Ouverture d'un musée du cinéma à l'Institut Lumière de Lyon

20 juin 2003
02m 11s
Réf. 00141

Notice

Résumé :

A l'occasion de la célébration de son vingtième anniversaire, l'Institut Lumière ouvre un musée dédié aux débuts du cinéma. Les différents espaces mettront en valeur les nombreuses inventions des frères Lumières.

Date de diffusion :
20 juin 2003
Source :
Lieux :

Éclairage

A l'occasion du 20e anniversaire de l'Institut Lumière, est inauguré le Musée du Cinéma. Le directeur de l'Institut, Thierry Frémeaux est d'ailleurs en plateau pendant la diffusion du reportage.

Comme l'Institut, le musée est installé dans le « Château Lumière », manifestation dans la pierre de la formidable réussite industrielle et sociale de la famille Lumière. Il a été construit sur le même terrain que l'usine de produits photographiques Lumière. Il est d'ailleurs significatif que ce que l'on qualifie parfois de « folie bourgeoise » soit édifié, en 1900, très loin du quartier à la mode où les élites lyonnaises bâtissent alors leurs hôtels particuliers, en bordure du Parc de la Tête d'Or. Les Lumière appartiennent à de nouvelles élites, dont l'espace résidentiel n'est pas lié à celui des élites traditionnelle de Lyon, liées à la soierie ou à la Banque. De la même manière, la réussite d'un Berliet se manifeste par la construction d'une luxueuse villa à Montchat, le quartier voisin de Monplaisir.

Le musée a été conçu par Dominique Païni, Directeur du Département du Développement culturel du Centre Georges Pompidou, qui expose le projet au cours du reportage.

Antoine Lumière, peintre et photographe, est arrivé à Lyon en 1870. Avec ses fils, Auguste et Louis, il réussit à industrialiser dans son usine de Monplaisir la production d'une plaque photographique sèche au gélatino-bromure d'argent qui est commercialisée sous la marque « Étiquette bleue ». Les deux frères, à l'instigation de leur père travaillent sur l'image animée et, le 28 décembre 1895, est organisée, à Paris, la première séance publique et payante – tous les mots sont importants – du cinématographe. Tout au long de l'année, elle avait été précédées des séances non payantes, réservées à un public choisi. La première s'était tenue le 22 mars 1895 dans les locaux les locaux de la Société d'encouragement pour l'Industrie nationale.

Le 28 décembre 1895, dans le salon indien du Grand Café, Antoine, père d'Auguste et Louis Lumière qui sont absents, organise cette première séance publique et payante. Il sait qu'il a besoin de la consécration des grands boulevards parisiens pour lancer l'invention de ses fils. Plusieurs entrepreneurs de spectacle, dont Georges Méliès, directeur du théâtre Robert Houdin, et Allemand, directeur des Folies Bergère, y assistent. Ils sont enthousiasmés par « La bouillie de bébé », « La sortie des usines Lumière », « Le plongeon dans la Saône », « Le travail du forgeron »... Projetées sur grand écran, ces courtes scènes – moins d'une minute – surpassent le Kinetoscope de Thomas Edison qui, après New York, était exploité à Paris depuis avril 1894 dans une salle du 20, boulevard Poissonnière, mais là il ne s'agissait que d'un peep show, pas d'une projection que des dizaines de spectateurs pouvaient voir en même temps. Les spectateurs peuvent ainsi partager, simultanément, les mêmes émotions.

Le musée présente aussi les films que les opérateurs Lumière ont tourné, développé et projeté de par le monde de 1895 à 1905 mais dont la production fut surtout importante avant 1898. Plus de 1500 films ont été tourné par Gabriel Veyre, Alexandre Promio et leurs collègues, de la Russie au Japon, des États-Unis au Mexique, de l'Australie à l'Indochine d'alors... Ces pionniers de l'image animée filment d'abord le mouvement et préparent soigneusement leur prise de vue qui ne dure que 50 à 60 secondes selon la vitesse à laquelle l'opérateur tourne la manivelle. Et ces aventuriers sont obligés d'apprendre des ritournelles pour garder la bonne vitesse de rotation... Ces centaines de films ont été restaurés et on peut les voir au musée du cinéma. L'un des plans du reportage en montre certains extraits pendant l'interview de Dominique Païni, on voit le sphynx, le début de Hyde Park, des matelots qui rament... Les opérateurs Lumière filment les cérémonies officielles, la vie quotidienne des villes avec une prédilection pour les places et les ponts, les épreuves sportives, les défilés militaires... Le musée expose aussi les premiers appareils utilisés par certains précurseurs du cinéma – les lanternes magiques sont évoquées au début du reportage – qui appartiennent à un fonds constitué par un collectionneur , le médecin Paul Génard. On aperçoit aussi, pendant la visite, des autochromes, premières photos en couleurs inventées par les frères Lumière en 1903.

Lors de la première séance publique payante, Antoine Lumière aurait dit à Georges Méliès (mais la chose est sujette à caution) : « Cette invention n'est pas à vendre... Elle peut être exploitée quelques temps comme une curiosité scientifique mais en dehors de cela, elle n'a aucun avenir commercial ». Ce qui est sûr, c'est que moins d'une dizaine d'années après la première séance, les Lumière se sont désinterressés de l'exploitation du cinématographe pour se consacrer à l'industrie de la photographie, origine de la fortune familiale.

Jean-Luc Pinol

Transcription

Présentateur
Alors à l’occasion du vingtième anniversaire à cet institut Lumière, vous inaugurez un musée, le musée Lumière, dans la villa de la famille des inventeurs du cinéma, en plein quartier Monplaisir à Lyon, voici ce qu’on pourra y voir.
Journaliste
Pour les frères Lumière, le tapis rouge est enfin déroulé devant ce qui fut le château de leur père. L’institut abrite désormais un musée, entièrement dédié au génie de cette famille d’inventeurs. Bienvenue chez les Lumière, dans l’intimité de la fin du 19e siècle, bienvenue dans l’histoire de l’image. Il y eut la lanterne magique, et toutes les tentatives d’images animées avant le fameux cinématographe. L’appareil numéro 1 trône là au milieu de ces premières images de cinéma et de toutes ces caméras et projecteurs. Objets à animer les histoires.
Dominique Païni
Ça, c’est pas un musée du cinéma, c’est un musée de cinéma. C’est une petite variante grammaticale. Excusez-moi de la faire mais j’y tiens beaucoup parce que c’est dire ainsi que ce que nous exposons dans ce musée, c’est les œuvres de cinéma, c’est les images au sein desquelles est tombé du temps, c’est cette extraordinaire capacité que le cinématographe a eu immédiatement au fond, de restituer figurativement je dirai, le temps.
Journaliste
Des 1895, les opérateurs de prises de vue envoyés dans le monde par les Lumière prendront le parti de regarder leur temps en s’émerveillant. Les caméras Gaumont et Pathé posées là peuvent en témoigner. Très vite, les premiers films de fiction s’inspireront de la leçon de cinéma des frères Lumière. En leur maison, de la collection de Paul Génard, aux autochromes, le visiteur peut désormais apprécier tout l’apport technique et artistique qu’ont laissé les deux frères à leurs illustres héritiers metteurs en scène. Quarante d’entre eux étaient venus leur rendre hommage lors du centenaire du cinéma. Aujourd’hui, en images avec la même première caméra, ils font aussi un clin d’œil présenté dans ce cinéma où chaque curieux est invité tout simplement à réapprendre à ouvrir l’œil.