Parcours thématique

Cinéma en Rhône-Alpes : de l'invention à la diffusion

Michèle Zancarini Fournel

Introduction

Terre de naissance du cinéma, la région Rhône-Alpes est incontestablement la première région qui consacre aux images animées autant d'activités et de manifestations. C'est ici qu'a été inventé par les Frères Lumière le procédé pour faire défiler sans à coup la pellicule dans un appareil d'enregistrement et de projection.

Mort de Louis Lumière, précurseur du cinéma

Mort de Louis Lumière, précurseur du cinéma

L'un des inventeurs du cinéma, Louis Lumière, s'est éteint. A cette occasion, le reportage retrace la carrière de cet homme qui s'est entièrement consacré à l'image jusqu'à la fin de sa vie.

09 juin 1948
01m

Traditionnellement on attribue aux Frères Lumière « l'invention du cinéma » en 1895 avec un premier film « Sortie des usines Lumière » ; ce lieu emblématique de production, près de la maison bourgeoise de la famille Lumière, est devenu conservatoire et musée, sis « rue du premier film » dans le 8ème arrondissement de Lyon. Mais c'est surtout la première séance publique payante, le 28 décembre 1895, sur les grands boulevards à Paris qui publicise l'invention.

Ouverture d'un musée du cinéma à l'Institut Lumière de Lyon

Ouverture d'un musée du cinéma à l'Institut Lumière de Lyon

A l'occasion de la célébration de son vingtième anniversaire, l'Institut Lumière ouvre un musée dédié aux débuts du cinéma. Les différents espaces mettront en valeur les nombreuses inventions des frères Lumières.

20 juin 2003
02m 11s

Industriels, les Lumière abandonnent rapidement l'imagination et la création cinématographique à d'autres (Méliès par exemple), et se concentrent sur la production des plaques photographiques. Ceci peut éventuellement expliquer en partie la spécialisation ultérieure de la région Rhône-Alpes dans deux domaines : le documentaire (à Lussas en Ardèche) et le cinéma d'animation autour de deux pôles, Valence et Annecy.

Patrimonialisation et lieu de mémoire

Le musée Lumière est installé dans une grande maison bourgeoise que le père des inventeurs du cinématographe, Antoine Lumière, avait fait construire en 1899 dans le quartier de Monplaisir, non loin des locaux de la société « Antoine Lumière et ses fils ». Le « Château Lumière » comme on l'appelle parfois, avait, dans un premier temps en 1967, été vendu par les héritiers des Lumière. Mais après l'année du patrimoine en 1980, un des petits-fils de Louis Lumière et un critique cinématographique, Bernard Chardère, créent en 1982 l'Institut Lumière qui comporte un musée et un centre de projection. Ses deux missions sont la conservation du patrimoine Lumière et les activités artistiques de diffusion (projections de films, expositions, édition, formation). Le fonds cinématographique de l'Institut est composé de 1405 films originaux restaurés par les Archives françaises du film du Centre national de la cinématographie. La collection d'appareils anciens de la Ville de Lyon acquise en 2003 comporte de véritables chefs d'œuvre techniques. Ce patrimoine a été inscrit au registre « mémoire du monde » de l'UNESCO en 2005.

Ouverture d'un musée du cinéma à l'Institut Lumière de Lyon

Ouverture d'un musée du cinéma à l'Institut Lumière de Lyon

A l'occasion de la célébration de son vingtième anniversaire, l'Institut Lumière ouvre un musée dédié aux débuts du cinéma. Les différents espaces mettront en valeur les nombreuses inventions des frères Lumières.

20 juin 2003
02m 11s

Rue du Premier Film, au sein même de l'ancien hangar - survivance de l'entreprise - l'Institut Lumière propose des séances quotidiennes dans une salle qui fonctionne comme une cinémathèque : séances avec invités, rétrospectives, cycles thématiques, films jeune public. Située au sous-sol du « Château Lumière », l'ancienne salle de cinéma, plus petite, est utilisée pour projeter mensuellement les films en noir et blanc des collections de l'Institut Lumière et les films muets. Fondé par l'historien du cinéma Raymond Chirat, un centre de documentation est installé au 3ème étage. Il comporte les archives écrites et iconographiques de l'Institut Lumière : livres, revues, photographies, affiches, scénarios. Ce lieu de mémoire patrimonialisé consacre donc la ville de Lyon comme capitale du cinéma.

La spécialisation régionale dans le documentaire

Dès les premiers documentaires (tel Nanouk l'esquimau de Robert Flaherty en 1922), s'est posée la question du rapport à la réalité. « Cinéma du réel », « fictions », « cinéma-vérité », derrière toutes ces définitions se cachent des réalisations et des auteurs qui ont des objectifs et des écritures cinématographiques différents. Un documentaire est d'abord une œuvre, celle d'un auteur qui propose sa propre vision du monde. Le sujet spécifique, les choix techniques, la manière de filmer, le montage, en font une création originale. Agnès Varda, une des principales réalisatrices françaises, intitule en 1981 un de ses films, Documenteur, soulignant ainsi la caractéristique d'un certain type de productions. Mélanges de documentaire et de fiction, de nombreux films s'éloignent de la réalité. Tourné hors des studios dans les fonds sous-marins, et avec l'aide d'un jeune assistant Louis Malle, Le Monde du silence de Cousteau obtint la palme d'or à Cannes en 1956 et un oscar aux États-Unis et fit ainsi gagner au documentaire ses lettres de noblesse. Mais c'est surtout dans la dernière décennie du XXe siècle que la reconnaissance du documentaire s'accroît. Festivals et programmations télévisuels proposent au public des créations originales. De grands cinéastes ou photographes comme Joris Ivens, Chris Marker, Jean Rouch, Agnès Varda ou encore Pierre Carles, Jean-Louis Comolli et Raymond Depardon, des collectifs - dont Ardèche Images à Lussas dans la région Rhône-Alpes, ont fait connaître le genre documentaire.

A la mi-août, chaque année, dans le petit bourg ardéchois, se réunit la fine fleur des documentaristes et un public éclairé qui discute avec animation des créations proposées dans une programmation thématique. La production française est ainsi confrontée à des documentaristes venus d'ailleurs.

États généraux du film documentaire à Lussas

États généraux du film documentaire à Lussas

Le festival de Lussas ouvre sa huitième édition. Pour une semaine ce petit bourg d'Ardèche se consacre aux films documentaires. Le festival accueille aussi bien les amateurs que les professionnels du monde entier.

23 aoû 1996
02m 20s

La région Rhône-Alpes, lieu de formation et d'animation

Depuis 1960 existe à Annecy un festival de films d'animation. Classés en longs métrages, courts métrages ou films publicitaires, ils relèvent de techniques diverses : dessins animés, papiers découpés, pâte à modeler.

Le festival du film d'animation à Annecy

Le festival du film d'animation à Annecy

Le festival du film d'animation assure la promotion et la découverte du cinéma qui se nourrit de toutes formes d'art. Passage obligé des créateurs confirmés, ou en devenir, il propose une compétition pour les longs et courts métrages.

06 juin 2005
01m 29s

Au festival international devenu annuel s'est adjoint un marché des films où se retrouvent les professionnels européens. Complémentaire d'Annecy, le studio Folimage créé à Valence en 1984 est une société de production de films d'animation, courts métrages destinés à des séries télévisées et à une diffusion à vocation éducative. Valence s'est spécialisée dans la réalisation. Une école de formation, La Poudrière, a été créée où les jeunes peuvent se confronter à toutes les étapes de la production, de l'écriture de scénarios, au son comme à la confection de l'image. L'exemple de Folimage a été suivi et une série de structures forment désormais un véritable pôle de réalisations audiovisuelles au sud de la région.

La société Folimage de Valence

La société Folimage de Valence

La société "Folimage" est candidate au César du film d'animation avec "Le petit cirque de toutes les couleurs". Elle doit son originalité à l'utilisation de la pâte à modeler, une technique difficile et soumise aux variations de température.

12 mar 1988
02m 40s

Ancrée dans son patrimoine historique cinématographique, la région Rhône-Alpes est ainsi devenue un des leaders européens en matière d'animation. Par la loi de juillet 2009, le Centre national de la cinématographie est devenu le Centre national du cinéma et de l'image animée (toujours sous le sigle CNC). Lors de la première édition du festival Lumière en octobre 2009 – dont Clint Eastwood était l'invité d'honneur et a reçu un prix pour l'ensemble de son œuvre - un nouveau montage des premiers films Lumière – des inédits et des films restaurés au moyen de technologies numériques par le CNC - a été présenté. Ainsi, une passerelle a été créée entre la patrie du cinéma et les images animées.