Le Nouvel opéra de Lyon
Notice
L'opéra de Lyon se refait une jeunesse entre les mains de Jean Nouvel. La visite du chantier avec l'architecte permet de constater que la fonction du lieu joue une importance majeure et régit la conception des espaces.
- Rhône-Alpes > Rhône > Lyon
Éclairage
Dans les années 1980, les nouvelles mises en scènes lyriques exigent la modernisation de l'Opéra de Lyon. Construit en 1831 par les architectes Antoine-Marie Chenavard et Jean-Marie Pollet, il est devenu insuffisant pour répondre aux exigences d'une programmation plus ambitieuse. En 1986 est organisé un concours dont Jean Nouvel est le lauréat. L'opéra est inauguré en 1993.
Du théâtre néo-classique du XIXe siècle, l'architecte ne garde que les façades et le foyer du public. Restaurés jusque dans le détail de leur décor initial, ces vestiges témoignent de l'histoire de l'édifice et rappellent les fastes de la culture traditionnelle. Tout le reste de l'édifice est détruit. L'espace intérieur est restructuré et divisé en dix-huit niveaux qui permettent de tripler le volume de l'ancien théâtre. Au sommet des façades restaurées, une verrière semi-cylindrique affiche la modernité de ce nouveau théâtre. Il devient un des symboles du développement culturel de la ville de Lyon.
À l'intérieur, entre les murs des anciennes façades, la grande salle de spectacle à l'italienne est agrandie. Elle est suspendue pour l'isoler des vibrations de la circulation automobile et du métro. Le public y accède par des entrées tapissées de soie rouge. Les fibres optiques devant chaque fauteuil des six niveaux de balcons renvoient les dorures du plafond et créent un espace illusionniste pour le spectateur. Un amphithéâtre de 200 places et des salles de répétitions prennent place sous le niveau du sol. On y trouve aussi les vastes espaces techniques. Le hall d'accueil sombre contraste avec les coursives des escalators qui le surplombent et les passerelles en tôle perforée des espaces de circulation sur toute la hauteur de l'édifice.
La voûte de verre qui couronne l'édifice abrite la salle de répétition du ballet. Les danseurs dominent les quartiers historiques de Lyon, Fourvière et la Croix-Rousse. Ils disposent d'une surface de 420 m² identique au plateau de la scène. Ce lieu devient aussi une salle de spectacle ouverte sur la ville. Les jours de représentation, la mise en lumière de Yann Kersalé anime la structure métallique. Elle transforme l'édifice en signal lumineux et coloré.
Le nouveau bâtiment offre des perspectives sur l'ancien théâtre et sur la ville. Ce dialogue constant entre tradition et modernité permet une création originale dans un quartier marqué par l'Hôtel de ville dont la construction remonte au XVIIIe siècle. Jean Nouvel a adopté une attitude subtilement radicale qui consiste à ne pas transiger avec la modernité tout en ne condamnant pas le passé. L'intérieur, tout carrossé de noir, évoque à la fois un piano laqué et une carrosserie d'automobile. Il s'encastre discrètement dans les façades de pierre appartenant à la tradition classique pour mieux s'épanouir à leur sommet avec la grande voûte qui unit les deux moments de l'histoire de l'édifice.