Jean Auroux à Roanne
Notice
La crise du textile a touché Roanne. Jean Auroux, actuel maire de Roanne et ministre du Travail pense que seule la gauche s'intéresse aux problèmes de l'emploi. Il se re-présente aux municipales.
- Rhône-Alpes > Loire > Roanne
Éclairage
Ce reportage, réalisé à l'occasion des élections municipales de 1983, est l'occasion, pour les journalistes d'Antenne 2, de présenter la bataille que mènent, pour la conquête de Roanne (ville alors particulièrement touchée par la crise économique) le maire sortant Jean Auroux et le candidat de l'opposition : le RPR Jean-Jacques Brossard.
Jean Auroux est né à Thizy (Rhône) en 1942. Professeur dans l'enseignement technique, il entre en politique au début des années 1970 en intégrant le CERES (Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste) de Jean-Pierre Chevènement. A la suite du congrès d'Epinay (1971), il adhère au parti socialiste. C'est sous cette étiquette qu'il se fait élire conseiller général en 1976 (il le restera jusqu'en 1988). L'année suivante, il ravit la mairie de Roanne au sortant de centre-droit Paul Pillet (Jean Auroux restera à la tête de la ville jusqu'en 2001). Puis, en 1978, il est élu député de la Loire (poste qu'il occupera jusqu'en 1981 puis de 1986 à 1993).
Son ascension politique ne passe pas inaperçue. François Mitterrand le repère, l'intègre à son équipe de conseillers de campagne et, après la victoire à l'élection Présidentielle de 1981, il fait de Jean Auroux son ministre du Travail. Le nom du maire de Roanne reste d'ailleurs associé aux « lois Auroux » promulguées en 1982. Celles-ci s'inspirent du rapport que le nouveau ministre du Travail remet au président de la République et au Premier ministre en septembre 1981 et qui souhaite que les travailleurs deviennent des « citoyens à part entière dans l'entreprise ». Pour ce faire, les lois Auroux reconnaissent au travailleur la libre expression sur ses conditions de travail, une extension du rôle et des moyens du comité d'entreprise, une plus grande protection des représentants du personnel, la mise en place d'une obligation de négociation annuelle dans l'entreprise sur les salaires, la durée et l'organisation du travail et la création du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) qui souhaite prévenir globalement les risques professionnels. Ces lois complètent alors les mesures très favorables envers les travailleurs prises par la gauche au début du premier septennat de François Mitterrand : retraite à 60 ans, une cinquième semaine de congés payés, le passage de 40 à 39 heures travaillées par semaine...
Quelques mois plus tard, Jean Auroux devient ministre délégué aux Affaires sociales, chargé du Travail (de 1982 à 1983) puis secrétaire d'État chargé de l'Énergie (de 1983 à 1984) avant d'être secrétaire d'État chargé des Transports (de 1984 à 1985) et enfin ministre de l'Urbanisme, du Logement et des Transports (de 1985 à 1986).
Au niveau local, Jean Auroux a vu les Roannais lui manifester leur confiance à de nombreuses reprises comme en attestent ses réélections au poste de maire en 1983, 1989 et 1995. Il a cependant dirigé la municipalité au moment où Roanne a été le plus durement touchée par la crise. La ville, peuplée de 55 000 habitants en 1975 (chiffre le plus haut de son histoire), est tombée à 39 000 en 1999 et même à 35 000 en 2007. Cette baisse, si elle peut s'expliquer en partie par un gain démographique de certaines communes de banlieue, s'explique surtout par les conséquences de la crise multiforme qui a touché la ville à partir des années 1970. Ainsi, pour les seules années 1980, la ville de Roanne a perdu près de 7 000 emplois. Il est vrai que les grandes restructurations industrielles étaient engagées avant l'arrivée de Jean Auroux à la tête de la municipalité : dans le domaine du textile, les ARCT (Ateliers Roannais de Construction Textile, spécialisés dans les machines textiles) et Rhône-Poulenc-Textiles (tissage) étaient déjà en plein marasme, comme le rappelle le reportage. Dans les années 1970 et 1980, l'Arsenal (devenu GIAT puis GIAT Industries et dont les activités restantes sont depuis 2006 au sein du groupe Nexter), autre gros employeur de la ville, a été à son tour touché du fait de la redéfinition de la politique d'armement française. Si l'énergie et les appuis gouvernementaux du maire ont pu, peut-être, éviter à la crise d'être encore plus sévère à Roanne (classement en pôle de conversion en 1984, développement de pôles technologiques autour de la productique et de l'agroalimentaire), il n'a cependant pas réussi à faire évoluer notablement la question du désenclavement.
Battu aux élections municipales de 2001, Jean Auroux s'est retiré de la vie politique à la fin de son mandat de conseiller municipal. Par ailleurs, il a été déclaré coupable de « prise illégale d'intérêt » par le tribunal correctionnel de Lyon en 2011. La sanction fait référence à un contrat signé en janvier 2001, quand il était maire, avec Arcadia, une association d'aide aux personnes âgées qu'il présidait. Cependant, reconnaissant qu'il n'y avait pas eu d'enrichissement personnel, le tribunal n'a condamné Jean Auroux à aucune peine.