Jean Bouise au Théâtre de la Cité à Lyon
Notice
La 50ème représentation de la pièce de théâtre "Schweyk" de Bertoldt Brecht a été jouée à Lyon, au Théâtre de la Cité. L'acteur Jean Bouise est heureux du succès de la pièce et en particulier qu'elle se soit déroulée à Lyon.
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Éclairage
Le 19 décembre 1964, le reportage des Actualités ORTF de Rhône-Alpes est diffusé pour célébrer le 50 000e spectateur de la pièce de Bertolt Brecht, Schweyk dans la Seconde Guerre mondiale, pièce écrite lors de l'exil du dramaturge allemand aux États-Unis et mise en scène au théâtre de la Cité à Villeurbanne par Roger Planchon. Artisan de la décentralisation théâtrale, Planchon (1931-2009) a rencontré Bertolt Brecht en 1954. La pièce Schweyk dans la Deuxième Guerre mondiale fut écrite entre 1941 et 1944, avec la collaboration de Hanns Eisler pour la partie musicale. Comme l'indique le titre, Brecht transpose dans son actualité contemporaine (la Tchécoslovaquie occupée par les nazis) les aventures du brave soldat tchèque, héros du roman de 1923 de l'écrivain pragois, Jaroslav Hasek, contemporain de Frank Kafka. Dès 1928, Erwin Piscator avait proposé une adaptation du roman à laquelle collabore Brecht. Ce dernier était fasciné par ce personnage, et considérait le livre de Hasek comme un chef d'œuvre de la littérature mondiale.
C'est en 1957 que Roger Planchon se voit confier le Théâtre de la Cité situé en face de la mairie et des gratte-ciel de Villeurbanne, et sis dans le Palais du Travail, construit en 1931 par le maire socialiste d'alors, le docteur Lazare Goujon. Le bâtiment comporte non seulement une salle de théâtre de plus de 1000 places, mais aussi une piscine, une brasserie, des salles de réunion pour les syndicats, les coopératives et les associations, ainsi qu'une bibliothèque. Roger Planchon obtient pour ses acteurs le statut de troupe permanente en 1959 (le Théâtre de la Cité devient Théâtre national populaire - TNP - en 1972). Depuis 1961, le soldat Schweyk est incarné par Jean Bouise (1929-1989) que l'on voit à l'écran et qui a joué avec Planchon dès ses débuts au théâtre de la Comédie à Lyon. La pièce, reprise pendant plusieurs années, a été aussi présentée au Théâtre des Champs Élysées à Paris, ce dont s'enorgueillit Jean Bouise dans l'interview, tout en célébrant la décentralisation théâtrale. Bouise était le véritable porte-parole du théâtre de la Cité dont il présentait les spectacles aux journalistes comme aux ouvriers devant les usines.
La célébration du 50 000e spectateur donne lieu à une déclaration tonitruante de Roger Planchon dans la presse locale. Il dénonce les mauvaises conditions d'installation des spectateurs qui entendent mal et sont mal assis alors que « les collectivités locales n'ont pas donné suite au projet de construction de la maison de la culture » pourtant financée largement par l'État selon ses dires. La 50e représentation de la pièce au Théâtre de la Cité de Villeurbanne est donc l'occasion d'interviewer, de façon très convenue, un spectateur. Endimanché, crêpe noir de deuil au revers de son costume, accompagné de son épouse (à qui une rose est offerte à cette occasion), le spectateur présenté comme le 50 000e (effet d'annonce plus que réalité statistique) affirme sa passion du théâtre, mais montre aussi que l'on est loin de la population de la cité ouvrière.