Découverte d'une grotte avec des peintures rupestres à Vallon Pont d'Arc
Notice
Reportage sur la découverte de la grotte Chauvet à Vallon Pont d'Arc et de ses peintures rupestres. L'étude de ce trésor par des archéologues permettra de compléter nos connaissances sur l'art pariétal.
Éclairage
Ce site a été découvert le dimanche 18 décembre 1994. Il porte le nom de Jean-Marie Chauvet, son principal inventeur. Ce spéléologue amateur, grand connaisseur des grottes de l'Ardèche, a senti un souffle sortir d'un trou de la falaise surplombant l'ancien lit de l'Ardèche. En compagnie de ses deux amis Éliette Brunel et Christian Hillaire, il dégage l'entrée de cette grotte, l'explore et repère les peintures rupestres. Conscient de l'importance de cette découverte, il prend les premières mesures de préservation et de sécurisation avant de prévenir les autorités. Une controverse juridique, concernant l'expropriation des propriétaires et les droits des images, retarde durant trois ans l'étude scientifique, qui commence réellement en 1998. L'accès est interdit au public et le restera probablement toujours. Les scientifiques chargés de son étude respectent eux-mêmes des consignes très strictes afin que les conditions atmosphériques ne dénaturent pas les peintures. En 2014, un centre de découverte et un fac-similé de la grotte permettront aux visiteurs de prendre connaissance de ce témoignage dont l'importance surpasse sans doute celle de la grotte de Lascaux. Classée monument historique, ce site fait l'objet d'une demande d'inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Cave of Forgotten Dreams *, un film documentaire en 3D réalisé en 2010 par Werner Herzog contribue à la faire connaître au grand public.
Le sol de la grotte est jonché d'ossements d'animaux, d'ours en particulier. Deux empreintes de pied humain, appartenant probablement à un enfant, ont été relevées de même que celles de pattes d'ours et de loups. Des vestiges de foyers témoignent d'activités humaines. Les peintures sont disséminées sur toutes les parois de la grotte, mais les représentations les plus intéressantes et les plus spectaculaires sont situées au fond de la cavité qui mesure environ 140 mètres de long. La datation radiocarbone, parfois contestée, établit un âge de 32000 ans. Il s'agirait donc des peintures pariétales les plus anciennes que l'on connaisse, beaucoup plus que celles de la grotte de Lascaux (environ 18 000 ans). Cette grotte appartient à la période du Paléolithique supérieur et à la culture aurignacienne (37 000 à 28 000 AEC).
Les représentations sont constituées de dessins noirs et rouges. Des mains négatives et des ponctuations de mains sont moins nombreuses que les représentations d'animaux, au nombre de 447. Il s'agit d'ours, de chevaux, de rhinocéros, de bisons, de mammouths, de rennes, d'un hibou et de félins. Les plus grandes atteignent un mètre de long. Certaines d'entre elles, très maîtrisées, semblent avoir été réalisées par la même personne. Le plus souvent isolées, elles sont parfois organisées en vastes compositions. La plus impressionnante montre des félins pourchassant un troupeau de bisons.
Le relief très accidenté de la surface des parois de la grotte a été mis à profit pour renforcer les effets de volume. Les traits ont été réalisés avec de la terre rouge ou du charbon de bois noir. Ils ont été parfois estompés en frottant avec un doigt afin de donner des indications de modelé. Au cours de cette opération, l'argile de la roche se mélange aux pigments de carbone pour les diluer. Les contours principaux des figures sont parfois gravés dans la roche. Un hibou est dessiné au doigt dans l'argile plastique d'une paroi. Un fragment de représentation montre une vulve qui rappelle les Vénus sculptées de la même période. Au dessus d'elle apparaît un hybride homme-bison. L'hypothèse d'un lieu de culte consacré à des pratiques de type chamanique n'est pas exclue.
* La grotte des rêves perdus
Voir le site du Ministère de la Culture et de la Communication pour plus d'information sur la grotte.