Le retour des prisonniers à Roanne
Notice
Un convoi de prisonniers est arrivé à Roanne. Libérés à l'initiative d'Hitler, ils ont été accueillis par le maréchal Pétain.
- Rhône-Alpes > Loire > Roanne
Éclairage
Déclenchée le 10 mai 1940, l'offensive allemande s'achève après l'armistice demandé le 17 juin par le maréchal Pétain, alors chef du gouvernement, mais signé seulement le 22 juin ce qui permet à l'armée allemande de capturer plus d'un million et demi de prisonniers de guerre (dont plus de 69 000 prisonniers « indigènes », essentiellement nord-africains), envoyés dans des camps (Stalags, Oflags, Kommandos) en Allemagne.
Le 10 juillet 1940, le maréchal Pétain obtient de la majorité des parlementaires des deux assemblées, les pleins pouvoirs et s'auto-proclame, dès le lendemain chef de l'État français. Il engage une politique de collaboration active avec l'Allemagne nazie, affirmant pouvoir en tirer des avantages immédiats pour les prisonniers de guerre. Après la défaite française, Pétain pense que la guerre est définitivement perdue au profit du Reich et qu'un traité de paix contribuerait au retour des prisonniers dans leurs foyers. Le choix de Georges Scapini, le 20 août 1940, comme ambassadeur de Vichy chargé des prisonniers de guerre ne relève pas seulement de sa qualité de mutilé de la Première Guerre mondiale. Reçu par Hitler, Scapini avait été l'un des fondateurs du comité France-Allemagne, qui prônait avant la Seconde Guerre mondiale la collaboration avec l'Allemagne. Seul service habilité pour négocier avec le gouvernement allemand toutes les questions touchant les prisonniers de guerre, le Service diplomatique des prisonniers de guerre (SDPG) se vit confier les attributions de la sous-commission des prisonniers de guerre de la délégation française auprès de la Commission allemande d'armistice, dissoute dès le 31 janvier 1941.
À côté de ces deux administrations, le Commissariat général aux prisonniers de guerre rapatriés et aux familles de prisonniers de guerre était chargé d'apporter une aide matérielle et morale. Établi par une loi du 14 octobre 1941, ce commissariat se consacre surtout à la réinsertion des prisonniers rapatriés, avec l'ouverture d'une « Maison du prisonnier » dans chaque département et près de 2700 centres d'entraide à l'échelon local, essentiellement en zone occupée. Son action civique et sociale était entièrement placée sous le patronage de la Révolution Nationale.
Dans un véritable document de propagande en faveur du régime de Vichy et de la collaboration avec l'Allemagne nazie, les Actualités cinématographiques mettent en scène le retour émouvant de prisonniers de guerre et de leur arrivée en train dans la gare de Roanne le 1er août 1941. Les prisonniers sont accueillis par les drapeaux français, la musique militaire et le maréchal Pétain en personne qui remercie dans son discours Hitler : la cérémonie entretient l'illusion que la souveraineté française est, à cette date, intacte.