Le Racing Club de Toulon vainqueur de la coupe d'Europe de rugby
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Sous la houlette de leur capitaine Jonny Wilkinson, au Millenium Stadium de Cardiff, les Toulonais ont remporté pour la seconde fois le titre de champion d'Europe en battant les londoniens de Saracens 23 à 6.
Date de diffusion :
24 mai 2014
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Le RCT vient de remporter pour la deuxième fois consécutive la coupe d’Europe - la HCup (Heineken Cup) - au Millenium Stadium de Cardiff contre les Saracens, battus 23 à 6. Il va une semaine après remporter le championnat de France - le Top 14 - contre Castres. Il gagnera à nouveau la HCup en 2015, devenant le premier club à réaliser le triplé. Ce succès marque la nouvelle vie du RCT dans le cadre de la professionnalisation du rugby à XV et l’étonnant succès d’un homme, son président, Mourad Boudjellal, qui s’est fixé pour objectif de faire du club toulonnais le club de référence en Europe.
Entre sa victoire en championnat de France en 1987 (voir Le RCT, champion de France) et 2009, le RCT n’a cessé de connaître des hauts et des bas. Ayant retrouvé les sommets en 1993 et 1995, années où il perd en finale contre Castres, le club, grevé par un déficit important, est rétrogradé en 2e division (ProD2) en 2000. Revenu en Top 14, en 2005, il repasse en ProD2 l’année suivante. C’est alors que Mourad Boudjellal le prend en mains, d’abord en association, puis, assez vite, seul en se lançant dans une politique de recrutements internationaux de plus en plus ambitieuse. Commencée avec l’arrivée à Toulon de l’ancien capitaine des All Blacks, Tana Umaga, elle est incarnée par le spectaculaire recrutement du demi d’ouverture anglais, Jonny Wilkinson, joueur international prestigieux, exemplaire dans sa conduite comme par la régularité de son coup de pied. Sa fidélité au club, l’état d’esprit qu’il contribue à lui donner, l’engouement dont le public entoure ce buteur prodige lui confèrent une place emblématique dans la résurrection du RCT. La double victoire de 2014 ne pouvait qu’être offerte à celui qui était devenu le capitaine du club et qui allait clore sa carrière de joueur sur cet exploit. D’autres internationaux, comme le 3e ligne argentin Juan Martin Fernandez Lobbe qui est interviewé, étaient venus renforcer une équipe qui pouvaient ainsi aligner de nombreux joueurs vedettes de l’hémisphère sud (Sud-Africains comme l’ailier Bryan Habana ou le 2e ligne Bakkies Botha, Australiens comme Matt Giteau) ou des Français comme Mathieu Bastareaud ou Frédéric Michalak, au milieu desquels évoluaient un petit nombre de Toulonnais, comme le talonneur Jean-Charles Orioli que l’on aperçoit en début de reportage. Mais c’était la conséquence d’une professionnalisation et donc d’une internationalisation assumée par la direction du club qui avait choisi d’y consacrer près de 30 millions d’euros, soit l’un des plus gros budgets du Top 14. Cette politique lui permettait aussi de faire venir à Toulon un encadrement de même hauteur, autour d’abord de Philippe Saint-André, puis, à partir de 2012, de Bernard Laporte, ancien entraîneur de l’équipe de France.
Cette transformation du club, longtemps représenté par des joueurs issus du petit peuple toulonnais, en une « affaire » gérée comme une entreprise n’a pas dissocié le club de sa ville, bien au contraire puisque son succès lui a apporté une notoriété qui, par ailleurs, lui fait défaut. Le reportage en apporte l’illustration : le RCT, plus que jamais, est emblématique de Toulon. Cette success-story est l’œuvre de Mourad Boudjellal, un manager étranger au monde du rugby, atypique parmi les élites économiques et inattendu dans une région où la xénophobie ne date pas d’aujourd’hui. Curieusement, ce personnage très médiatique, qui sait faire parler de lui, volontiers iconoclaste, est absent du reportage. Pourtant, il porte le club de ses deniers (il en est l’actionnaire principal depuis 2006), de ses ambitions et de sa volonté. Cette volonté comporte plusieurs aspects. L’un est de revanche sociale pour ce fils de l’immigration (algérienne du côté maternel, algéro-arménienne du côté paternel) et de la périphérie toulonnaise (son père était chauffeur de poids lourds), qui s’est fait lui-même et dont la réussite économique a été remarquable : libraire puis éditeur de bandes dessinées, il est parvenu à hisser sa société, Soleil Productions, créée en 1989, au 3e rang de l’édition française de BD en 2006. Marginal dans le monde économique de la région (tant par ses origines que par son comportement et ses propos), il s’impose comme un manager d’une redoutable efficacité en dirigeant le RCT auquel il se consacre prioritairement depuis qu’il a vendu sa société d’édition en 2011. Critiqué et jalousé dans le milieu du rugby auquel il donne volontiers des « leçons », il s’y impose par son choix délibéré d’une professionnalisation sans complexe. Homme venu de la gauche, il la bouscule en faisant l’éloge de la mondialisation et en faisant alliance avec la droite locale, tout en secouant son électorat par ses diatribes contre l’extrême droite. Homme du Sud, resté attaché, malgré tout, à ses racines, Mourad Boudjellal entendait contribuer à la reconstruction d’une identité toulonnaise en « vendant du rêve » à sa ville, une ville en mal de projet et où le RCT restait finalement le seul dénominateur commun. Incontestablement, il voulait aussi donner une leçon après le calamiteux épisode de la municipalité Front national entre 1995 et 2002 : « Je voulais dire aux Toulonnais qui venaient de voter FN : voilà ce qu’un enfant de l’immigration peut faire de votre équipe. Avec ce RCT multiculturel et ouvert sur le monde, j’espère avoir fait bouger les mentalités » (Le Monde, 25 novembre 2015). Le succès du RCT est aussi le succès de cette ambition.
Bibliographie
- Mourad Boudjellal (avec Arnaud Ramsay), Ma mauvaise réputation, Paris, La Martinière, 2013, 256 p.
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