La mine d'uranium à Saint Priest la Prugne
Notice
Le gisement d'uranium trouvé à Saint Priest la Prugne a engendré la création d'une mine. Monsieur Chardon explique les différentes étapes suivis par le minerai, de son extraction à sa purification. Des prospections dans la région sont en cours.
Éclairage
Dix ans après le fonçage (creusement) du premier puits et de la galerie d'exploitation près de Saint-Priest-la-Prugne, le reportage télévisé de décembre 1964 décrit le fonctionnement de la mine et de l'usine d'exploitation d'uranium au nord-ouest du département de la Loire. Il s'agit d'une explication essentiellement technique de la transformation du minerai : le produit occupe l'essentiel du reportage.
L'origine de cette exploitation remonte à la création du Commissariat à l'Énergie atomique (CEA) par le général de Gaulle (ordonnance du 18 octobre 1945). Les différents gouvernements de la IVe République (1946-1958) ont soutenu les programmes de développement du CEA. Le premier plan quinquennal de l'énergie atomique (1952-1957) avait abouti à la création d'un centre production de plutonium à Marcoule dans le Gard. En juillet 1957 est lancé le deuxième plan quinquennal de l'énergie atomique et le gouvernement de Félix Gaillard décide, le 11 avril 1958, de réaliser en 1960 la première série de tirs expérimentaux d'engins atomiques. Le général de Gaulle officialise et théorise au nom de l'indépendance nationale un programme conçu et mis en place par ses prédécesseurs. La première bombe atomique française explose en février 1960 à Regane au Sahara alors que les autres pays occidentaux et l'URSS observaient alors un moratoire sur les expérimentations à ciel ouvert. C'est dans ce contexte qu'est développée l'exploitation du gisement d'uranium de Saint-Priest-La-Prugne.
L'essentiel des ressources françaises en minerais d'uranium français, généralement de faible teneur, se trouve dans des gisements associés à des granites. Leur exploitation se fait par mines à ciel ouvert ou par des travaux miniers souterrains pour la partie profonde. Le gisement du Limouzat, situé à 3 km environ à l'Ouest du village de Saint-Priest-la-Prugne sur 1,5 km de longueur se love dans une structure faillée La Division du Forez/Grury comprend deux centres d'extraction : la mine des Bois-Noirs à Saint-Priest-la-Prugne (Loire) et celle de Grury (Saône-et-Loire). Après des années d'exploration dès 1955, commence en 1960 l'exploitation de la mine des Bois-Noirs. L'usine de traitement chimique des minerais fut confiée à la Société Industrielle des Minerais de l'Ouest (SIMO). Le traitement des minerais était réalisé dans deux unités distinctes : l'atelier de préparation des minerais situé à proximité des deux puits d'extraction. Après le passage dans un cylindre compteur (mesure du rayonnement gamma), le minerai était concassé deux fois, d'abord pour débourbage, ensuite un concassage secondaire était associé au broyage. L'ensemble était enfin réduit en pulpe décantée avant d'être pompée vers l'usine de traitement. Construite à proximité du site minier, elle fut mise en service en février 1960. Sise à 600 mètres en amont de la mine, l'usine a une capacité annuelle de traitement de 180 000 t de minerai avec une production de 330 t d'uranium et un rendement de 95 %, fournissait du nitrate d'uranyle très pur contenant 25 % de métal. Le produit final était liquide. Il était ensuite versé dans des containers en acier inoxydable. Les effectifs de la mine évoluent peu : 470 en 1958, 422 en 1963, 322 en 1974. Les effectifs de l'usine, selon les périodes ont évolué de 110 à 170 personnes. Au total donc, au plus fort de l'activité, le site comptait environ 650 à 700 personnes. La mine d'uranium a été très vite mécanisée par l'introduction d'engins mécaniques de forage, d'abattage et de transport. Les risques principaux sont communs à toutes les exploitations souterraines : chutes de blocs, accidents de manutention et ceux liés aux engins de transport. La silicose semblait peu fréquente chez les mineurs d'uranium.
Mais en 1970, la conviction est faite que les réserves s'épuisent et qu'il faudrait arrêter l'exploitation dans les dix ans à venir. Produit en 1964, le reportage très lucidement prévoit 15 ans d'activité, ce qui est exactement la durée de l'exploitation. De fait l'activité de l'usine est maintenue jusqu'au mois de juillet 1980. En 20 ans, de 1960 à juillet 1980, l'usine de Saint-Priest a traité 2 584 000 tonnes de minerai contenant 6 718 tonnes d'uranium..Pendant un demi-siècle d'existence, les mines françaises ont extrait 53 millions de tonnes de minerai et produit 76 000 tonnes d'uranium sous forme de concentré soit 3,9 % de la production mondiale.