Le centenaire de l'aluminium à Saint-Jean Pechiney
Notice
L'usine d'aluminium de Saint-Jean de Maurienne va bénéficier d'un lourd investissement pour se moderniser. Il y a 100 ans naissait l'aluminium et l'un des inventeurs, Paul Héroult, implantait sa première usine à la Praz dans la même vallée.
Éclairage
En 1886, les dépôts de brevet, la même année quoique de manière indépendante, par le français Paul Héroult et l'américain Charles Martin Hall, de la technique de la fabrication de l'aluminium par électrolyse, ouvrent la voie à l'industrialisation de la production d'un métal dont les usages allaient connaître un formidable essor. Le procédé nécessitant de grandes quantités d'électricité, à une époque où elle se transporte mal, les vallées alpines, dont la Maurienne, vont se couvrir de centrales hydroélectriques et d'usines installées à leur pied. Plusieurs usines y sont construites à partir de 1893, progressivement regroupées dans le groupe Péchiney, dont celle de St Jean de Maurienne, la plus importante, démarrée en 1906. La Maurienne devient la « vallée de l'aluminium » : les paysages, les emplois, les modes de vie sont profondément marqués par cette industrie qui connaît une très forte croissance après la seconde guerre mondiale. Des difficultés surgissent cependant qui modifient les relations entre l'industrie de l'aluminium et son territoire alpin. La formation d'un réseau national puis la nationalisation de l'électricité réduisent l'avantage énergétique de la vallée dont l'implantation excentrée par rapport aux zones de consommation devient un handicap. La pollution au fluor, présente et connue dès les premières années d'exploitation, augmente considérablement durant les années 1960, du fait de la croissance de la production et de choix techniques peu soucieux de ces impacts. La vallée de la Maurienne est alors dénoncée comme « vallée de la mort » en raison de l'importance des dégâts provoqués aux forêts (en 1975, sur 9000 hectares de forêts 4000 sont atteints, les 5000 autres menacés) et au bétail (au maxima de 1970, les propriétaires de plus d'un millier de bêtes sont indemnisées au titre de la fluorose). Péchiney développe alors des technologies moins polluantes et fait le choix, au milieu des années 1980, de moderniser son site historique de St Jean de Maurienne, ce qui permet de fêter dignement le centenaire de 1986. Les sites mauriennais plus anciens sont néanmoins fermés, tandis que l'entreprise investit sur un site plus conforme à la nouvelle donne industrielle, à Dunkerque, en bord de mer et à proximité d'une centrale nucléaire pour son alimentation en énergie. Conforté en 1986, le site de St Jean de Maurienne est à nouveau sur la sellette depuis les années 2000. Désormais propriété du groupe Rio Tinto Alcan, l'avenir du site est étroitement lié à la politique du groupe multinational mais aussi aux mutations en cours du secteur de l'électricité en France, le coût et la maîtrise de l'alimentation en électricité demeurant un critère essentiel de localisation des industries de l'aluminium.