Les Compagnons de Maguelone
- Vitesse de lecture: 1 x (normal)
Infos
Résumé
Depuis 1969, la presqu’île de Maguelone accueille l’association des Compagnons de Maguelone. Cette structure accompagne des personnes handicapées et leur permet d’exercer une activité professionnelle selon des conditions de travail aménagées. Élevage de moules et d’huîtres sur l’étang de Palavas, culture des vignes du domaine, production de vin bio… Les produits sont vendus sur place ou proposés aux clients du bar-restaurant des Compagnons.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
08 févr. 2016
Éclairage
Informations et crédits
- Type de média :
- Type du document :
- Collection :
- Source :
- Référence :
- 00100
Catégories
Thèmes
Lieux
Personnalités
Éclairage
Contexte historique
Paringénieur d’études, ART-Dev / Céreq
Huit heures du matin, non loin de Palavas-les-Flots, le soleil se lève sur les étangs. Qui sont ces lève-tôt venus en bateau inspecter les naissains d’huîtres ? Ce sont les Compagnons de Maguelone. Ces travailleurs présentant un handicap (84 personnes au moment du reportage) trouvent là l’occasion de participer à un « travail humaniste ». La conchyliculture se prête bien à cette innovation sociale résolument inclusive mais l’impératif économique n’est pas oublié pour autant. La culture des huîtres, conçue comme un « atelier à ciel ouvert », est exigeante et doit rencontrer son marché. Ces huîtres, les seules produites sur l’étang de Palavas, sont certifiées Sud de France et répondent à une demande croissante de clients attentifs à la qualité du produit. Les Compagnons de Maguelone mettent sur le marché, chaque année, environ 20 tonnes d’huîtres et autant de moules. Ils développent également une activité de pêche, de moindre ampleur, sur l’étang.
L’un des Compagnons parle avec enthousiasme du bonheur
qu’il a à travailler ici. Il a appris le métier, il y a déjà de nombreuses années, dans cet ESAT et il y est resté depuis. Les ESAT, établissements ou services d’aide par le travail, accueillent des personnes handicapées incapables, momentanément ou durablement, à temps plein ou à temps partiel, de travailler dans un milieu « ordinaire » de travail. Les ESAT offrent à ces personnes des possibilités d’activités diverses à caractère professionnel, ainsi qu’un soutien médico-social et éducatif, en vue de favoriser leur épanouissement personnel et social. La personne handicapée accueillie en ESAT n’a pas le statut de salarié, ne bénéficie pas d’un contrat de travail et ne peut faire l’objet d’un licenciement. Elle a droit néanmoins à une rémunération garantie
versée par l’ESAT.
L’association laïque Les Compagnons de Maguelone accompagne, depuis sa création en 1969, les personnes en situation de handicap en leur proposant des activités professionnelles (la conchyliculture mais aussi la pêche, le travail des vignes et la vente) ainsi que l’hébergement. Les Compagnons profitent d’un environnement naturel exceptionnel, entre vignes et étang, sur la presqu’île de Maguelone. Ils contribuent à protéger et à valoriser cet environnement, sans que les nombreux visiteurs de la cathédrale aient toujours conscience de leur contribution décisive.
Ce reportage, qui a le mérite de nourrir l’espérance, ne doit pas nous faire oublier les obstacles empêchant de nombreuses personnes handicapées de prendre, par le travail, toute la place qui leur revient dans la société. Certes l’emploi des personnes handicapées progresse, dans le secteur « ordinaire », sous l’effet des campagnes de sensibilisation et des aides financières accordées, sous conditions, aux employeurs. Mais ces personnes demeurent plus lourdement frappées que les autres par le chômage. Cette situation témoigne des représentations négatives persistant chez un certain nombre d’employeurs (représentations d’ailleurs souvent intériorisées par les personnes handicapées) et d’une méconnaissance des aides disponibles (pour l’embauche comme pour l’adaptation du poste de travail). Cela tient également au fait que les personnes souffrant d’un ou de plusieurs handicaps, physiques ou mentaux, sont surreprésentées dans les catégories sociales défavorisées.
Quant au secteur protégé
, il est par nature coûteux en termes financiers et humains. Il nécessite des infrastructures et des postes de travail aménagés, conséquents, et repose sur le travail de professionnels aguerris (moniteurs, éducateurs, médecins, psychologues, etc.), souvent épaulés par des bénévoles. Son développement en est évidemment freiné. On doit également relever que ce secteur « protégé » peine à s’imposer comme un sas vers le secteur « ordinaire ». N’empêche, Au royaume de l’espoir, il n’y a pas d’hiver !
Ce proverbe russe pourrait constituer une belle devise pour les Compagnons de Maguelone.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Anne-Sophie Mandrou
On va partir ce soir dans un très bel endroit, la presqu’île de Maguelone au milieu des étangs, près de Palavas.C’est là que travaillent les Compagnons de Maguelone, des personnes en situation de handicap, employées dans 6 ateliers différents comme la pêche ou la viticulture.Une véritable aventure humaine doublée d’une vraie réussite.C’est ce que vont nous raconter ce soir Valérie Cohen et Enrique Garibaldi.
Valérie Cohen
8 heures du matin, le soleil se lève sur les étangs.Nous embarquons pour l’atelier à ciel ouvert des Compagnons de Maguelone.Ici, on cultive des coquillages et une vision humaniste du travail.
Ludovic Chalton
Alors les garçons, on va regarder.Je ne sais pas si vous vous en rappelez, on avait acheté du naissain d’huîtres qui faisait un centimètre, un centimètre et demi, qu’on a collé au mois de septembre.Qu’est-ce que vous en pensez, elles sont bonnes ou on attend encore un petit peu pour les travailler ?On attend encore.On attend encore un petit peu hein ?
Valérie Cohen
Ces huîtres ici sont les seules produites sur l’étang de Palavas.Elles sont certifiées Sud de France et c’est une vraie reconnaissance pour Jean-Claude, Jean-Marie et les 84 compagnons de Maguelone.L’établissement emploie 84 travailleurs en situation de handicap dans un site exceptionnel, celui juste derrière moi, de la cathédrale de Maguelone.Se lever le matin, aller travailler, acquérir un savoir-faire.Des choses ailleurs banales, ici essentielles car il faut braver les éléments et balayer ses appréhensions.
Ludovic Chalton
On a trois ou quatre marins qui, tous les jours viennent avec nous sur le bateau, donc c’est un travail un peu plus spécifique, il faut avoir de l’équilibre, se baisser sous les barres, sachant que on sort où, il y a des fois il y a encore un petit peu plus de vent.Il faut pas avoir l’appréhension de l’eau.Donc c’est pas forcément des bons nageurs mais voilà, donc, ils sont équipés de gilets de sauvetage et après voilà, on est toujours maximum deux avec un éducateur sur le bateau et c’est des personnes qui sont très agiles et qui aiment bien en plus être dans ce cadre et travailler dehors.
Valérie Cohen
20 tonnes d’huîtres et autant de moules sont produites chaque année.Et la demande est en constante augmentation car la qualité est au rendez-vous et cela se sait.C’est la fierté de Francis, Compagnon depuis l’âge de 17 ans.
Francis Isus
Moi je suis arrivé à Maguelone je ne connaissais pas les huîtres.C'est un ancien moniteur qui m’a dit, Francis je vais t’apprendre à faire les huîtres, apprendre les coquillages.Et voilà, je suis lancé dans les coquillages.Et c’était le bonheur de voir des coquillages,et les moules, à Noël tu fais prendre des huîtres, même j’aime pas les huîtres, c’est pas grave.
Valérie Cohen
Vous n’en mangez pas vous ?
Francis Isus
Non.De les offrir oui, c’est le bonheur de mon travail.
Valérie Cohen
Yannick, lui, a opté pour la pêche et s’est découvert une vocation.
Yannick Dewess
Il y a moi et Jacques mon collègue, le pêcheur, on est une petite équipe, et c’est calme, on est dehors toute la journée, on prend l’air.
Valérie Cohen
Sur le site protégé de la presqu’île, les Compagnons forment depuis 1969 une communauté soudée.Au-delà des tâches partagées, des liens d’amitié se tissent et demeurent même après le départ en retraite.
(Bruit)
Valérie Cohen
Dans les vignes qui bordent la cathédrale du XIIe siècle, Nicolas n’a que 20 ans mais guidé par son éducateur, il a déjà trouvé sa place.
Nicolas Roux
Au début je ne le sentais pas mais après euh… Après quand on prend l’habitude, voilà, on peut y arriver.
Valérie Cohen
Vous avez confiance ?
Nicolas Roux
Oui, maintenant oui.Maintenant je me dis que comme j’ai mon boulot je peux faire, je peux avoir confiance en moi.
Guy Delmas
C’est l’encadrement technique parce qu’il faut leur expliquer aussi le travail.C’est reprendre les tâches, leur réexpliquer quand c’est mal compris.Mais c’est aussi, quand il y en a un qui arrive le matin et qui n’est pas bien, c’est de voir ce qui peut se passer, d’essayer de le remettre dans une dynamique de travail, essayer par le travail de lui faire un peu voir autre chose que ses problèmes.
Valérie Cohen
La récompense, c’est la fidélité des clients nombreux à fréquenter le point de vente et de restauration du domaine.
Vincent Médina
On va consommer quelques huîtres sur la presqu’île, servies par les Compagnons qui, eux-mêmes font la promotion du travail de leurs collègues.C’est ce qui renforce cette philosophie de travailler comme tout le monde.Alors on le dit parfois, ça peut paraître ridicule mais quand on sert un café à un client, qu’on soit Compagnon ou qu’on soit serveur dans un bar ordinaire, le client il veut un café chaud.Enfin voilà, l’exigence est exactement la même et donc les Compagnons sont soumis aux attentes de tout consommateur.
Valérie Cohen
Et la démarche pourrait se prolonger à Montpellier, les Compagnons ont un projet d’y créer d’ici deux ans une entreprise adaptée.
Sur les mêmes thèmes
Date de la vidéo: 08 déc. 1993
Durée de la vidéo: 02M 31S
Partenariat franco-allemand au domaine viticole de Villeroy
Date de la vidéo: 20 juil. 2011
Durée de la vidéo: 02M 43S
Portrait d'un mytiliculteur du port du Chichoulet
Sur les mêmes lieux
Date de la vidéo: 23 mai 2010
Durée de la vidéo: 02M 01S
Réintégration de tortues à Villeneuve-lès-Maguelone
Date de la vidéo: 07 sept. 2004
Durée de la vidéo: 03M 17S