La cantèra
voulu essayer de sortir un autre disque,
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Notice
Résumé
La cantèra est un moment de convivialité vocale, collective et polyphonique. L’ensemble de polyphonie Balaguèra a ainsi enregistré son nouvel album, Frequéncia cantèra, dans l’acoustique naturelle d’un café. Ses membres évoquent le caractère fédérateur de la cantèra, accessible à tous, et qui assure la transmission de la langue et de la culture d'oc auprès des jeunes générations.
Langue :
Date de diffusion :
11 juin 2017
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Contexte historique
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Dans son acception la plus courante, le terme occitan-gascon cantèra associe convivialité apéritive ou de la table, effervescence festive, et chant polyphonique. Il désigne toutefois plus largement l’action de chanter comme en témoigne Simin Palay dans son Dictionnaire du bigourdan et du gascon modernes. Terme d’usage ancien en Béarn, il est aussi employé en Bigorre qui use également du synonyme gaièra (réjouissance, joie) qui le complète.
La cantèra est le lieu d’expression privilégié d’un type de polyphonie vocale très anciennement enracinée dans les Pyrénées gasconnes et dans d’autres régions d’Europe, identique à l’improvisation des faux-bourdons d’église décrits dès le début du XVe siècle et diffusés dans l’ensemble de la Chrétienté par la Contre-Réforme.
Au plan social, cette polyphonie investit tous les espaces communautaires de la société agro-pastorale : église, café, maison, place publique. Autour d’une table ou au café, en famille ou entre amis, la polyphonie apparaît dès lors qu’on est deux. Cette polyphonie dont le mode de transmission est oral, se modèle au gré des situations et des chanteurs en présence : une construction humaine et musicale qui varie selon le nombre de chanteurs, leurs aptitudes vocales et musicales ou la dynamique du moment. Cette polyphonie possède sa « grammaire musicale ». Elle est produite à partir d’un chant préexistant enrichi d’une partie aiguë et/ou d’un partie basse produisant ainsi une polyphonie à deux ou trois voix.
A partir des années 1960, la mutation de la société traditionnelle s’est accompagnée d’une évolution des contextes du chant avec l’apparition de festivals : Festival de la Chanson Béarnaise de Siros en 1967, Hestejada d’Ibos en Bigorre, en 1978 ; de concerts et de soirées de chant ; de productions discographiques et, plus récemment, d’ateliers de transmission et de formations académiques notamment au Conservatoire de Tarbes.
Les pratiques scéniques se sont également traduites par la constitution de groupes, par la modification de la spatialisation des chanteurs pour s’adapter au public et à la sonorisation ; à une standardisation et un appauvrissement des parties polyphoniques de même qu’à l’introduction d’instruments harmoniques et d’arrangements musicaux empruntés à la musique de variété.
Chanteurs et musiciens investis dans le renouveau musical occitan vont, dans les années 1990, s’élever contre cette logique, revendiquant la notion de polyphonie en cours de médiatisation à cette époque en France avec les premiers succès des groupes corses. Une notion prestigieuse que ces musiciens associent à une forme esthétiquement très séduisante, à trois parties combinant parallélismes et bourdons, et chantée a capella. Toutefois, à partir du milieu des années 2000, devant le risque « d’objéïfication » de la polyphonie tel que véhiculé dans les ateliers de transmission ou par les performances léchées des groupes, la notion de cantèra est désormais revendiquée, mettant l’accent sur la performance individuelle et collective – vocale, corporelle, humaine –, et l’informalité de son contexte festif.
Le terme s’impose très rapidement conservant dans l’usage sa double acception collective et festive pour devenir un véritable label utilisé pour divers types de rassemblements vocaux, à l’exception des performances scéniques : ateliers de polyphonie dans lesquels, paradoxalement, la pratique polyphonique fait l’objet d’un enseignement formel ou semi-formel ; grands rassemblements vocaux très ordonnés à l’image de la cantèra d’ouverture d’HestivOc ; et de façon plus classique, pour des moments programmés mais conservant cette fois toute la verve et l’effervescence polyphoniques attendues. Des moments qui fleurissent dans l’ensemble du Béarn et de la Bigorre à partir de 2006 et auxquels certaines productions discographiques de groupes font écho en s’inscrivant dans un va-et-vient entre performance de l’entre-soi du groupe et d’une communauté plus large de chanteurs.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Intervenant
Qu'ei pr'amor d'aquò qu'avem volut ensajar de sortir un aute disque, mes pas tant de musica de polifonia plan presentada dens una glèisa... au contrari : presentada a noste, en cantèra, dens un bar, çò qu'ei la vertadèra vita de la polifonia pirenenca.
(Musique)
Stéphan Fauré
La cantèra, fréquenter les cantèras, c'est (inaudible). Ici, on est dans un salon tout à fait particulier. Mais, voilà, c'est les copains, on chante... Ben, la tradition, au final ! Qui vit au présent, toujours, c'est comme un slogan. On a fait quelques cantèras et c'est d'abord la proximité des gens, c'est chanter avec eux, partager, discuter pendant que ça chante et vraiment échanger, quoi ! Et puis aussi, il y a un acte pédagogique, parce que la chanson, si on ne continue pas de chanter, ici on a de la chance, c'est traditionnel, et si on ne continue pas de chanter, ça va se perdre, ça va devenir vraiment du musée, et ça sera vraiment dommage.
(Musique)
Intervenant
Qu'ei ua rason de viver... Nosauts que començam ua cançon... Que deisham lo veire un momentòt, e quan la cançon ei acabada, qu'ei un moment de confidéncia, qu'ei lo moment de parlar sia entre cantaires, sia dab lo monde qu'ei aquiu. E après, sabem pas perqué, i a ua auta cançon que va sortir de quaque part, dilhèu de Balaguèra, dilhèu de quauqu'un d'aute e tots amassa que se i canta.
Journaliste
Lo cant coma una faiçon de har la fèsta dens las carrèras de Pau, purmèr,mès tanben lo cant coma una faiçon de s'arretrobar e de tornar hicar la cultura occitana viva au còr de la vila.
Jean-Brice Brana
Qu'avem aquera pretencion, en tornas, de neurir aquera tradicion permor qu'i a joens, e nautres qu'èm vièlh (inaudible) qu'èm en termièra.E aquiu que i a joèns que's van poder apoderar aquerò. E puish, qu'avem ensajat de har cantas que son pro conegudas a la nosta faiçon e puish d'autas de las navèras.Mes, en tot cas, jo que n'i coneishi pas lo debut de l'alfa deu solfègi, e ben, que poi cantar. Qu'ei tostemps lo meu instrument dab jo, qu'ei la votz. Ne sufeish pas que de quauques elements, quauques ingredients de convivialitat : drin de qué béver, drin de qué minjar, de qué partatjar en fèit, tà crear las condicions tà poder viure un bon moment.
Pierre Camet-Lassalle
La situacion naturala qu'ei ua situacion que permet d'arrecaptar tot lo monde que vòlen cantar. La cançon tà nosauts qu'ei quaquarren de socializat, qu'ei d'atrassar tot lo monde ad arron que's vòlen júnher tà partajar lo plaser de cantar.
(Musique)