Les étangs lagunaires de la côte
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Résumé
Les étangs lagunaires du littoral héraultais sont des milieux naturels spécifiques et fragiles qui accueillent de nombreuses espèces fauniques et floristiques parfois très rares. Depuis quelques années, et en particulier dans les étangs palavasiens, la régénération des herbiers aquatiques et l’amélioration de la qualité de l’eau, favorisent à nouveau la biodiversité.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
17 juil. 2012
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Contexte historique
ParChercheur CNRS (Centre national de la recherche scientifique) au CEFE (Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, Montpellier)
Interface entre la terre et la mer, les lagunes côtières méditerranéennes sont des milieux complexes et fragiles. Réceptacles des eaux douces apportées par le bassin versant, leurs échanges avec la mer dépendent de la marée, des vents, de la pression atmosphérique. Ces facteurs très variables sont à l’origine de la fluctuation de la salinité des eaux lagunaires, caractéristique essentielle de ces milieux.
La frange littorale entre l’Espagne et le delta du Rhône compte de nombreux étangs côtiers dont le complexe lagunaire des étangs palavasiens constitue le fleuron héraultais, avec ses 5 797 hectares qui s’étendent depuis Pérols jusqu’à Frontignan. Il est composé d’un ensemble de sept lagunes typiquement méditerranéennes et de zones humides périphériques (marais, anciens salins…). Un lido de 25 km, constitué de plages sableuses et de galets, sépare les lagunes de la mer.
Les étangs palavasiens sont caractérisés par une grande richesse écologique, due à l’alternance de milieux naturels doux, saumâtres et salés. Ils sont reconnus sur le plan international pour la grande diversité des habitats naturels qui les composent, en particulier la lagune côtière, ainsi que pour le « cortège » important d’espèces animales et floristiques, parfois très rares, qu’ils abritent : Sterne naine, Blongios nain, Butor étoilé, Nivéole d’été, Scorzonère à petites fleurs, Saladelle de Girard, Cistude d’Europe, herbiers aquatiques variés, Anguille d’Europe, etc. Inscrits depuis 2008 comme « site Ramsar » [1], ils font aussi partie du réseau Natura 2000.
Nature et activités humaines s’y côtoient et leur donnent un rôle économique fort. Ces zones humides fournissent différents services traditionnels comme la pêche aux poissons et aux coquillages, la chasse au gibier d’eau et terrestre, l’élevage extensif de chevaux et la viticulture. Le tourisme est aussi très présent avec, parallèlement aux activités balnéaires, le développement des sports de nature et nautiques ainsi qu’un engouement de plus en plus fort pour les animations nature et la découverte du patrimoine.
Ces espaces jouent également un rôle majeur dans la régulation des crues, l’épuration des eaux de surface et l’expansion des intrusions marines. Leurs eaux peu profondes accueillent coquillages, crustacés, poissons (dont le mythique hippocampe), qui y trouvent garde-manger et refuge et l’adoptent volontiers comme nurserie pour les stades juvéniles.
Les oiseaux constituent l’une des richesses naturelles importantes de ces habitats, en particulier les Laridés [2] et les limicoles [3] qui y trouvent nourriture dans la vase toute l’année, site de reproduction au printemps-été et abri en hiver. Le Flamant rose (Phoenicopterus roseus), emblème méridional, est l’une des présences marquantes de ces milieux grâce à l’abondance d’Artémie (Artemia salina), petite crevette dont ils sont friands et dont le pigment carotène est à l’origine de la couleur rose de leur plumage.
Ces étangs abritent aussi une flore aquatique riche, en particulier des herbiers de Ruppias (Ruppia cirrhosa et R. maritima) et de Zostères (Zostera marina et Z. noltii). Ces phanérogames [4] aquatiques enracinées, très sensibles au dérangement et à la pollution, jouent un rôle important dans cette richesse faunistique et contribuent à stabiliser les fonds mobiles ou à contrôler l’érosion. Les herbiers sont indispensables dans un écosystème lagunaire équilibré. Presque disparus au début des années 2000 en raison de pollution ou de dérangement, ils ont depuis repris de la vigueur dans ces étangs grâce à un meilleur traitement des eaux usées. Des essais de réimplantation d’herbiers de phanérogames (Zostera noltii / Ruppia cirrhosa) ont également été réalisés dans l’étang d’Ingril par des scientifiques et des structures de conservation de la nature.
Ce reportage aborde la richesse naturelle et fonctionnelle de ces étangs lagunaires héraultais, au travers de rencontres avec différents acteurs concernés par sa préservation. Il donne une place importante à l’activité économique, avec l’interview d’un pêcheur, et présente ensuite le volet naturaliste avec des interviews des organismes de protection et conservation de la nature. Olivier Scher, ornithologue au CEN (Conservatoire d’espaces naturels) [5], souligne l’importance des étangs pour les oiseaux limicoles. Juliette Picot, directrice du SIEL (Syndicat mixte des étangs littoraux) [6], insiste sur l’importance de la responsabilité collective en matière de protection de l’environnement, présentant les comportements à adopter ou à proscrire sur les plages, dunes ou étangs. Elle donne des conseils aux vacanciers qui souhaitent aller à la découverte des lagunes à pied ou à vélo. La préservation de ces milieux riches mais vulnérables dépend beaucoup du comportement des habitants et touristes, professionnels et vacanciers.
[1] Un site Ramsar est une « zone humide d'importance internationale » inscrite sur la liste établie par la Convention de Ramsar par un État partie et qui répond à un ensemble de critères tels que la présence d'espèces vulnérables de poissons et d'oiseaux d'eau.
[2] Laridés : oiseaux qui vivent sur le littoral ou au bord des eaux continentales, comprenant mouettes, goélands et sternes.
[3] Limicoles : petits échassiers de l'ordre des Charadriiformes qui vivent et s’alimentent sur les vasières, comprenant par exemples Échasses, Avocettes, Chevaliers, Gravelots, Bécasses…
[4] Phanérogames : plantes à fleur
[5] Les Conservatoires d'espaces naturels (CEN) sont des associations de protection de la nature créées au milieu des années 1970 pour participer par l’action foncière à la gestion et la protection de la biodiversité et des espaces naturels ou semi-naturels de France.
[6] Syndicat mixte des étangs littoraux (SIEL) : établissement public basé à Villeneuve-lès-Maguelone, en activité jusqu’en 2019.
Transcription
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Sophie Tardy-Joubert
Coquillages et crustacés, anguilles, daurades, on trouve de tout dans les étangs palavasiens.Dans ces zones peu profondes, l’eau salée se mélange à l’eau douce, c’est un formidable garde-manger pour les poissons.
Vincent Apecilla
C’est une nurserie du poissons.Toute la reproduction, au niveau poissons, crevettes, jols, tout vient se reproduire dans nos étangs et grossit dans nos étangs.
Sophie Tardy-Joubert
Au fond des étangs, ces herbiers jouent un rôle considérable.Il y a 10 ans, ils avaient presque disparu, une politique de traitement des eaux plus responsable les a fait renaître.
Vincent Apecilla
C’est une plante qui est enracinée, donc elle ne se déplace pas.Les œufs de la reproduction, donc les alevins, restent bien collés et accrochés.Ça permet aussi aux autres poissons, ce qui est soles, daurades, loups, anguilles de pouvoir se réfugier, de se cacher.Mais ça avait complètement disparu et puis ça commence à revenir sur Frontignan, pour l’étang de Thau, ça revient très bien.L’hippocampe qui avait complètement disparu commence à revenir.La nature se régénère très bien quoi !Il suffit de la protéger.
Sophie Tardy-Joubert
Les lagunes sont aussi un paradis pour les oiseaux, et pour les observer, le meilleur moment c’est maintenant.
Olivier Scher
Il y a plusieurs espèces de sternes, il y a des mouettes, il y a des goélands, il y a des échasses, donc c’est tout un groupe qu’on appelle les limicoles.Souvent, c’est des oiseaux qui ont des grandes pattes et qui vont chercher dans la vase leur nourriture.Donc, c’est des endroits où ils retrouvent, où ils trouvent des sites pour pouvoir construire leurs nids ou déposer leurs œufs, et des endroits où ils vont trouver une alimentation assez riche.Donc, c’est vraiment ce qui les amène dans ces endroits-là.
Sophie Tardy-Joubert
En septembre, ces oiseaux s’en iront vers l’Afrique, mais on pourra toujours voir des flamants roses.
Olivier Scher
Les flamants roses viennent particulièrement ici parce qu’ils y trouvent leur nourriture favorite, qui est une petite crevette qui s’appelle l’Artémie.Donc c’est une petite crevette qui a la particularité de contenir un pigment qui va donner cette couleur rose aux flamants roses.
Sophie Tardy-Joubert
Ces lagunes sont aussi belles que fragiles, c’est à nous tous de les protéger.
Juliette Picot
Première chose, on attache son chien.Un chien qui rentre dans une colonie d’oiseaux peut être un élément perturbateur.Deuxièmement, on essaie de suivre les chemins de randonnée existants quand ils existent.
Sophie Tardy-Joubert
Troisième chose enfin, attention à l’usage des engrais et des détergents, mal traités par les stations d’épuration, ils s’écoulent en partie dans les étangs.Pour découvrir les lagunes, des balades à pied et à vélo sont organisées tous l’été, renseignements dans les offices de tourisme.
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Date de la vidéo: 09 oct. 2019
Durée de la vidéo: 03M 30S