La nappe souterraine de l’Astien
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Résumé
Entre Béziers et Sète, les communes du littoral sont alimentées en eau potable par une nappe phréatique située à proximité immédiate de la mer. Les périodes de sécheresse et la consommation excessive en période estivale diminuent fortement cette ressource en eau essentielle dont les fluctuations sont étroitement surveillées par les collectivités locales.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
02 juil. 1989
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- 00049
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Contexte historique
ParChargée de mission Eau au Conseil départemental de l’Hérault
La nappe Astienne est un aquifère souterrain qui s’écoule dans des sables déposés il y a plusieurs millions d’années et qui alimente en eau un vaste secteur situé entre Sète et Béziers. Cette ressource, d’une surface de 400 hectares, qui affleure puis glisse sous la mer à plus d’une centaine de mètres de profondeur, fonctionne tel un grand réservoir qui se remplit au gré des recharges de pluie et se vide proportionnellement aux prélèvements. Du fait d’une forte attractivité touristique, ceux-ci se concentrent principalement sur le littoral. Le territoire est ainsi quadrillé par plus de 800 forages, qui permettent de satisfaire l’alimentation en eau d’une vingtaine de communes, de nombreux campings mais aussi des cultures. Cette eau de très bonne qualité dessert 100 000 habitants permanents et jusqu’à 500 000 personnes en période touristique.
La ressource de l’Astien, connue depuis 1898, fait l’objet depuis plusieurs décennies d’une attention particulière. En effet, située en proximité immédiate de la mer, elle peut sous l’effet de phénomènes hydrogéologiques irréversibles, subir des intrusions d’eau saline et devenir ainsi impropre à la consommation humaine et à tout usage. Comme tout aquifère, l’Astien subit des fluctuations de niveaux. L’année 1989 a été marquée par une sécheresse et un déficit de recharge tels que les services de l’Etat [1] ont communiqué dès le mois de juillet sur la situation de la nappe et les risques associés aux prélèvements massifs, pour anticiper un possible état de crise.
Encore aujourd’hui, il est fréquent que les grands médias s’emparent du sujet de la sécurité de l’alimentation en eau, notamment par le biais de séquences diffusées pendant les journaux télévisés de 13h ou de 20h. Ce reportage, présenté en juillet 1989, expose la menace pour cette ressource, de prélèvements trop importants au regard de sa capacité, les risques en cas de maintien du même niveau de volume pompé et la manière de remédier au péril de pénuries. Il s’agit par exemple de suivre les niveaux de l’aquifère, d’alerter en cas de dépassement de seuils trop bas, et d’encourager les consommateurs à un usage plus sobre de l’eau. Michel Sallenave du SRAE ainsi que d’autres techniciens, exposent les travaux menés afin de mieux surveiller les fluctuations de la nappe astienne dits niveaux piézométriques. La modélisation numérique permet désormais d’évaluer ou de simuler l’impact de tout forage sur ce réservoir naturel. L’année suivant cette sécheresse exceptionnelle, une structure dédiée spécifiquement à l’étude et aux équipements de suivi de la nappe a été créée : le Syndicat Mixte d’Etudes et de Travaux de la nappe Astienne (le SMETA). Cette institution, labellisée Établissement public territorial de bassin, regroupe les collectivités locales desservies, le Conseil départemental ainsi que les chambres d’agriculture et du commerce et de l’industrie. Elle joue un rôle majeur dans la régulation des usages, le partage de l’eau et la mobilisation de nouvelles ressources, dites de substitution. Le reportage présente à ce titre le recours aux eaux en provenance des nappes alluviales de l’Hérault et de l’Orb, les deux grands fleuves héraultais situés à proximité de la nappe.
Trente ans plus tard, la recherche de nouvelles ressources reste d’actualité. Le canal Philippe Lamour, construit dans les années 1950 par la Compagnie Nationale d’Aménagement du Bas-Rhône Languedoc pour alimenter le Gard et l’est de l’Hérault par de l’eau en provenance du Rhône, a été récemment prolongé par une canalisation souterraine reliant Montpellier à l’Orb. Cette infrastructure, nommée Aquadomitia, contribue à soulager significativement la nappe astienne, en vue de préserver son intégrité tout en autorisant le développement de nouvelles activités économiques consommatrices en eau. Ces nouveaux usages doivent cependant être restreints et rester économes en eau. L’actuel Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux animé par le SMETA et validé par arrêté préfectoral, demeure un cadre réglementaire de gestion de la ressource. Il garantit qu’en tout point du territoire, les prélèvements n’excèdent pas les volumes disponibles.
Plus de 30 ans après la sécheresse de 1989, l’adéquation entre la ressource disponible et les besoins en eau reste centrale. L’aquifère de l’Astien fait aujourd’hui l’objet d’une attention accrue. En raison de l’augmentation croissante de la population permanente et saisonnière sur ce secteur, le partage de l’eau est plus que jamais nécessaire, alors que le risque d’intrusion d’eau salée est de plus en plus marqué sous l’effet du changement climatique. Les préleveurs sont aujourd’hui obligés de diminuer les quantités d’eau pompées pour assurer la pérennité de la nappe. Ironie du sort, le reportage de 1989 conclut sur le péril que représenterait une eau de piscine salée, alors qu’on étudie actuellement les possibilités techniques et réglementaires de remplissage des piscines par d’autres réseaux que celui d’eau potable, en imaginant de remplir d’eau de mer celles des campings situés sur le littoral.
[1] le Service régional d’aménagement des eaux, le SRAE, devenu depuis Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement Occitanie
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