Inondations en Ardèche

23 septembre 1992
01m 26s
Réf. 00335

Notice

Résumé :

Des pluies torrentielles se sont abattues sur le sud est de la France et ont fait d'importants dégâts notamment dans les départements de l'Ardèche de la Drôme. Les arbres ont été déracinés, les maisons inondées et certains bâtiments détruits.

Date de diffusion :
23 septembre 1992
Source :
Antenne 2 (Collection: JA2 20H )
Personnalité(s) :

Éclairage

Le 21 et le 22 septembre 1992, de fortes précipitations orageuses s’abattent sur les reliefs de l’Ardèche et du Vaucluse. Les médias de l’époque ont alors abondamment relaté la catastrophe de Vaison la Romaine où la crue destructrice de l’Ouvèze a entraîné la disparition de 37 personnes et fait d'importants dégâts. Cependant, le département de l’Ardèche a été lui aussi durement touché. 4 personnes ont en effet été emportées par les eaux sur les communes de Lalevade et de Labégude, riveraines de la rivière Ardèche. Les campings de Montpezat-sous-Bauzon et Lalevade ont été emportés, des centres de vacances, un supermarché et une station service ont été détruits, des maisons et magasins ont été inondés. Les fortes précipitations avaient commencé de s’abattre sur les reliefs ardéchois le 21 septembre à 14 heures. L’Ardèche et ses affluents ont alors connu des crues violentes : à Pont de Labeaume (quatre kilomètres en amont de Lalevade), le niveau de la rivière s’est élevé de 7 mètres en quelques heures.Cet événement est symbolique d’un aspect typique du climat méditerranéen : les épisodes cévenols. Il s’agit de pluies intenses qui provoquent des cumuls de pluviométrie de plusieurs centaines de millimètres en quelques heures (300 millimètres se sont abattus sur la région en une journée). Ces épisodes ont lieu le plus souvent en fin d’été ou début d'automne au moment où l’air humide et chaud en provenance de la Méditerranée rencontre de l’air très froid en altitude ce qui entraîne une forte manifestation orageuse. Ces orages butent sur le massif des Cévennes et y déversent une quantité d’eau d’autant plus importante que l’obstacle montagneux maintient l’orage sur place et que les pentes entrainent une concentration du ruissellement dans les vallées. Ce phénomène concerne les départements situés dans les Cévennes et le piémont cévenol : Ardèche, Gard, Lozère. Par extension, ce phénomène peut concerner également les départements de piémont alpin. Ces orages cévenols et leurs conséquences extraordinaires sur les crues des cours d’eau n’étaient pas inconnus dans la région. En 1890, une crue dévastatrice avait fait monter l’eau à 21 mètres au Pont d’Arc (la crue de 1992 n’atteint « que » 9,40 mètres à ce dernier). D’autres épisodes avaient été attestés en septembre 1958 ou en août 1963 (le camping de Tournon avait été inondé, la crue du Doux à Lamastre avait fait 3 morts). Cependant, les crues de 1992 marquent les esprits par leur importance. Tout d’abord parce que leur impact dramatique aurait pu être encore plus fort (les campings sinistrés étaient beaucoup plus occupés deux semaines auparavant, en pleine saison touristique). Ensuite parce que ce type de catastrophe est révélateur d’une implantation progressive des hommes dans le lit majeur de la rivière. Dans ces régions de moyenne montagne, les fonds de vallées ont toujours été le lieu privilégié de l’occupation humaine et de l’implantation des voies de communication. Cependant, l’implantation de zones d’habitations ou d’équipements (qu’ils soient commerciaux ou touristiques comme c’est le cas dans ce reportage) dans le lit majeur de ces cours d’eau a pris une ampleur nouvelle à partir des années 1970-1980.

Nicolas Rocher

Transcription

Présentateur
Et je vous propose précisément de suivre Claude Régent dans un des départements les plus touchés, endeuillé ce soir : l’Ardèche.
Journaliste
Des torrents de boue ont dévalé depuis les collines situées en amont de la rivière Ardèche. Les rues de ce village ont été submergées après des orages d’une intensité inouïe. Les eaux ont tout saccagé sur leur passage. Dans les secteurs les plus touchés de Lalevade et de Labégude. L’Ardèche est sortie de son étroit lit naturel. Les arbres ont été déracinés, les routes provisoirement coupées, les habitations inondées pendant plus de deux heures. Voici ce qui reste d’une station service proche d’un supermarché détruit. Il n’y a plus de terrain de camping, une rescapée s’est sauvée en se hissant sur le toit d’une petite bâtisse.
Edith Fargier
J’ai eu peur tout le long que la maison ne tienne pas. Et puis j’ai regardé derrière, ça faisait un petit lac et il n’y a pas de vague, il n’y avait rien, les vagues elles étaient plus de là-bas. Et j’ai dit c’est bon, je risque plus rien. Mais le pire, où je voulais aller, c’était là en face, j’ai dit il vaut mieux que je me mette là et puis il n’y a plus rien là. Quand je vois ça je suis, c'est là où je suis malheureuse, c’est là... ça me traumatise mais je sens que je vais crier avant l'heure, moi.
Journaliste
Le bilan humain est lourd, les destructions matérielles sont impossibles à chiffrer. La catastrophe absolue a cependant été évitée pour deux raisons : la saison touristique est terminée, la densité de l’habitat est assez faible aux abords immédiats de la rivière.