Le RCT, champion de France
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Les rugbymen du RC Toulon ont remporté la finale du championnat de France face au Racing-Club de France au Parc des Princes.
Date de diffusion :
04 mai 1987
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Contexte historique
ParMaître de conférences en histoire contemporaine à l’Inspé de l’Université d’Aix-Marseille
Le 2 mai 1987, le Rugby Club Toulonnais (RCT) dispute, depuis sa création en 1908, sa sixième finale de championnat de France. Seule la première de ces finales a été remportée, en 1931, face au Lyon Olympique Universitaire. Les autres - en 1948, 1968, 1971 et 1985 - n'ont laissé que des souvenirs de défaite aux Toulonnais. La dernière, perdue face au Stade Toulousain à l'issue d'une rencontre particulièrement serrée et spectaculaire, achevée après prolongations, a laissé sur les bords de la rade un goût très amer. Les Toulonnais peuvent néanmoins se targuer d'être les seuls à rivaliser avec les clubs du Sud-Ouest. Dans un sport pourtant fortement méridionalisé, aucun autre club du Sud-Est n'est, en effet, parvenu à se forger un palmarès équivalent. Mais cette distinction ne suffit pas. Le RCT est partie prenante d'une identité toulonnaise qui cherche à se démarquer d'une image du port uniquement liée à la Marine de guerre. Le rugby est devenue le sport emblématique de la ville. Daniel Herrero, ancien joueur du RCT et entraîneur en 1987, observe que "marquée par un profond sentiment d'abandon, la ville a trouvé dans le rugby un espace où elle peut exprimer sa volonté d'exister, son désir d'être reconnue et pourquoi pas aimée". Cette forme de complexe est renforcée par la réputation du club sur les terrains et dans les tribunes. Le jeu toulonnais est habituellement considéré comme rude et méchant. En outre, les équipes adverses redoutent les matchs au stade Mayol où le public se montre particulièrement passionné. Cette réputation tranche avec la douceur du muguet, emblème du club depuis que le chanteur Félix Mayol qui arborait toujours cette fleur au revers de sa veste, a offert un terrain au racing, en 1920. Le Stade Mayol, situé au centre de la ville, à côté de Besagne, quartier populaire et coeur de la cité, est devenu dès lors le "temple" du RCT.
En 1987, le spectacle et la légèreté sont du côté du Racing Club de France, l'adversaire du RCT en finale. Le public est, en effet, séduit par les frasques des trois quarts du club doyen de la capitale. Le "show bizz", comme s'appellent eux-mêmes ces joueurs, se présente ainsi sur le terrain du Parc des Princes, au coup d'envoi de la finale, avec un noeud papillon rose. Il n'en reste pas moins que le RCT fait figure de favori de cette finale, au regard de la saison écoulée. L'équipe s'appuie notamment sur deux joueurs internationaux qui viennent de remporter le grand chelem au cours du Tournoi des Cinq Nations et s'apprêtent à disputer la Coupe du Monde, Jérôme Gallion et Éric Champ. De plus, la presse loue la puissance du pack d'avant toulonnais. Les joueurs aux couleurs rouge et noir mènent tout le match. Daniel Herrero écrira dans Passion ovale : "Le combat fut classique, c'est-à-dire acharné. Loyal à l'évidence, tellement les troupes en présence se respectaient". Les Parisiens effectuent toutefois un retour dans les vingt dernières minutes qui tient le public en haleine. Finalement, après une ultime tentative d'égalisation manquée par le Racing, les joueurs du RCT peuvent brandir le traditionnel bouclier de Brennus, remis au vainqueur de la finale.
À Toulon, la foule s'empare de la rue une partie de la nuit pour fêter la victoire. Le lendemain, L'Équipe titre à la une "Toulon hisse le grand pavois" dans un clin d'oeil à la tradition maritime de la ville. Les joueurs sont accueillis sur le tarmac de l'aéroport d'Hyères par 4 000 personnes enthousiastes, en dépit de la pluie. Sur le chemin menant au Stade Mayol, le correspondant de L'Équipe décrit "une énorme marée noire et rouge, presque inhumaine à force d'être colorée et criante". Ils sont près de 30 000 à acclamer les joueurs. Le titre de 1992 est à nouveau l'objet de manifestions de joie collective. À l'inverse, la rétrogradation du club en deuxième division, en 2000, pour une mauvaise gestion, suscite consternation et tristesse. Avec le retour dans l'élite en 2008, le public toulonnais espère revivre le bonheur d'une finale victorieuse, comme en 1987.
Bibliographie :
Collectif, Mémoires de rugby, Toulon, Conseil Général et Cedis, 2008, et DVD.
Daniel Herrero, Passion ovale, Editions du Rocher, Monaco, 1990.
Daniel Herreri, Dictionnaire amoureux du rugby, Paris, Plon, 2007.
Jean Lacouture, Voyous et gentlemen : une histoire du rugby, Paris, Gallimard, 2007.
Transcription
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