Course camarguaise à Marsillargues
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Concours de manades dans les célèbres arènes de Marsillargues : les taureaux de la manade Henri Laurent sont en compétition avec ceux de la manade des frères Cuillé. Les deux élevages rivaux présentent des « cocardiers » de qualité parmi lesquels plusieurs « Bioù d’Or ».
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
12 nov. 1990
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Contexte historique
ParDocteur en sociologie
Cette course de fin de saison dans les arènes de Marsillargues réunit plusieurs vedettes de la bouvine devant un public de connaisseurs. Tout d’abord, les arènes elles-mêmes sont parmi les plus connues de la région, au point d’avoir été protégées au titre des monuments historiques en 1993, en même temps que celles voisines du Cailar et de Saint-Laurent-d’Aigouze dans le Gard. Symboliquement, elles occupent la quasi- totalité de la place centrale du village, entre la mairie, l’église et le château. Leur forme, laissée libre par les règlements de la Fédération de la course camarguaise, propose un rectangle aux angles arrondis, qui n’est pas sans influer sur le comportement des taureaux et le choix de leur « terrain » dans leur duel avec les raseteurs. Les tribunes d’origine (1960), constituées d’échafaudages tubulaires en mauvais état, ont été démontées et remplacées en 2017. Les arènes ont une capacité d’accueil de 800 places.
Ensuite, le spectacle taurin est assuré par deux des principaux élevages du moment, selon la modalité fréquente du « concours de manades » opposant des biòus [1] de deux élevages rivaux. La course présente donc les six taureaux habituels, auxquels est adjoint un septième en complément de programme. La manade Laurent, installée en pleine Camargue au nord de Salin-de-Giraud depuis 1944 s’est constituée à partir de lots de bétails achetés à l’élevage Baroncelli-Aubanel qui est à l’origine de la race Camargue. Le troupeau qui a compté jusqu’à 500 têtes en 2003, avant d’être abattu en totalité pour cause de tuberculose puis progressivement reconstitué, a donné à la famille Laurent une douzaine de Biòus d’Or [2], ce qui en fait l’élevage le plus primé de la course camarguaise. Parmi eux, Goya a sa statue grandeur nature à Beaucaire. La manade Cuillé, plus récente, créée à Générac au sud de Nîmes en 1971 par des gardians amateurs, s’est constituée avec du bétail acheté à Laurent, et a produit Mignon, Biòu d’Or à trois reprises.
La course présentée ici réunit donc des bêtes de qualité, parmi lesquelles Filou, de Laurent, élu Biòu d’Or en 1987. Un autre taureau renommé est Vidocq, cocardier très dangereux qui, dans les années précédentes a grièvement blessé plusieurs raseteurs, en particulier Jacky Siméon en 1989. Le héros de la journée est cependant Castor (toujours de Laurent) qui fait sa despedida (ses adieux à la piste) et s’apprête à prendre sa retraite. Le commentateur note sa particularité de présenter des cornes « en avant » qui caractérisent plutôt les toros braves espagnols. La raço di biòu camarguaise, malgré ses revendications de « pureté », a connu, de la fin du XIXème au début du XXème siècle, de nombreux croisements avec du bétail acheté en Espagne.
Enfin, la vidéo cite quelques raseteurs s’étant distingués ou particulièrement connus. C’est le cas de Patrick Auzolle ou Olivier Arnaud, et surtout de Christian Chomel, grande vedette de la discipline, en activité entre 1976 et 1996, qui avait remporté le Trophée des As [3] l’année précédente pour la quatrième fois. C’est lui qui s’attaque à Vidocq.
Le reportage permet d’évoquer plusieurs phases d’une course camarguaise. La capelado est l’entrée dans la piste des « tenues blanches » sur deux colonnes, qui saluent la présidence dans la tribune d’honneur. Les raseteurs ont leur crochet à la main, et sont accompagnés de tourneurs, anciens raseteurs qui les aident en incitant le taureau à se placer de façon favorable à la réussite du raset. On assiste également à plusieurs « coups de barrière » des taureaux poursuivant les raseteurs et les obligeant à sauter hors de la piste. Ces actions d’éclat des biòus sont saluées, à la diligence du président de course, par l’air du Carmen de Bizet, qui peut retentir à plusieurs reprises durant les 15 minutes que dure la prestation en piste de l’animal, ainsi qu’à sa rentrée au toril.
[1]. Le terme provençal biòus (littéralement : bœufs) désigne les taureaux utilisés dans les courses camarguaises, en principe castrés et jugés aptes par leur éleveur à devenir de bons « cocardiers ».
[2]. Un jury de spécialistes élit chaque année le meilleur cocardier de la saison. Le Biòu d’Or est l’équivalent du Ballon d’Or en football.
[3]. Le Trophée des As est la compétition sportive qui réunit les meilleurs raseteurs. Le vainqueur annuel, officiellement Champion de France, a marqué le plus de points à l’occasion de ses rasets victorieux dans les principales courses de la saison.