Sauvegarde des étangs et marais
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Résumé
Alain Tamisier, chercheur au CNRS et spécialiste des migrations des oiseaux, explique que les zones humides, étangs et marais, sont un patrimoine et un capital naturel à préserver. Elles sont menacées par les activités humaines et, en particulier la chasse qui doit être compatible avec le respect des lois de la nature
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Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
22 juin 1999
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Contexte historique
ParDirecteur de recherche CNRS, Laboratoire ART-Dev UMR 5281
Le reportage, tourné en 1999, débute en rappelant l’une des caractéristiques géographiques majeures du littoral du Languedoc : un chapelet d’étangs, de zones humides et de marais qui s’étend de la Camargue à la frontière espagnole sur plus de 200 km. Une image de carte postale où chevaux, taureaux et oiseaux complètent le paysage mais qui se trouve passablement écornée par une menace majeure, celle de la pollution. Le revers de la médaille d’un développement touristique et urbanistique qui a débuté dans les années 1960 et dont les effets sont désormais visibles, ou devrions-nous plutôt dire, odorants.
Ces vastes étendues humides sont présentées comme des déversoirs d’eaux usées, émettrices d’odeurs nauséabondes en été, difficilement compatibles donc avec la fréquentation estivale d’un littoral et ses activités ludiques et récréatives. Lieux de prolifération des moustiques, ces zones humides sont considérées par certains comme des freins au développement économique et il relèverait du bon sens de les faire disparaître en les comblant. À cet avis s’oppose celui qui préconise leur protection et qui les présente comme un patrimoine naturel en danger : c’est le cas du rapport du Préfet Bernard qui dresse, en 1994, le constat de leur très forte diminution entre 1960 et 1990, une période durant laquelle plus de la moitié de la surface des zones humides a disparu sur le territoire national.
C’est l’ambition d'Alain Tamisier, chercheur au CNRS en biologie et spécialiste de l’écologie des oiseaux, auteur d’un ouvrage sur ces problématiques. Il est nécessaire, selon lui, de laisser à ces milieux leur place pleine et entière au même titre que les déserts, les montagnes ou les littoraux, qui font l’objet d’une loi spécifique en 1985 pour les premiers et d’une autre en 1986 pour les seconds. Le chercheur se livre ainsi à un véritable plaidoyer dont l’argument central met en relief la forte dépendance des hommes à ces milieux naturels. La science doit démontrer et témoigner de l'importance de ces milieux auprès du reste de la population, ce qui devrait mener in fine à leur protection et à leur conservation. Aménagement versus protection, ces deux objectifs seraient-ils indépassables ? Comme une note d’espoir, la réponse du chercheur est négative. Ces milieux naturels doivent suivre le même chemin que celui emprunté par le patrimoine architectural. Leur inventaire, leur étude, en un mot leur connaissance doit permettre de faire du touriste le protecteur de la Nature. Cette ambition semble cependant devoir être nuancée car il paraît difficile de convertir les chasseurs dont l’activité doit absolument être davantage encadrée comme le rappelle Alain Tamisier. La chasse doit être pratiquée sur une période de 3 mois contre 7 actuellement. Ce n’est pas le principe de chasser qui est remis en question mais sa pratique actuelle (durée, horaire et période) et le non-respect du cycle naturel des oiseaux d’eau, notamment la nuit pour les migrateurs, qui, chassés à ce moment de la journée, ne peuvent se nourrir et reprendre des forces convenablement. Les touristes, extérieurs au territoire, seraient ainsi plus faciles à convaincre par ces objectifs de conservation que les populations locales qui pratiquent la chasse. Curieux paradoxe qui pointe, en cette année 1999, des questions majeures à venir concernant les conflits environnementaux, à savoir la place des experts et de la science dans la décision politique et celle réservée aux usagers dans les processus de participation.
Bibliographie
- Alain Tamisier, Olivier Dehorter, Camargue, canards et foulques : fonctionnement et devenir d'un prestigieux quartier d'hiver, Centre ornithologique du Gard, 1999.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Jacques Bailly
De la Camargue aux Pyrénées, la particularité du Languedoc ce sont ces zones humides, étangs et marais où nichent les oiseaux, où paissent taureaux et chevaux, où survit une flore parfois étrange.Mais ces zones sont devenues des déversoirs d’eaux usées, des émetteurs d’odeur nauséabonde en été, le refuge des moustiques.Elles freinent le développement touristique, certains pensent qu’il faut les combler.Ce n’est pas l’avis d’Alain Tamisier qui résume dans cet ouvrage plus de 30 ans d’observation scientifique, l’étude du milieu, des migrations, l’a conduit à une conclusion claire.
Alain Tamisier
Quand je suis touriste, je suis attiré soit par le désert, soit par la montagne, soit par les zones humides, ou soit par les forêts.Et à ce titre-là les zones humides ont toute leur place à l’échelle de la planète.
Jacques Bailly
Les zones humides sont menacées par l’activité humaine, agriculture, salines, chasse et tourisme.Pourtant la richesse de leur flore entretient tout un cycle de vie du poisson à l’eau, des biens patrimoniaux qui méritent un statut particulier.
Alain Tamisier
Jusqu’à preuve du contraire, l’humanité ne sait pas se passer de nature.La survie de l’humanité repose sur sa capacité à maintenir en état des milieux naturels parce que nous dépendons de ces milieux naturels ou semi-naturels.
Jacques Bailly
Le touriste est le pire ennemi de la nature, il piétine, saccage, brûle, fait fuir les animaux.Cependant pour Alain Tamisier, un compromis est possible.
Alain Tamisier
On a besoin de comprendre la nature et de la protéger de la même façon qu’on a compris et décidé de protéger le patrimoine architectural.
Jacques Bailly
Si l’on épure les eaux usées, si l’on n’étend plus les rizières et les salines, si le touriste devient le protecteur de la nature, reste un dernier obstacle, la chasse.Pour les scientifiques elle doit être limitée.
Alain Tamisier
La chasse occupe une place beaucoup trop importante.Ce n’est pas le principe de la chasse qui est en cause, c’est la façon dont elle est pratiquée, c’est la durée de la période de chasse, ce sont les heures de chasse qui sont en cause.
Jacques Bailly
Le succès de la reproduction des migrateurs n’est possible que si les oiseaux peuvent stocker des réserves au début et à la fin de l’hiver, deux phases capitales.
Alain Tamisier
Si on veut que la chasse soit compatible avec le respect des lois de la nature, il faudrait que la chasse ne commence pas tant que les réserves des oiseaux ne sont pas accumulées dans la première phase et dans la deuxième phase de l’hiver.En clair, il faudrait que la période de chasse soit réduite du mois d’octobre à la fin décembre ou début janvier.
Jacques Bailly
Réduire la chasse à une période de trois mois au lieu de sept mois ce serait une première révolution.Dans le Languedoc, il en faut une deuxième.
Alain Tamisier
La chasse de nuit qui est pratiquée ici, dans le Languedoc-Roussillon, est une hérésie biologique complète.Quand on sait que les canards se nourrissent la nuit, on comprend que les chasser la nuit c’est les empêcher par définition de pouvoir satisfaire leur besoin énergétique.
Jacques Bailly
Alain Tamisier est expert mais il ne serait pas décideur, même par défaut.Ses avis sont nourris par la connaissance scientifique et il laisse aux élus leur part, encore faudrait-il que ces derniers écoutent les experts.L’avis en tout cas est clair, les zones humides sont un capital biologique et même économique, aux yeux des biologistes, leur maintien est indispensable.
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