Notre-Dame de la Gorge et le style baroque en Savoie

14 août 1991
01m 43s
Réf. 00074

Notice

Résumé :

A la veille du pèlerinage de la fête de l'assomption, l'abbé Lacombe présente la chapelle Notre-Dame de la Gorge. La décoration est typique du style baroque savoyard.

Date de diffusion :
14 août 1991
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Le Journal télévisé régional profite de la fête catholique du 15 août consacrée depuis 1950 à l'assomption de la vierge. Selon le dogme catholique, l'assomption, et non ascension (monter), signifie que Marie fut enlevée au ciel, en corps et en âme, en vertu d'un privilège particulier qui lui permit d'entrer dans l'éternité auprès de Dieu. Si la proclamation du dogme est récente, la fête et très ancienne et la dévotion très importante parmi les fidèles. Elle explique la construction de nombreuses églises et chapelles dédiées à l'Assomption ou dans lesquelles l'assomption est mise en évidence comme à Notre-Dame de la Gorge. Elle explique la tradition d'y venir en pèlerinage le 15 août.

Mais l'annonce de ce pèlerinage est avant tout ici prétexte à mettre en valeur l'important patrimoine religieux des zones montagneuses de la Savoie (Maurienne) et de la Haute-Savoie, longtemps occulté par le succès des stations de ski. L'abbé Lacombe sert de guide pour le téléspectateur et indirectement il se fait promoteur d'un tourisme religieux et culturel.

Implantée sur la commune de Contamines-Montjoie, dédiée l'hiver au ski de fond, la chapelle Notre-Dame de la Gorge est un bon exemple de ces ressources. Située à l'extrémité des routes carrossables, elle constitue l'été un point de départ pour les randonneurs au point que des aménagements variés y seront réalisés les années suivantes. Pour l'heure le reportage attire l'attention sur l'intérêt du baroque savoyard et haut-savoyard, moins pour son architecture que pour la décoration et l'ameublement intérieur. La richesse des autels, des retables et des sculptures où les dorures abondent est inattendue dans un pays autrefois très rude et pauvre. Elle manifeste la piété de ces populations montagnardes, l'importance d'un clergé décidé à enseigner par l'image le programme catéchétique défini au concile de Trente (XVIe s.) et l'influence de l'Italie toute proche dont proviennent beaucoup de « gens de métiers », maîtres-maçons, peintres et sculpteurs.

La chapelle Notre-Dame de la Gorge offre une architecture extérieure classique et sobre dans la région avec un clocher à bulbe. A l'intérieur la décoration est au contraire très riche. Un autel sculpté est l'occasion de transmettre la croyance dans le purgatoire En haut du retable, meuble peint et sculpté situé au-dessus de l'autel, œuvre du XVIIIe s. siège une Vierge en gloire (en assomption) avec à gauche Dieu le Père, à droite le fils, au-dessus la colombe du Saint Esprit. Une statue de Saint-François de Sales (1567-1622) contribue à la dévotion pour ce saint de Haute-Savoie, écrivain célèbre pour ses écrits spirituels, théologien et mystique, qui consacra une partie de vie à ramener la région du Chablais au catholicisme avant de devenir évêque de Genève.

Encore balbutiant en 1991, cet intérêt pour le baroque ne cessera de croître après les Jeux olympiques d'hiver d'Albertville (1992) qui poussent les élus locaux à capitaliser les investissements réalisés par l'essor de nouvelles activités. Revers de la médaille, il oblige à une vigilance supplémentaire pour prévenir les vols. L'ouverture à partir de 1992 de chemins du baroque (chemins pédestres évidemment et d'accès facile), comme celui qui mène de Combloux aux Comtamines-Montjoie, est la traduction de cette politique culturelle locale.

Bibliographie :

- Anne et Fabian Da Costa, Eglises et retables baroques de Haute-Savoie, Châtillon-sur-Chalaronne, La Taillanderie, 2002.

Claude Prudhomme

Transcription

Journaliste
Nichée dans un écrin de verdure, une chapelle, Notre Dame de la Gorge. Le départ du tour du Mont-Blanc. Un lieu qui connaît de nombreux passages depuis près de 10 siècles maintenant. Colporteurs et muletiers ont trouvé ici le gîte, le couvert et à partir du 14e, cette chapelle pour s’y recueillir. Restaurée au 18e, elle doit à cette époque ses couleurs vives et les trésors qu’elle recèle.
Inconnu
La maçonnerie n’a pas grand intérêt. L’intérêt, c’est la décoration. Partout, on désirait avoir de la splendeur, avoir de la dorure. Et il y avait un certain nombre de retables; alors celui du fond représente la Vierge en splendeur, Notre-Dame de l’Assomption. Alors, à côté de ce maître-autel, il y avait à gauche l’autel des âmes du purgatoire avec ses hauts reliefs, qui est intact, les anges gardiens contrôlant les âmes du purgatoire. Alors, celle de Saint François de Sales, elle a été retrouvée au grenier. Ce n’est pas un chef d’œuvre mais comme l’iconographie de Saint François de Sales est assez simple, elle a un intérêt voilà. Il y avait trois sculpteurs pour chaque statue. L’un faisait la tête, l’autre s'occupait des draperies, et un troisième, un novice ou quelqu'un qui n’était pas habile, qui faisait les mains et les pieds.
Journaliste
Longtemps, un lieu de pèlerinage, notre Dame de la Gorge accueille encore les fidèles tous les 15 août et les 8 septembre.