Tournoi de boules lyonnaises place Bellecour
Notice
Sur la place Bellecour se déroule la finale Excellence du 51ème tournoi bouliste. Pour la première fois, la finale s'est disputée entre deux équipes étrangères : Turin et Gênes. Depuis 4 ans les Italiens se font remarquer dans ce sport.
- Rhône-Alpes > Rhône > Lyon
Éclairage
Le 15 juin 1962, le 51ème tournoi bouliste de la Pentecôte a lieu comme à l'accoutumé depuis plus d'un demi siècle sur la place Bellecour, au cœur de la capitale des Gaules. Les actualités régionales reviennent sur ce temps fort de la vie locale, montrant des spectateurs manifestement connaisseurs dans les tribunes montées pour la circonstance. On observe aussi la présence de personnalités politiques locales, au premier rang desquelles Louis Pradel, maire de Lyon, qui ne saurait manquer ce rendez-vous annuel. Dans la ville, la tradition remonte en effet à 1894 avec l'initiative du Lyon républicain, relayée en 1900 par Le Progrès. Celui-ci lui donne littéralement une place centrale en obtenant de la municipalité que le tournoi se déroule sur la Place Bellecour, dont la qualité du sol est particulièrement appropriée au jeu de boules. Pour les quelques 300 sociétés boulistes du département du Rhône qui pratiquent sur les arrière-cours des cafés et les « clos » le reste du temps, le tournoi de Pentecôte constitue un objectif annuel majeur.
Pourtant, en 1962, le ton du journaliste semble empreint de regret. En effet, si la compétition avait déjà été remportée dans le passé par des équipes étrangères, la finale oppose pour la première fois deux équipes italiennes, l'Italie constituant alors avec la Suisse et la France les nations de référence en matière de boules lyonnaises. Alors que De Gaulle veut faire du sport une vitrine de sa puissance, l'échec des équipes tricolores dans une activité considérée comme de tradition française est vécue comme une déchéance. Mais la nostalgie du journaliste reflète plus généralement le virage que prennent les boules lyonnaises. Celles-ci élargissent en effet considérablement leur recrutement après la Seconde Guerre, en même temps qu'elles opèrent une lente mutation vers le sport proprement dit. La fédération de boule lyonnaise devient même en 1949 la seconde fédération sportive du pays derrière le football, mais devant les fédérations de basket, de rugby ou de cyclisme. Certes, en France, ce développement ne s'est pas accompagné d'une transformation décisive des formes de préparation physique, d'un dépassement radical de la boule-loisir ou même d'un rajeunissement des pratiquants, comme le confirme la génération à laquelle appartiennent les compétiteurs et les milliers de spectateurs présents à Bellecour en 1962. Toutefois, la tonalité du reportage reflète une inflexion inéluctable vers l'effritement de la tradition. Du reste, si la boule lyonnaise demeure plus fortement enracinée dans la région Rhône-Alpes que nulle part ailleurs, le tournoi de Pentecôte quittera Bellecour, pourtant toujours la place centrale de Lyon, en 1967, pour n'y revenir que 35 ans plus tard. Il est vrai qu'à la lyonnaise, les boules, d'un poids allant de 900 à 1200 grammes, sont plus lourdes et les distances plus longues que dans la pétanque ou la provençale : face à ses rivales, ces caractéristiques semblent plus propices à son développement comme sport que comme simple loisir de masse, justifiant d'ailleurs ultérieurement la requalification des « boules lyonnaises » en « Sport-Boules » par la fédération de référence en 1981.