La malaïgue dans l'étang de Thau
Infos
Résumé
La malaïgue – ou mauvaise eau - est un phénomène entraînant la mort des coquillages par asphyxie. Véritable fléau des étangs, elle impacte durement l'équilibre de l'environnement et de l'économie locale. Témoignages de conchyliculteurs de l’étang de Thau qui viennent de perdre un tiers de leur production.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
02 sept. 1997
Éclairage
Informations et crédits
- Type de média :
- Type du document :
- Collection :
- Source :
- Référence :
- 00029
Catégories
Thèmes
Lieux
Personnalités
Éclairage
Éclairage
Contexte historique
ParBiologiste Marin, Ostréiculteur
La malaïgue ou « mauvaise eau » en occitan, dont Jean-Claude Archimbeau, président du Comité régional de la conchyliculture en Méditerranée (CRCM), parle dans ce reportage, est un phénomène naturel qui entraîne la disparition de l’oxygène du milieu lagunaire et donc la mort de tous les organismes qui y vivent, en particulier les coquillages en élevage. Il trouve son origine dans un trop fort enrichissement en matières organiques du milieu (milieu eutrophe) associé à de fortes températures et à des vents de faible intensité. Dans ces conditions, la demande en oxygène des bactéries dégradant la matière organique des fonds de l’étang, dépasse la capacité du milieu à assurer cette demande. L’anoxie (disparition de l’oxygène) qui en résulte favorise l’émission toxique d’hydrogène sulfuré (H₂S) à l’odeur d’œuf pourri. Les eaux deviennent alors laiteuses du fait de la prolifération de bactéries photosynthétiques (Chlorobiaceae).
C’est un fort brassage de l’eau par un vent de plus de 9 m/s pendant 2 jours qui fait remonter la teneur en oxygène de l’eau et permet un retour à la normale du milieu.
La malaïgue de 1997, sujet de cette vidéo, débuta dans le port conchylicole du Mourre-Blanc et toucha rapidement les premières lignes de parcs de coquillages. L’apport organique des coquillages morts alimentèrent ce «feu de forêt» qui s’étendit à l’ensemble des parcs au large de Mèze. Elle toucha 472 tables et décima un tiers de la production des coquillages de l’étang (3500 tonnes). La modélisation de cet épisode par l’IFREMER mit en cause la proximité de la première ligne de parcs par rapport au port du Mourre-Blanc dans la propagation du phénomène. L’absence de tables proches de la source de départ de la malaïgue aurait joué comme un pare-feu, l’empêchant de se propager plus loin.
La malaïgue la plus importante depuis 1960, celle de 1975[1], toucha l’ensemble de la lagune et entraîna la perte de près de 14000 tonnes de moules et 4 000 tonnes d’huîtres, soit entre 30 % et 80% des élevages selon les secteurs. Provoquée par un enrichissement excessif du milieu dû aux rejets des villes et des villages alors en plein développement du pourtour de l’étang de Thau, elle fut à l’origine de la prise de conscience de notre impact sur ce milieu fermé et fragile.
Entre 1990 et 2017, plusieurs contrats de qualité des eaux permirent de financer la réduction des apports à la lagune en développant l’assainissement des villages et la gestion de l’eau sur le bassin versant de Thau.
En 1995, les pouvoirs publics mirent en place le premier Schéma de Mise en Valeur de la Mer, outil de planification rendant prioritaires la pêche et la conchyliculture dans tout aménagement sur le pourtour de Thau. Il sera remplacé par un SCOT (Schéma de Cohérence territoriale) en 2012. Il a pour objectif la préservation de la qualité des eaux et donc l’encadrement de la croissance de certaines communes. En 2021 est signé un Contrat de gestion intégrée et de transition écologique du territoire de Thau pour 2020-2025.
L’ensemble de ces actions a permis un retour à la qualité environnementale de la lagune de Thau d’avant les années 1970. En 2018, la dernière malaïgue fut provoquée par la mortalité massive des moules (elles meurent à partir de 28°C) causée par les fortes chaleurs du mois d’août, avoisinant les 30°C. Elle toucha principalement l’ensemble des zones d’élevage entre Mèze et Marseillan et décima 1 200 tonnes de moules et 2 700 tonnes d’huîtres.
[1] entre 1960 et 2018, l’étang de Thau a connu 10 épisodes de malaïgue particulièrement importants qui eurent des impacts économiques sur la conchyliculture.
Bibliographie
- Annie Chapelle, Pascal Lazure , Philippe Souchu, « Modélisation numérique des crises anoxiques (malaïgue) dans l’étang de Thau (France) », Océanologica Acta, vol. 24, 2001, pp. 87-97.
- Jean-Marc Deslous-Paoli et al., « Relations milieu-ressources impact de la conchyliculture sur un environnement lagunaire méditerranéen (Thau) », Oceanologica Acta, vol. 21, 1998, pp. 831-843.
- Pierre-Yves Hamon, Catherine Vercelli, Yves Pichot, Franck Lagarde, Patrick Le Gall, Jocelyne Oheix, Les malaïgues de l’étang de Thau. Tome 1. Description de malaïgues. Moyens de lutte, recommandation. Rapport Interne DEV/LERLR 2003.
- Isabelle Berthier, « Bassin de Thau. Du SMVM au SCOT. Mer et Littoral ». Diagonal, vol.184, 2012, pp. 41 - 44.
Transcription
Sur les mêmes thèmes
Date de la vidéo: 09 oct. 2019
Durée de la vidéo: 03M 30S
Réchauffement climatique : l'asphyxie des coquillages
Sur les mêmes lieux
Date de la vidéo: 09 nov. 1970
Durée de la vidéo: 05M 43S
Nouvelle base du club nautique du bassin de Thau
Date de la vidéo: 09 nov. 1970
Durée de la vidéo: 05M 43S