La position de Jack Lang vis-à-vis des cultures régionales
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Résumé
À Octon, dans l’Hérault, Le ministre de la culture Jack Lang évoque les grandes lignes de sa politique envers les cultures régionales. À Montpellier, il inaugure le Musée Fabre en compagnie de Georges Frêche, maire de la ville. Le ministre signe ensuite la première convention régionale de développement culturel passée entre l'État et une région, dans les locaux de l'Office régional de la culture.
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Date de diffusion :
11 mars 1982
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Contexte historique
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En mars 1982, moins d’un an après l’arrivée de la gauche au pouvoir, le nouveau ministre de la Culture Jack Lang vient en Languedoc-Roussillon signer la première convention régionale de développement culturel. À l’occasion de cette visite, il se rend à Octon, petit village de l’arrière-pays héraultais, pour un rendez-vous public et médiatique qui se veut à l’image de la nouvelle politique culturelle : soutien aux cultures populaires, décloisonnement, accès démocratisé, reconnaissance des cultures régionales.
Ce n’est pas un hasard si le ministre socialiste choisit le Languedoc et s’exprime en faveur du soutien aux cultures de « l’Occitanie ». Notons que si le terme est aujourd’hui courant, en 1982, le concept d’Occitanie est clairement militant et renvoie directement aux revendications des mouvements régionalistes. Cette Occitanie, le Languedoc en particulier, est un fief historique de la gauche et a apporté un large soutien à l’élection de 1981. Des personnalités et organisations occitanistes ont d’ailleurs contribué directement à l’élaboration du programme de la gauche.
Dès la fin des années 1960, on remarque une certaine porosité entre les nouveaux concepts de l’occitanisme politique (le « colonialisme intérieur ») et une frange de la mouvance socialiste : Michel Rocard présente d’ailleurs aux Rencontres socialistes de Grenoble en 1966 le fameux Rapport « Décoloniser la Province ». Pour autant, jusqu’au milieu des années 1970, à la différence du Parti communiste, le traitement de la question linguistique et culturelle reste encore très timoré dans les discours et programmes du PS.
C’est d’ailleurs en partie pour mobiliser derrière l’étendard socialiste qu’un véritable programme culturel socialiste est forgé au cours de la décennie sur la problématique de la « libération » de toutes les formes de domination. En 1974 le Secrétariat national d’action culturelle du PS publie les « orientations générales d’une politique culturelle » et affirme : « L’élargissement des marchés broie les identités culturelles locales ou régionales au profit de la culture nationale française, parce que l’uniformisation des goûts est une contrainte de la production en grande série, la culture française elle-même s’efface progressivement devant le cosmopolitisme à dominante américaine, parce que les sociétés multinationales ont un espace économique planétaire où l’impérialisme se donne libre cours. »
Tout naturellement, l’élection présidentielle de 1981, dans un contexte où les mouvements régionalistes sont à leur apogée, fait une large place à la question linguistique et culturelle. En février 1981 le Parti Socialiste publie La France plurielle et entend rompre avec le vieux paradigme centralisateur et uniformisateur français. Dans la préface François Mitterrand écrit : « notre combat pour la libération du peuple de France passe aussi par la lutte des peuples “minoritaires” de notre pays pour reconquérir leur droit de vivre […] Une et diverse, voici la France. »
Mais c’est le discours du candidat Mitterrand à Lorient le 14 mars 1981 qui marque le point fort de la campagne sur la question : « Pour les Socialistes, c’est blesser un peuple au plus profond de lui-même que de l’atteindre dans sa langue et dans sa culture. Nous proclamons le droit à la différence. Il est indigne de la France qu’elle rejette ses richesses, qu’elle soit le dernier pays d’Europe à refuser à ses composantes les droits culturels élémentaires, reconnues dans les conventions internationales qu’elle a elle-même signées. Il est indigne qu’elle ne respecte pas la parole donnée. » Les langues de France ne sont pas oubliées dans les 110 propositions du candidat : « La promotion des identités régionales sera encouragée, les langues et cultures minoritaires respectées et enseignées. »
Après la victoire aux élections présidentielles et législatives, une mission est immédiatement confiée à l’universitaire Henri Giordan qui remet le premier Rapport officiel sur la question de la diversité linguistique et culturelle en France.
Pourtant de nombreux espoirs seront vite déçus. Il y aura peu d’avancée significatives en dehors des circulaires Savary pour l’enseignement. Du côté de la politique culturelle, comme on peut le voir dans l’interview du Ministre, la question « occitane » n’est pas traitée en tant que telle, mais dans le cadre d’un soutien à la diversité culturelle en général. On aperçoit dans le reportage la participation de personnalités du mouvement occitan (notamment Alan Roch de l’Institut d’estudis occitans, ou Jean-Pierre Laval du collectif pour l’occitan à la télévision) qui offrent le « drapeau occitan » au ministre. Pour autant, il ne s’agira, ni dans le discours du Ministre ce jour-là, ni dans les faits du bilan de la gauche au pouvoir, de réaliser une décentralisation culturelle, et encore moins une forme d’autonomie régionale sur la question. L’occitan comme les autres langues régionales reste sans statut ; la politique culturelle oeuvrera finalement peu à leur développement. La malentendu, voire le sentiment de l’espoir trahi, sera vivace et traversera l’occitanisme des années 1980 et 1990.
Transcription
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