Les marionnettes d'Émilie Valantin
Notice
Dans le cadre du festival d'Avignon, Emilie Valantin présente ses marionnettes dans un jardin de la ville. Dans le spectacle présenté, elle travaille avec des marionnettes à gaines, difficiles à manier car elles ne permettent que peu de gestes.
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Éclairage
En ce 24 juillet 1995, le 19/20 de France 3 braque ses projecteurs sur la marionnettiste Émilie Valantin qui présente, dans la cité des Papes, son nouveau spectacle Castelets en jardins, une suite de saynètes dont les textes sont signés, entre autres, Heiner Muller et Jean de La Fontaine. C'est la toute première fois que cette forme de spectacle vivant fait son apparition dans la programmation officielle, le in, du festival d'Avignon. Un autre spectacle, d'ailleurs, créé par la compagnie d'Émilie Valantin, J'ai gêné et je gênerai, est également présenté cette année-là dans la chapelle des Pénitents blancs.
Avant de fonder le théâtre du Fust à Montélimar en 1975, Émilie Valantin a fait ses classes à Lyon, la ville qui a vu naître Guignol à la fin du XIXe siècle : une marionnette à gaine avec laquelle son créateur, Laurent Mourguet, fait œuvre de satire sociale, dénonçant les injustices que subissent les humbles.
Émilie Valantin a toujours eu des marionnettes en main. Son père ébéniste, qui avait pour voisin le dernier sculpteur de marionnettes sur bois, lui avait construit un castelet et elle fréquentait, comme tous les petits Lyonnais, les spectacles de Guignol... Mais pour faire plaisir à ce père anarchiste qui « en a tellement bavé », elle choisit la voie de l'enseignement, avant d'y renoncer seulement sept ans plus tard. Elle sera comédienne manipulatrice, comme elle aime à se définir. Elle suit une formation dans la cité des Gaules auprès de Mireille Antoine et de Robert Bordenave, puis, en 1975, fonde le théâtre du Fust, avec Nathalie Roques à Montélimar. Une ville « où il y avait un appétit de culture des milieux associatifs et enseignants, des militants du PC ». Le Théâtre du Fust devient compagnie théâtrale soutenue par le ministère de la Culture dès 1981.
« La marionnette n'est pas pour les enfants. Quoique... » Pour Émilie Valantin, la marionnette permet de tout raconter, avec de réelles possibilités de second degré et d'ironie. Elle sert des textes exigeants adaptés de La Fontaine, Maeterlinck, Andersen, Calvino, Rostand... , remplit son « devoir d'impertinence ». Toujours avec une grande virtuosité technique, d'autant plus importante à souligner que les contraintes sont nombreuses dans cette forme de spectacle et que l'éventail des gestes est réduit.
Dès ses débuts, la compagnie fabrique elle-même ses propres marionnettes : de tailles différentes, allant de 40 cm à 1,20 m, moulées ou sculptées, en polystyrène, en résine, en papier journal ou même en glace (comme en 1996, dans l'adaptation du Cid réalisée pour le 50e anniversaire du festival d'Avignon)...
Depuis, les marionnettes d'Émilie Valantin sont entrées au répertoire de la Comédie française avec Vie du grand dom Quichotte et du gros Sancho Pança, adapté du texte d'Antonio José da Silva. Une consécration ? En tout cas, la preuve que la marionnette peut faire jeu égal avec les autres arts du spectacle, qu'elle représente une véritable alternative pour le théâtre du XXIe siècle.