Adoption de la retraite à soixante ans par le gouvernement Mauroy
Notice
A la suite de discussions avec les partenaires concernés, le gouvernement de Pierre Mauroy décide d'abaisser la retraite à 60 ans. Pour le ministre des Affaires sociales, Pierre Beregovoy, cette décision constituera un "événement de notre histoire".
Éclairage
Au lendemain de leur victoire aux élections présidentielle et législative de 1981, les socialistes adoptent un certain nombre de réformes sociales, qui visent à la fois à améliorer les conditions des travailleurs et à lutter contre le chômage en créant des emplois. Ces réformes reprennent des vieilles revendications de la gauche et s'inscrivent dans la lignée de celles adoptées par le Front Populaire en 1936.
Le gouvernement de Pierre Mauroy décide ainsi de baisser la durée du travail en instaurant une cinquième semaine de congés payés et en diminuant la durée légale hebdomadaire du travail, qui passe de 40 à 39 heures sans diminution de salaire (ordonnance du 18 janvier 1982). Ces réformes sur le temps de travail furent complétées le 4 février 1983 par l'abaissement de l'âge de la retraite à 60 ans, après négociations avec les différentes organisations concernées. Cette réforme, si elle faisait l'unanimité au sein des classes ouvrières, provoqua certaines discussions des plus âpres avec la Confédération générale des cadres, notamment quant au niveau des retraites versées. Cette réforme représente un tournant majeur à plusieurs points de vue. Elle permet tout d'abord d'allonger considérablement la durée des retraites, d'autant que l'espérance de vie moyenne ne cesse d'augmenter. La catégorie des "retraités" prend ainsi une dimension nouvelle au sein de la société française. Une autre conséquence de la réforme est qu'elle pèse considérablement sur la Sécurité sociale.
Or le problème du coût de la Sécurité sociale était devenu, depuis la montée du chômage qui diminuait les recettes, un problème lancinant. Il ne cessera de s'accroître en raison de la progression du chômage mais également des déséquilibres démographiques (il y a de moins en moins d'actifs pour de plus en plus d'inactifs), n'épargnant plus aucun gouvernement.