La clairette de Die

03 octobre 1990
02m 17s
Réf. 00133

Notice

Résumé :

La clairette de Die subit la concurrence. La création de nombreux vins pétillants et le manque de communication ne rendent pas sa commercialisation aisée.

Date de diffusion :
03 octobre 1990
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Éclairage

Le reportage commence comme une publicité qui évoquerait le plaisir de boire un vin effervescent de qualité. Le caractère voluptueux de la dégustation est renforcé par la voix qui accompagne la montée des bulles. L'abondance de la mousse fait déborder la flûte, signe de la dimension festive sur laquelle parie la Clairette de Die. Le vin du Diois, est, comme celui du vignoble surburbain de Vienne, réputé depuis l'époque de l'empire romain, mais les prix de la Clairette ne sont pas ceux du Condrieu.

La Clairette de Die est un vin effervescent d'appellation d'origine contrôlée dont un décret du 30 décembre 1942 a défini les cépages autorisés, les communes de l'appellation et la méthode de vinification. Cette méthode dite « méthode dioise ancestrale », souvent appelée « méthode rurale » a fait la réputation de la Clairette dès le XVIIIe siècle. Avec la méthode ancestrale, le vin fermente et devient naturellement pétillant en bouteille, sans aucune adjonction. La première fermentation en cuve est contrôlée et arrêtée avant que tout le sucre ne soit totalement transformé en alcool. La seconde fermentation s'opère en bouteille à partir du sucre résiduel du raisin, sans ajout de liqueur de tirage (levures et sucre) caractéristique de la méthode champenoise. Cette méthode confère au vin des arômes très fruités et un faible titre d'alcool (7 à 8°) mais il ne s'agit pas d'un vin de garde.Trente et une communes, dont Die, sous-préfecture de la Drôme de quelque 4000 habitants en 1990, peuvent produire de la vendange destinée à la production de Clairette de Die. Les terroirs doivent être complantés pour 75% au moins de cépages muscat et le reste ne peut être constitué que de cépages clairette.

Dès les années 1950, plus de 250 viticulteurs du Diois décident de s'associer dans la Coopérative de Die pour favoriser, par leur union, le développement de leur production. Dès les années 1960, un grand dynamisme commercial anime la coopérative et des campagnes de communication sont lancées pour élargir, par le biais de la grande distribution, un produit qui doit partir à la conquête de régions où la Clairette est inconnue.

Au milieu des années 1970 la cave coopérative s'oriente résolument vers des stratégies de marketing avec la création de la marque Clairdie. Cette stratégie est explicitée par le directeur de la cave coopérative qui est interviewé dans le reportage. Selon les mêmes méthodes que celles pratiquées de l'autre côté du Rhône, dans le département de l'Ardèche, les viticulteurs organisent des dégustations gratuites afin de faire connaître l'appellation à un nombre croissant de consommateurs, en ciblant les adeptes d'un tourisme rural, avides de l'authenticité des produits du terroir.

Au moment du reportage, la cave coopérative de Die est le plus gros employeur du Diois et entend demeurer l'expression, avec son vin AOC, de la « noblesse du terroir ». Les viticulteurs vont d'ailleurs obtenir que les mises à jour du décret de 1942 précisent que toute indication susceptible de tromper le consommateur en lui faisant croire qu'un vin pétillant quelconque pourrait être de la Clairette de Die sera poursuivi. La volonté de se protéger contre la concurrence est un des combats des producteurs de Clairette de Die.

Au sein des vins d'appellation d'origine contrôlée qui sont nettement majoritaires en Rhône-Alpes, ceux du Diois représentent 5% de la production, loin derrière les vins du Beaujolais (plus de 50% des vins d'appellation de la région) et ceux des Côtes du Rhône (plus de 30%).

Bibliographie :

- Maud Hirczak, Le co-construction de la qualité agroalimentaire et environnementale dans les stratégies du développement territorial, une analyse à partir des produits de la région Rhône-Alpes, thèse de géographie, Université Joseph Fourier, Grenoble, 2007.

Voir le site de la Clairette de Die.

Jean-Luc Pinol

Transcription

(Bruit)
(Musique)
Journaliste
6 millions de bouteilles, 500 producteurs, 25% du revenu régional, la Clairette de Die fait partie de la dizaine de crus effervescents qui ont une appellation d’origine contrôlée. Mais depuis quelques années, ces crus sont souvent remplacés dans la bouche du consommateur, par des pétillants très éloignés d’une tradition vinicole.
Intervenant
On peut dire que là, en 25 ans à peu près, on a fait beaucoup de chemin puisque qu’aujourd’hui, dans l’univers des grandes marques de vins effervescents en France, en Champagne, on représente 20%. La marque, notre marque principale étant Clairdie avec 20% du marché, disons de la distribution des vins effervescents de marque.
(Musique)
Intervenant
Nous sommes la noblesse du terroir français avec les autres AOC. Notre principale concurrence, ben écoutez, c’est un peu délicat peut-être mais, ça serait surtout peut-être tous ces, tous ces vins à bulles sans origine bien précise et uniquement avec les marques, qui, qui finalement sont, n’ont pas de caractéristiques très précises hormis euh, hormis le nom d’une marque.
Journaliste
A la base de cette concurrence, on trouve souvent une politique de communication. Si l’on connaît la Clairette, on ne connaît pas forcément Die. Un terroir montagneux réparti sur 32 communes, le vignoble couvre 1 200 hectares, les deux tiers en muscat blanc. Dans une région où l’on trouve seulement 6 habitants au km², assurer un revenu suffisant aux producteurs et être présent sur les marchés nationaux ne sont pas des objectifs toujours faciles à atteindre. Malgré la grandeur de son site, Die reste une toute petite ville.
(Musique)