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Un peu avant neuf heures ce matin, dix heures à l'heure romaine, le Président de la République est reçu au Vatican selon le cérémonial solennel réservé aux Chefs d'Etat catholiques.
Sur la place Saint-Pierre d'abord, où un liseré blanc sur le sol délimite la frontière entre l'Italie et la cité papale, et dans la vaste cour Saint Damas ensuite, au centre des palais pontificaux.
Les gendarmes coiffés du haut bonnet à poil, les gardes palatins aux [chacots] à plumets et les gardes suisses dont l'uniforme fut dessiné par Michel Ange,
rendent les honneurs au Général de Gaulle qui a été accueilli par le conseiller général de la cité du Vatican, le Prince Carlo Pacelli, neveu de Pie XII.
C'est la troisième fois que le Général de Gaulle se rend au Vatican.
En 1944 il y rencontrait Pie XII, et il y a huit ans Jean XXIII qui remettait au Président de la République le collier qu'il porte aujourd'hui en même temps que le grand cordon de la légion d'honneur, ordre suprême du Christ, la plus haute distinction pontificale.
Un détail peu connu, le Président de la République, considéré comme le successeur des rois de France est chanoine honoraire de la basilique de Saint Jean de Latran.
Applaudi par des français de Rome auxquels il s'adressera tout à l'heure, le Président de la République s'entretient ensuite en tête à tête avec Paul VI pendant près d'une demie heure dans la bibliothèque du souverain pontife, dans l'intimité et soigneusement protégé par la garde noble.
Madame De Gaulle et les personnalités présentes parmi lesquels Messieurs Pompidou et Couve de Murville, et l'ambassadeur de France près le Saint Siège, Monsieur Brouiller, vont ensuite entendre la locution du souverain pontife et la réponse du Président.
Paul VI
Et la France vient à nous dans la personne d'un des plus illustres de ses fils, dont l'histoire dira le service hors de pair qu'en des heures difficiles il a rendu à sa patrie.
C'est assez vous dire Monsieur le Président, l'honneur et le plaisir que nous ressentons de votre visite.
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Puis Paul VI souhaite qu'une entente fraternelle s'établisse entre tous les Etats. La réunion des six européens hier à Rome est à ses yeux le symbole d'un rapprochement qui devrait inspirer d'autres nations.
Paul VI
Mais ce n'est là qu'une étape sur la route de la paix et de la véritable fraternité entre tous les peuples du globe.
Il faut viser plus loin, élargir l'horizon aux dimensions du monde, et c'est ce qu'a voulu rappeler notre récente encyclique sur le développement, ce nouveau nom de la paix à notre siècle.
Charles de Gaulle
Quant aux problèmes posés aux hommes dans l'ordre temporel, en ce moment de l'histoire du monde, la sollicitude que leur témoigne votre Sainteté ne laisse pas non plus d'occuper les esprits et les coeurs.
Ainsi en est-il avant tout de la paix qui sans doute n'a jamais été plus aveuglément menacée. Pour tous vos messages, pour tous vos appels, depuis celui de New York en présence de l'assemblée des Nations Unies,
jusqu'à celui que vous lanciez il y a peu de jours, lors de votre pèlerinage à Fatima, grâce, très Saint Père, vous soit rendue.
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C'est une bien belle journée pour tous disait enfin le Pape, au moment où le Général de Gaulle prenait congé de lui avant de se recueillir quelques instant dans la Basilique Saint-Pierre et de consacrer quelques minutes à la visite de la Chapelle Sixtine.