Portrait d'un mytiliculteur du port du Chichoulet
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Résumé
Pour répondre à une forte demande, des élevages de moules de pleine mer ont été installés sur des concessions de l’État cédées à des mytiliculteurs au large du port du Chichoulet à Vendres. Seules trois entreprises artisanales sur huit sont encore en activité et parviennent à faire face à la concurrence de la moule grecque et d’un prédateur redoutable : la daurade.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
20 juil. 2011
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Contexte historique
ParBiologiste Marin, Ostréiculteur
Au niveau national, la quantité de moules nécessaire à la consommation et à la transformation est de 180 000 tonnes dont 110 000 tonnes importées d’Espagne et d’Italie, avec une demande en produit frais de 40 000 tonnes. Ce fort déficit de production nationale a incité les mytiliculteurs à s’installer sur de nouveaux sites, en mer « ouverte » , hors des secteurs abrités déjà exploités.
Entre 1977 et 1981, les pionniers de l’élevage de moules de pleine mer, au large de Sète, testèrent plusieurs méthodes : soucoupes balastables, containers posés au fond... Mais la violence des tempêtes méditerranéennes détruisit 400 containers en 1979. En 1982, le CNEXO [1] testa en Bretagne une filière d’élevage de coquilles Saint-Jacques qui résista à une tempête de force 12 pendant 24 heures. Une mission d’étude fut alors organisée au Japon en 1985. Elle permit d’obtenir les informations indispensables à la maîtrise de la construction et de l’installation de filières d’élevage (Long line) en mer ouverte.
En Languedoc-Roussillon, seules les filières de sub-surface ont été acceptées par les pouvoirs publics. Elles sont constituées de cordes de 250 m et de 5 cm de diamètre, tendues à 5 m sous la surface, perpendiculairement à la côte, en travers du courant, sur des fonds de 15 m à 25 m. Elles sont maintenues au fond de l’eau par des corps-morts d’une à deux tonnes et en sub-surface par des bouées de 500 litres tous les 25-30 m. Les cordes d’élevage de moules sont suspendues le long de la filière.
Malgré le coût des installations et des nouveaux bateaux (barges) à construire, la rapidité de croissance et la qualité des moules produites entraînèrent un rapide développement de l’élevage en mer. Une superficie de 1 719 hectares a été concédée, elle est divisée en carrés de 300 m de côté (9 hectares), chaque carré pouvant accueillir 6 filières de 200-250 m, capables de produire entre 20 et 40 tonnes de moules chacune. La profession, aidée par le Cépralmar (Centre d’étude et de promotion des activités lagunaires et maritimes) exploitait en 1990 386 filières et produisait 5 000 tonnes de moules méditerranéennes (Mytilus galloprovincialis), le long des côtes du Languedoc-Roussillon, entre le Grau-du-Roi et Port-Vendres. Le potentiel espéré de 8000 tonnes ne fut jamais atteint, freiné dès 1996 par la prédation des daurades. En 2001, elles détruisirent 60% de la production.
Depuis cette époque, des techniques de protection ont été mises au point mais elles entraînent un surcoût de travail important et une baisse de croissance et de la qualité des moules. Du fait de l’importation de moules de Grèce et de Galice, seules quelques entreprises ont survécu, comme le signale dans ce reportage Thierry Blanc, mytiliculteur au port du Chichoulet à Vendres.
Actuellement, face à l’augmentation des températures estivales des eaux de l’étang de Thau qui peuvent atteindre les 30°C et entraîner une forte mortalité des moules, ainsi que des problèmes sanitaires sur celles d’importation, des tentatives de relance de la production de moules en mer se mettent en place.
[1] Centre national pour l’exploitation des océans : créé en 1967, il fusionnera en 1984 avec l’Institut des pêches pour devenir l’IFREMER.
Bibliographie
- Benoît Vidal Giraud, « État actuel de la conchyliculture en mer en Languedoc-Roussillon et perspectives de developpement », dans Fao Fish. Rep./Fao Rapp. Peches, n° 357, 1986, pp. 78-83.
- Benoît Vidal Giraud, Conchyliculture en mer ouverte en région Languedoc-Roussillon, Montpellier, Centre d'étude et de promotion des activités lagunaires et maritimes, 1988.
- Martine Antona, « La culture des moules en France : quelques aspects économiques » dans Équinoxe, n°30, 1990. pp.1-30.