Maurice Arreckx, nouveau Conseiller général du Var
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Maurice Arreckx, député maire de Toulon, vient d'être élu président du Conseil général du Var, ce qui met fin à la longue présidence d'Édouard Soldani et à la domination des socialistes. Il appelle tous les élus du département à travailler ensemble.
Date de diffusion :
18 mars 1985
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Le département du Var était à majorité de gauche depuis les débuts de la IIIe République, et à direction socialiste de façon continue depuis 1922. C'est dire combien était forte cette "tradition" dès avant la guerre dans un département qualifié de "rouge". Après la Libération, la génération de la Résistance avait pris le relais avec plusieurs fortes personnalités, dont Édouard Soldani. Il avait été l'un des chefs de la Résistance non communiste de l'arrondissement de Draguignan et était devenu l'un des patrons de la SFIO du Var. Élu conseiller général du canton de Lorgues en 1945 (il le restera jusqu'en 1991) et conseiller de la République dès 1946 (il est encore, pour quelques mois, sénateur en 1985), il est choisi par ses pairs pour présider le Conseil général du Var en 1956. C'était pour ce fils d'immigré italien, ancien répétiteur au Lycée, affecté de claudication, une sorte de revanche. Homme d'action et de pouvoir, excellent orateur, fidèle à Gaston Defferre sur le plan régional (il siégeait au Conseil régional et en était l'un des vice-présidents), il incarnait une gauche modérée et faiblement réformiste. Il régnait sur une bonne partie des élus du Var intérieur, qui appartenaient souvent à la même génération et à la même culture que lui. Mais la formidable mutation démographique et sociologique que connaît le Var depuis les années 1960 a peu à peu sapé les bases de son électorat. Le poids des villes du littoral, presque toutes gagnées à droite, ont renversé le rapport entre le Var intérieur et la côte. Le transfert de la préfecture de Draguignan à Toulon en 1974 l'avait illustré. Alors que la France basculait à gauche, le Var, une fois passée la "vague rose" de 1981, devenait l'un des prolongements politiques des Alpes-Maritimes et l'un des bastions du PR. L'année précédente, en 1984, Soldani avait perdu la mairie de Draguignan, qu'il détenait depuis 1958, au profit d'un séide de Jacques Médecin (qui finira dans la même opprobre que ce dernier). Au Conseil général, le " Vieux lion " avait prolongé son pouvoir en 1982 en passant un accord avec les communistes. Les élections cantonales de mars 1984 entérinent le basculement du Conseil général à droite : le conseil est désormais dominé par 16 UDF et 8 RPR, alors que la gauche ne compte plus que 14 conseillers (12 PS, 2 PC).
Le maire de Fréjus, François Léotard ayant d'autres ambitions, c'est tout naturellement Maurice Arreckx, conseiller général de Toulon depuis 1958 (et maire de la ville depuis 1959), qui est élu président du Conseil général. Maurice Arreckx vient du catholicisme social et de l'"escartefiguisme", une variante toulonnaise de la droite populiste méridionale. Conservateur, il a longtemps répugné à prendre une étiquette précise, avant de choisir les Républicains indépendants en 1975 après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République. L'homme est affable, serviable, simple. Il a une vocation "sociale" et le combat contre le pouvoir gaulliste a souvent uni la gauche et la droite traditionnelle qu'il représente. Arreckx et Soldani n'ont pas les mêmes références idéologiques et ne représentent pas les mêmes intérêts, mais ils oeuvrent ensemble depuis longtemps et ont eu des adversaires communs à droite et à gauche. Arreckx vient de remplacer Soldani à la présidence de l'Association des maires du Var. Avec le maire de Toulon, la transition se fait, en quelque sorte, naturellement, bien que le contexte politique - une gauche affaiblie, une droite radicalisée - tende à creuser l'écart entre les deux familles, d'autant qu'en 1986 les élections législatives et les élections régionales peuvent faire basculer les majorités (c'est le sens de l'allusion que fait Maurice Arreckx aux "échéances de l'an prochain"). Mais, en fin de compte, le changement de majorité au sein du Conseil général du Var relève davantage du passage de relais que de la rupture, du moins dans les méthodes et dans l'action. Les propos apaisants de Maurice Arreckx reflètent cette réalité. Une partie des "barons" du soldanisme, dans la logique d'un système clientéliste, a fait ou fera d'ailleurs allégeance au nouveau "patron" du Var, changeant même d'appartenance politique. Mais la rupture n'en est pas moins réelle et forte, sur le plan politique et symbolique. C'est en fait plus d'un siècle d'histoire, celle du "Var rouge", dont on vient de tourner la page.
Bibliographie :
Maurice Arreckx et Charles Galfré, Un Combat pour le Var. L'histoire du Conseil général 1790-1990, Aix-en-Provence, Edisud, 1990.
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