Une marche contre le stockage des déchets radioactifs à Saint Priest La Prugne
Notice
La mine d'uranium de Saint Priest La Prugne sera remplacée prochainement par un centre de déchets radioactifs. La population lutte contre ce projet de stockage et a organisé une marche dans le calme. D'autres manifestations sont prévues.
Éclairage
En 1974, après le « choc pétrolier », la France décide de se doter d'une très importante industrie nucléaire, comprenant plusieurs dizaines de centrales ainsi que des unités pour recycler le combustible usé. La mise en route de ce programme a pour conséquence d'augmenter fortement le volume de toutes les catégories de déchets radioactifs. Le gouvernement demande au Commissariat à l'énergie atomique (CEA, créé en 1945) de créer un organisme qui prendra sous sa responsabilité directe la gestion de tous ces déchets : l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) est ainsi fondée en 1979. En 1980, l'ANDRA demande l'autorisation de créer un centre de stockage sur le site du Limouzat près de Saint-Priest-la-Prugne dans la Loire, site dont la fermeture est programmée pour la fin de l'année 1980. Plusieurs associations écologistes, partis (dont le parti socialiste) et syndicats (dont le Centre départemental de jeunes agriculteurs, CDJA) appellent à manifester. Le défilé du 9 juin 1980 dans les rues du bourg proche de la mine est bon enfant et composite : on y voit des barbus à cheveux longs, des dames bien mises et de jeunes hommes sérieux. Le projet de stockage de ces déchets est symboliquement enterré avec le mot d'ordre : « Non à la poubelle nucléaire ».
Bien que le nucléaire soit en France un sujet tabou (car le mettre en cause c'est contester le système énergétique français, l'EDF, la nation et l'État), les organisateurs ont cependant réussi à réunir près de 2000 personnes dans un village isolé aux confins de la Loire et de l'Allier. C'est un succès : en effet, le mouvement antinucléaire est resté globalement très minoritaire. La première manifestation antinucléaire a lieu à Fessenheim, en Haute Alsace, en 1971 et rassemble quelques milliers de manifestants. La marche est organisée par l'association régionale pour la protection de la nature et le comité local pour la sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin. C'est sur le même mot d'ordre de protection de la nature et du paysage que se mobilisent en 1980 les habitants de Plogoff (près de la pointe du Raz en Bretagne), comme le font les manifestants dans le Haut-Forez qui ajoutent un mot d'ordre placardé sur une affiche sur le devenir des enfants... en 2000.
L'ANDRA abandonnera le projet du retraitement des déchets nucléaires à la suite des protestations locales que montre le reportage télévisé. Dès la fin de l'activité minière à Saint-Priest-la-Prugne, des études d'aménagement du site avaient été entreprises. Les travaux se sont déroulés en plusieurs étapes de 1980 à 1988. En 1981 ont été effectués les travaux de réaménagement du site avec remblayage des puits de la mine et démolition des bâtiments de l'usine qui n'ont pu être utilisés pour une autre activité industrielle. Pour traiter les eaux du site afin de maîtriser la qualité des rejets des eaux dans le milieu naturel, une station de traitement a été construite. Une partie des résidus solides a été utilisée en remblayage des travaux souterrains ; une partie a été stockée dans un bassin et les résidus ont été recouverts de 2 mètres d'eau. Quinze ans après la première manifestation montrée dans le reportage, la Cogéma projettera de déménager les résidus entreposés ici et de les stocker sur le site de l'ancienne mine à ciel ouvert. Les élus et de nombreuses personnes de la région ont exprimé des craintes concernant le transfert et le risque de stockage d'autres déchets radioactifs sur le site. Comme en 1980, ce dernier projet a finalement été abandonné.