande écurie de voitures de compétition française de l’époque : D.B (Deutsch – Bonnet). Paul Armagnac remporte vite des succès sur ces D.B aux couleurs « Bleu de France » tant en France qu’à l’étranger avec le Tourist Trophy (Irlande) à deux reprises, le Nürburgring (Allemagne), les 12 heures de Sebring (Floride) à deux reprises, etc…

L’écurie Armagnac est ambitieuse, les deux compères souhaitent pérenniser leur rallye de l’Armagnac. Il ne leur reste qu’une solution : créer un circuit fermé. Paul sollicite l’Aéroclub, alors géré par son père, pour qu’il cède à l’ «Association automobile de l’Armagnac », fraîchement créée, une partie du terrain d’aviation non utilisée. Ainsi le 2 octobre 1960, le circuit de Nogaro est inauguré avec son premier tracé de 1 732 mètres qui s’inspire de celui de Sebring. Le circuit de Nogaro fut le premier circuit automobile français permanent. Robert Castagnon donna le nom de son ami Paul Armagnac au circuit en 1963, suite au décès du pilote le 22 octobre 1962 à Montlhéry, lors des 1 000 km de Paris.

La première épreuve disputée dès 1960 fut celle du « Grand Prix de Nogaro ». Elle se déroule encore chaque année en septembre/octobre avec des championnats différents selon les années : Formule 2, Formule 3, Formule 3000, grand tourisme et dernièrement des véhicules historiques au travers de l'Historic Tour.
En 1968, la Coupe de Pâques est créée. Plusieurs pilotes célèbres comme Jean-Pierre Jaussaud, Alain Prost, Jean Alesi ou Sébastien Loeb ont participé à cette compétition.
À partir de 1974, l’usage du circuit se diversifie en accueillant le « Criterium des As » qui voit s’affronter les meilleurs cyclistes mondiaux : Eddy Merckx, Freddy Maertens, Raymond Poulidor, Luis Ocaña.

Les premières compétitions internationales de moto sont organisées en 1976. En avril 1981, le circuit accueille la toute première épreuve du Championnat de France Superbike alors que la première compétition de camion intervient en 1994.

La gestion du circuit fut assurée par l’association automobile de l’Armagnac présidée par Robert Castagnon jusqu’en 1968. À cette date, le circuit doit être mis en conformité par des travaux d’envergure. L’association n’ayant pas les moyens financiers nécessaires, elle cède la propriété du circuit au Département du Gers mais reste gestionnaire. En 1971, André Diviès prend la tête de l’association. Vingt ans plus tard, est créée la société d'économie mixte Paul-Armagnac (SEMPA) qui gère encore aujourd'hui le circuit avec le Département du Gers. André Diviès a assumé le poste de directeur général de cette société jusqu’en 2011, date à laquelle la fonction est passée à sa fille, Caroline.

Le circuit mesure aujourd’hui 3 636 mètres de long. Il compte 26 stands et accueille environ 200 000 visiteurs par an, ce qui en fait le 3e circuit de France. Il fait partie de l’association des grands circuits de France aux côtés de cinq autres : Prenois, Le Mans, Magny-Cours, le Castellet et le Val de Vienne.

André Diviès et Bernard Le Soulan, Si Nogaro m'était conté, Circuit Paul-Armagnac, SEMPA, 1er trimestre 2001, 163 p.

Robert Castagnon, « Nogaro 1952-2002 », Gascogne la Talanquère, no 76,‎ 2002, p. 51-65.

Découvrez l’histoire et la carrière du pilote Paul Armagnac sur : www.paul-armagnac.fr