Pierre Soulages vu par Michel Dieuzaide
Notice
Le réalisateur et photographe Michel Dieuzaide est convié à la télévision toulousaine afin de présenter son documentaire intitulé Pierre Soulages, été 1986. Les extraits choisis pour illustrer ce reportage montrent la particularité de ce portrait filmé : celui de proposer un mariage entre les toiles de Pierre Soulages, la musique et les sons. L'entretien porte ensuite sur la réalisation de ce type de documentaire et sur la difficulté pour le réalisateur de rester neutre.
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Éclairage
En février 1988, la cinémathèque de Toulouse consacre une rétrospective au travail du photographe et réalisateur Michel Dieuzaide au cours de laquelle est présenté le film documentaire Pierre Soulages, été 1986. Cette archive, tirée de la télévision locale toulousaine, propose quelques extraits de ce film ainsi qu'un court entretien avec le réalisateur. Fils du célèbre photographe Jean Dieuzaide, Michel Dieuzaide se forge très tôt un prénom dans le domaine artistique en collaborant dès 1977 avec le Centre Pompidou à la réalisation de portraits filmés d'artistes plasticiens et musiciens. Dans cette veine, il débute en 1986 un documentaire sur Pierre Soulages dans lequel il propose un mariage jusqu'alors jamais tenté entre l'image des toiles de l'artiste et la musique. La bande son de ce portrait filmé mixe musique classique et contemporaine avec des bruits de la vie courante et de la nature. Au début de l'extrait montré dans ce reportage, on peut ainsi entendre une pièce pour piano de Bach, mixée avec quelques accords de Boulez, puis suit le bruit d'une cognée qui abat un arbre en forêt, une pièce pour voix de Luciano Berio chantée par Cathy Berberian, l'arbre qui tombe, puis en clôture d'extrait le cri d'une chouette la nuit. Lors de cet entretien a télévision toulousaine, Michel Dieuzaide a tenu à souligner l'équilibre qu'il a souhaité maintenir entre ses propres choix artistiques et ceux fait par Pierre Soulages. Avant lui, plusieurs réalisateurs s'étaient penchés sur la transmission visuelle de l'œuvre du maître, tels que Jean-Michel Meurice ou André Romus. Michel Dieuzaide expose cependant dans cet entretien la difficulté de la transmission de l'œuvre de Soulages par l'image sans en imposer son propre partis-pris visuel au spectateur, sans glisser vers l'interprétation trop personnelle. Même si l'acte de filmer une œuvre est déjà, en un sens, une interprétation personnelle, il n'est pas question de dénaturer la parole de l'artiste et le message contenu dans l'œuvre. En ce sens, si Michel Dieuzaide impose un fond musical très particulier à ce documentaire, il avoue dans cet extrait en avoir fait part avant parution à l'artiste qui a semblé “désarçonné”. A plusieurs reprises, lors d'entretiens, Pierre Soulages a déclaré que la musique représentait pour lui une entité artistique à part entière et qu'elle ne pouvait, à ce titre, s'incorporer dans son processus de création. S'il a avoué avoir été déconcerté par la proposition artistique de Michel Dieuzaide, Pierre Soulages a accepté ce portrait fait de lui et cette ouverture donnant une tribune originale à son Œuvre.