La fin des mines de la Mure
Notice
Le 28 mars 1997 les mines de La Mure en Isère fermaient définitivement. Les "gueules noires" du plateau Matheysin sont alors descendues une dernière fois dans la mine.
- Rhône-Alpes > Isère > Susville
Éclairage
La fermeture définitive des Mines de la Mure, en Isère, le 30 mars1997, met un terme à près de deux siècles d'exploitation minière (sous une forme intensive, des traces d'exploitation artisanale et domestique étant attestées dès le Moyen Age) et à près de 30 ans de luttes contre cette décision. Situées sur le plateau Matheysin, à 900 m d'altitude entre Grenoble et Gap, les Mines de la Mure ont façonné profondément la société de cette région de montagne. On en extrait un anthracite de grande qualité, dont la commercialisation est facilitée par la mise en service en 1888 de la ligne de chemin de fer (électrifiée dès 1903) qui relie La Mure à la vallée.
Géré par plusieurs sociétés dans la première moitié du 19ème siècle, l'exploitation du bassin est progressivement regroupée au sein de La Compagnie des mines de la Mure, créée en 1856, propriété des familles Giroud, Chaper et de Reneville. En 1947, lors de la nationalisation des Houillères, le site revient aux Houillères du Bassin du Dauphiné, la plus petite des houillères des Charbonnages de France. Son premier président, Louis Mauberret, est mineur et militant communiste, signe du poids de la mobilisation ouvrière en faveur de la nationalisation. Fortement syndiqués, principalement à la CGT, les mineurs des Mines de la Mure forment un milieu très revendicatif, que ce soit pour améliorer localement les conditions de travail ou pour soutenir les actions nationales dont la grande grève de 1963. Dès 1960, le plan dit Jeanneney programme le déclin de l'activité charbonnière française, la politique énergétique nationale s'orientant alors vers le pétrole. A la Mure, l'intensification du travail et la modernisation technique ont permis une augmentation continue de la production qui culmine en 1966. Les paysans-mineurs ont peu à peu laissés place aux mineurs « tout court », amenant dans ce rude pays nombres de migrants, Italiens, Maghrébins, Turcs, au fil de vagues successives. En 1968, une première annonce de fermeture du site provoque une vive mobilisation des syndicats. Le choc pétrolier de 1974 permet un premier sursis et une reprise des embauches. En 1981, l'arrivée de la gauche au pouvoir s'accompagne d'une éphémère relance charbonnière qui repousse une nouvelle fois l'échéance. Une nouvelle mobilisation de l'ensemble des forces sociales et politiques du plateau permet d'obtenir un nouveau sursis en 1992, accompagné d'un plan de ré-industrialisation (aux effets malheureusement limités). En 2007, la décision est cette fois effective et la page de la mine est définitivement tournée.