Tony Garnier, musée urbain pour une œuvre visionnaire
Notice
La cité des États-Unis est l'œuvre de l'architecte Tony Garnier, réalisée en 1933. Un projet de rénovation urbaine du quartier est lancé à Lyon, avec la création de peintures murales sur les pignons des immeubles.
- Rhône-Alpes > Rhône > Lyon
Éclairage
La cité des États-Unis a été construite à Lyon par Tony Garnier après la Première Guerre mondiale. En 1985 est lancée une opération de réhabilitation qui consiste à mettre aux normes des logements et des immeubles dépourvus d'ascenseur et de halls d'entrée. Les loggias sont fermées par des vitrages. Une isolation extérieure est réalisée. Sur les grands murs pignons aveugles ainsi rénovés, l'atelier Cité de la Création exécute de grandes peintures murales. Cet ensemble constitue le Musée urbain Tony Garnier, voulu et géré par une association qui regroupe des habitants de la cité. Il est symbolique d'une prise de conscience de la valeur historique et sociale de cet habitat qui fait désormais partie du patrimoine collectif. Il permet aussi de prendre connaissance des idées de Tony Garnier à travers la reproduction de quelques planches de son livre La Cité industrielle.
La cité des États-Unis a été initiée en 1917, lorsque les autorités municipales décidèrent d'étendre la ville en direction du sud-est afin de favoriser le développement de quartiers industriels. Les logements font partie du programme et Tony Garnier conçoit un projet qui est entériné en 1920. Cet architecte avait déjà beaucoup travaillé pour la Ville de Lyon, avant même qu'Édouard Herriot n'accède à la mairie en 1905. Il avait notamment conçu les abattoirs de la Mouche et le marché aux bestiaux (1908-1928), aujourd'hui Halle Tony Garnier, l'Hôpital Grange Blanche (1910-1933) qui a pris le nom d'Édouard Herriot et le stade municipal de Gerland (1914-1924). Mais le quartier des États-Unis est pour lui l'occasion de concrétiser une partie de ses idées. Bien que formé à l'École des Beaux-Arts, Tony Garnier était convaincu du rôle social de l'architecture. Influencé par le roman Travail d'Émile Zola, il conçut, à partir de 1900, une ville idéale dont il décrivit tous les aspects par une série de planches publiée en 1917 dans Une Cité industrielle.
La cité des États-Unis (devenue cité Tony Garnier du nom de l'architecte) est très représentative de l'essor du logement social en France et en Europe. Initiés avant la Première Guerre mondiale par un ambitieux appareil législatif, les Habitations à Bon Marché (HBM) se développent autour de grandes villes. Lyon joua un rôle essentiel dans ce phénomène en consacrant à l'urbanisme une partie essentielle de la grande exposition internationale organisée en 1914. Elle s'était d'ailleurs tenue dans la grande halle des abattoirs de la Mouche. Dans d'autres pays européens, dans les villes de Stuttgart et de Vienne notamment, de grandes opérations de logements sont également réalisées à cette époque. Comme à Lyon, les idéaux sociaux et les préoccupations hygiénistes se rejoignent avec pour ambition de donner des conditions de vie décentes aux ouvriers travaillant pour les grandes industries locales.