L'école taurine de Pérols
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Résumé
L’école taurine de Pérols réunit deux traditions tauromachiques : la course camarguaise, dite « course libre » et la corrida. Les futurs raseteurs et toreros apprennent le métier, d’abord devant un tableau noir, puis dans les arènes où la confrontation avec le taureau leur permet de mesurer le danger et d’évaluer leur détermination à poursuivre cet apprentissage.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
31 juil. 1987
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Contexte historique
ParDocteur en sociologie
Le reportage sur l’école taurine de Pérols, village proche de Montpellier, est intéressant à plusieurs titres. En faisant se côtoyer la corrida espagnole et la course camarguaise, cette école évoque l’histoire complexe des spectacles taurins méridionaux qui ont longtemps mêlé les deux formes de tauromachies. Ce faisant, le reportage attire aussi l’attention sur l’aspect commun le plus essentiel, qui est la rencontre dangereuse entre l’homme et l’animal sauvage. L’école permet à l’apprenti de se confronter à la peur et de tester sa capacité à affronter au plus près la corne du taureau. On comprend que si beaucoup d’adolescents rêvent de descendre dans l’arène, peu nombreux sont les élus parvenant à faire carrière. Remarquons aussi que le directeur de l’école, Daniel Siméon, appartient à la fratrie des Siméon, raseteurs vedettes des années 1970-1980, originaires de Pérols, qui ont révolutionné la pratique du raset et relancé l’intérêt populaire pour la course camarguaise. Le plus célèbre d’entre eux, Jacky, en activité entre 1973 et 1989, s’est exprimé dans plusieurs livres sur ce qui oppose, mais aussi rapproche la course de la corrida, et se présente comme un « torero-raseteur » pour qui le jeu avec le taureau est un art plutôt qu’un sport.
Depuis les années 1980, les écoles taurines ont évolué : elles sont aujourd’hui exclusivement tournées vers la formation des apprentis raseteurs, sous le contrôle de la Fédération française de la Course camarguaise (FFCC). Celle-ci est chargée de réglementer le déroulement des courses et d’optimiser les performances sportives des raseteurs. Mais elle est aussi une association « traditionnelle » qui regroupe de multiples acteurs de la « bouvine » : manadiers éleveurs de taureaux et de chevaux, gardians professionnels et amateurs, clubs taurins organisateurs de courses et de manifestations taurines. Les éléments fédérateurs en sont le taureau et la Fe di biòu (la passion pour le taureau). C’est pourquoi les écoles de raseteurs sont placées sous l’invocation : Libre de défier le Seigneur de Camargue
. À l’instar des autres fédérations sportives reconnues par l’État, la FFCC dispose de techniciens diplômés qui encadrent les jeunes élèves (à partir de 8-10 ans). L’entraînement, de type athlétique, est d’abord axé sur la rapidité de course, l’agilité et le saut des barrières (hautes de 1,20 m) qui permettent de se mettre à l’abri du taureau. Puis se succèdent les étapes de confrontation à l’animal, depuis le carreton (taureau factice) et les vachettes aux cornes emboulées, jusqu’aux jeunes taureaux. L’école taurine initie enfin à la technique du raset, qui consiste à s’emparer des « attributs » (cocarde, glands, ficelles) fixés entre les cornes du taureau, à l’aide d’un crochet en métal.
Depuis le début des années 2000, la FFCC compte près de 20 écoles taurines réparties entre Bouches-du-Rhône, Gard et Hérault et regroupant quelque 300 élèves. En 2022, 7 écoles héraultaises quadrillent la petite Camargue : Lunel, Marsillargues, Lansargues, Baillargues, Mauguio, Pérols, et poussent jusqu’à Portiragnes. De ces écoles sont censés sortir les futurs raseteurs professionnels appelés à concourir tout au long de la temporada, de mars à novembre, dans les arènes languedociennes et provençales. Mais les vocations peuvent être mises à mal par des accidents meurtriers : en quelques mois (2021-2022), deux jeunes raseteurs sont morts dans les arènes.
En année normale, une centaine de raseteurs participe à quelque 750 courses. Dans l’Hérault, environ 160 courses sont organisées essentiellement par les clubs taurins d’afeciounas (supporters) dans une vingtaine d’arènes plus ou moins actives, parmi lesquelles les communes littorales de Candillargues, Frontignan, La Grande-Motte, Lansargues, Lattes, Marsillargues, Mauguio, Palavas, Pérols, Portiragnes et Villeneuve-lès-Maguelone. Les raseteurs sont répartis en trois groupes : As, Avenir, Honneur, qui se disputent les titres de Champions de France ou de vainqueurs des Trophées. Pour la saison 2022, le Trophée des As rassemble 27 raseteurs, le Trophée Honneur 36 et le Trophée de l’Avenir 42, soit au total 105 raseteurs professionnels.
Transcription
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Date de la vidéo: 03 janv. 1972
Durée de la vidéo: 07M 35S