Le décolletage dans la vallée de l'Arve
Notice
Reportage consacré au décolletage. Cette activité s'est beaucoup développée en Haute-Savoie. De nombreuses entreprises familiales se sont implantées dans la vallée de l'Arve, haut lieu du décolletage.
Éclairage
Le décolletage, c'est, selon la définition même du dictionnaire, « le travail des pièces métalliques tournées à partir de barres métalliques et pouvant comporter des perçages, des filetages, des taraudages ». La première production de cette industrie était la vis, l'opération de décolletage consistant à enlever le collet à l'aide d'un tour pour obtenir le pas de vis. C'est par une définition que commence donc le reportage de Rhône-Alpes Actualités du 2 février 1971 sur le décolletage, une industrie-phare française, dont la vallée de l'Arve (Haute-Savoie) est le centre mondial.
Tout débute dans un petit village sur les hauteurs de Cluses, Saint-Sigismond, au début du XVIIIe siècle. Un certain Claude-Joseph Ballaloud, issu d'une famille d'horlogers, revient au pays après quelques années passées à Nuremberg pour se perfectionner dans l'art de l'horlogerie. Aux villageois paysans, qui cherchent à compléter leurs revenus pendant les longs hivers, il apprend alors à fabriquer de petites pièces d'horlogerie pour les fabriques de Genève. Bientôt, les ateliers se multiplient dans toute la vallée de l'Arve, entre Cluses et Annemasse. L'ouverture en 1848, de l'École royale d'horlogerie de Cluses marque le passage au stade industriel. La vallée se spécialise dans la production de roues et de pignons de montres et dès 1880, l'horlogerie s'impose comme la première activité de la région.
La crise de l'horlogerie, à la fin du XIXe siècle et l'apparition de nouveaux secteurs industriels vont obliger les ateliers locaux à s'orienter vers d'autres marchés : l'automobile, le cycle, l'électricité et surtout l'armement grâce aux commandes de l'État français lors de la Première Guerre mondiale.
À partir de 1955, le décolletage entre dans une période prospère, due en partie à l'accroissement du parc automobile. Pendant les Trente Glorieuses, l'activité industrielle connaît un développement considérable. En 1962, un Centre technique de l'industrie du décolletage est créé pour former de nouvelles générations. En 1971, sur les 35 km de la vallée de l'Arve, le décolletage occupe 8 000 personnes, réalisant 65 % de la production française. L'année suivante, les commandes enregistreront même une augmentation de 28 %. Pourtant, en 1974, le premier choc pétrolier portera un coup d'arrêt à l'industrie du décolletage. Et il faudra attendre la fin des années 1990 pour assister à la relance du décolletage haut-savoyard, qui travaille toujours pour l'automobile, mais aussi pour l'électroménager, l'électronique, l'aéronautique, les produits de haute technologie. Avec la création du pôle de compétitivité Arve-industries, Cluses occupe aujourd'hui la première place mondiale dans le décolletage, avec plus de 15 000 spécialistes.
Le Musée de l'Horlogerie et du Décolletage évoque près de 300 ans d'histoire de la vallée de l'Arve : de la naissance de l'activité horlogère à Cluses en 1720, à l'actuelle industrie du décolletage, mécanique de haute précision dont Cluses est aujourd'hui la capitale mondiale.