Bilan sur le théâtre régional par Marcel Maréchal
Notice
Marcel Maréchal fait un bilan de l'année théâtrale dans la région. C'est une réussite quant à l'augmentation des spectateurs, cependant il s'inquiète des possibilités de suppression des subventions.
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Éclairage
En décembre 1969, après les déclarations du ministère des Affaires culturelles, Edmond Michelet, sur la diminution des subventions aux compagnies théâtrales, Marcel Maréchal fait le bilan non seulement de la fréquentation des théâtres à Lyon et à Grenoble, mais aussi de l'ensemble des activités culturelles (arts plastiques, photographies) sur la place lyonnaise.
Le théâtre avait été largement favorisé et subventionné pendant les « années Malraux » de 1959 à 1969, ceci malgré la diminution des crédits attribués aux Affaires culturelles. En arrivant au ministère, Edmond Michelet répartit entre les différents secteurs un budget en baisse. Le théâtre est donc touché à double titre.
Maréchal s'efforce de faire un bilan quantitatif du public fréquentant le théâtre à Grenoble et dans son théâtre du 8ème à Lyon où il s'était installé en mai 1968. Il s'insurge contre une idée reçue selon laquelle il ne se passerait rien en province et avance de façon paradoxale qu'on pourrait présenter l'agglomération lyonnaise comme la capitale du théâtre. Ceci afin de démontrer qu'on ne peut se contenter de subventionner une seule salle, en l'occurrence le TNP de Villeurbanne.
Marcel Maréchal, né à Lyon en 1937 a consacré sa vie au théâtre. Il fonde à Lyon en 1960 la compagnie des Comédiens du Cothurne et s'installe rue des Marronniers dans la salle de 100 places créée par Planchon qui a rejoint en 1957 le Théâtre de la Cité à Villeurbanne. Maréchal forme ici de jeunes acteurs, tels Pierre Arditi, Catherine Arditi, Marcel Bozonnet, Maurice Bénichou, Bernard Ballet, Jacques Angénio et met en scène un certain nombre d'œuvres classiques et contemporaines. Il fait connaître Jacques Audiberti (création du Cavalier seul en 1963 et de l'Opéra du monde en 1965, La poupée en 1968), Jean Vauthier (création de Badadesques en 1965 et de Capitaine Bada en 1966) et Louis Guilloux (création de Cripure en 1967). En 1967, il organise également le Festival de Sail-sous-Couzan dans la Loire avec un spectacle mémorable, Shakespeare notre contemporain.
Le 10 mai 1968 est inauguré en présence du maire de Lyon, Louis Pradel, le théâtre du 8ème (le maire fait ce jour-là sa seule sortie publique de ce mois très particulier). Marcel Maréchal et sa troupe passent d'un théâtre de 100 places à un théâtre de 1100 places. La première création - La Poupée d'Audiberti, avec Rita Renoir - est un triomphe. Le 8ème devient vite un lieu très vivant où se produisent aussi des artistes aussi divers Mike Jagger, Edouard Pignon, The Who ou les Pink Floyd. Le public répond en masse : 24 000 abonnés en 1969 et 128 000 spectateurs alors que la Compagnie des Alpes, créée depuis une dizaine d'années, a 147 000 spectateurs, avance t-il le 29 décembre 1969 dans le journal télévisé Rhône-Alpes Actualités.
Metteur en scène, directeur de troupe, acteur, Marcel Maréchal met en scène et joue La Moscheta de Ruzzante (en 1968) et La Paix d'Aristophane en 1969.
En 1975 Marcel Maréchal quittera Lyon pour Marseille pendant une quinzaine d'années, puis rejoindra Paris pendant cinq ans. Enfin, il animera jusqu'en 2011 la compagnie itinérante des Tréteaux de France retrouvant ainsi l'âme et la vie de bateleurs des hommes de théâtre.