L'Apremont : le vin blanc de Savoie
Notice
Le vin blanc Apremont est un vin de Savoie. Les vendanges de l'année 1968 ont été bonnes. Les nouveaux traitements ont contribué à la bonne santé des vignes. De plus, la mécanisation a permis un meilleur rendement.
Éclairage
Tout aurait commencé par un tragique éboulement ! Dans la nuit du 24 au 25 novembre 1248, alors qu'il pleut à torrent depuis plusieurs jours, le flanc nord du mont Granier, situé au croisement de la vallée du Grésivaudan, de la combe de Savoie et de la cluse de Chambéry, s'effondre, ensevelissant plusieurs paroisses, dont celle de Saint-André, siège du décanat de Savoie. On déplore alors, selon les chroniques, plusieurs milliers de victimes.
Du même coup, ce glissement de terrain forme une langue de couches marneuses, de pierraille et de blocs calcaires qui s'étend sur quelque 30 km². L'avalanche s'arrête au pied du village de Myans grâce, dit la légende, à l'intervention miraculeuse de la Vierge noire. La zone d'éboulis prend à juste titre le nom d'Abymes de Myans.
Les terres incultes au pied du Granier sont défrichées dès le XIVe siècle, mais la vigne, qui existe pourtant dès l'époque romaine en Savoie, n'est plantée ici qu'au début du XVIIIe siècle et se développe au début du XIXe. On y produit un vin de « basse qualité », ainsi que le note le négociant en vin et œnologue André Jullien, en 1816, dans la première édition de sa Topographie de tous les vignobles connus. Une piquette qui ne sert qu'à la consommation locale. L'arrivée du phylloxéra en Savoie en 1877 va changer la donne ; les viticulteurs trouvent le salut en greffant des plants américains, plus résistants, sur la traditionnelle jacquère, cépage à la base des vins blancs apremont et abymes. L'Apremont gagne en qualité. Et il le faut, car la concurrence avec les vins du Midi, qui commencent à se répandre sur les tables de France, grâce notamment à l'essor du chemin de fer, est rude.
La première reconnaissance officielle arrive en 1957, quand les vins de Savoie obtiennent l'appellation VDQS. La mode des sports d'hiver leur donne un nouvel essor et un débouché commercial en Savoie, Haute-Savoie et Isère. Pourtant, en 1968, le commentaire du reportage des Hommes de la terre déplore encore que ce « petit blanc qui mérite d'être connu ne [le soit] pas suffisamment ». C'est désormais sur la commercialisation que se penche la coopérative Le Vigneron savoyard, regroupement de huit viticulteurs créée en 1966, pour que les 200 000 bouteilles de vins primeurs produites chaque année, soient diffusées au-delà des frontières régionales et notamment à Lyon et à Paris. Sans céder toutefois au chant des sirènes, en privilégiant une démarche qualitative et non simplement quantitative. Les résultats seront au rendez-vous. En 1973, l'Apremont et l'Abymes obtiennent la prestigieuse appellation d'origine contrôlée (AOC).
Aujourd'hui, le vignoble s'épanouit sur 400 hectares. Il produit, entre les communes d'Apremont, des Marches et de Saint-Baldoph, 24 500 hl / an de vin, soit 28 % des blancs savoyards et demeure le cru le plus important et le plus connu des vins de Savoie. Une histoire à découvrir au musée de la Viticulture, à Saint-André-Les-Marches en Savoie, qui rassemble aussi une collection d'outils et d'ustensiles anciens.