Voyage à Douai

26 septembre 1959
06m 55s
Réf. 00042

Notice

Résumé :

En voyage à Douai, le général de Gaulle souligne les progrès accomplis depuis une quinzaine d'années pour le redressement du pays, et remercie les citoyens de la ville pour leur accueil chaleureux. Il clôt son intervention en chantant "La Marseillaise" reprise en choeur par la foule, et rend un hommage particulier aux mineurs, nombreux à être venus l'écouter.

Type de média :
Date de diffusion :
26 septembre 1959

Éclairage

De février 1959 à juin 1965, le général de Gaulle réalise un gigantesque tour de France qui le conduit d'un bout à l'autre de la métropole, dans toutes les provinces, dans toutes les régions. C'est pour lui l'occasion de créer un contact direct avec les Français, de "récolter des moissons d'impressions et de précisions pratiques" sur les grandes questions de l'heure. Le cinquième voyage officiel - du 24 au 27 septembre 1959 - se déroule dans les départements miniers du Nord et du Pas-de-Calais, d'où est originaire le Général.

Très acclamé lorsqu'il sort de l'Hôtel de Ville de Douai - encadré pour l'occasion par les effigies de deux géants locaux - de Gaulle monte à la tribune, accompagné du député-Maire UNR Georges Sarazin. Devant lui, massés aux premiers rangs, se tiennent des mineurs casqués. Le Général entame son discours en remerciant les Douaisiens pour leur "accueil profondément émouvant". Il évoque ensuite le magnifique cadre de la ville ("heureusement conservé") et cite le beffroi de Douai, "maintenant unique au monde". Puis il se tourne vers l'avenir en approuvant les projets d'expansion de Douai et en rappelant la mission essentielle de la France ("fonder la paix sur la terre"). Mais avant tout, il faut écarter les menaces qui pèsent sur le pays. Quelques jours à peine après l'annonce de l'autodétermination, il s'agit en effet de rassurer les Français sur le sort de l'Algérie et de les exhorter à adhérer sans condition à la politique conduite. Il vante ensuite, une fois de plus, les vertus de l'unité française et encourage à nourrir une confiance sereine en l'avenir. Après avoir chanté La Marseillaise, il achève son discours d'une manière assez peu conventionnelle, en adressant un salut particulier aux mineurs dont "la présence donne le caractère à la cérémonie".

Ce document, diffusé à la une du journal télévisé du 26 septembre 1959, donne à voir et à ressentir la communion et l'unité entre les Français et leur président : "Au total, il se produit autour de moi, d'un bout à l'autre du territoire, une éclatante démonstration du sentiment national qui [. . .] apparaît ensuite partout grâce à la télévision." (Mémoires d'Espoir - Le Renouveau).

Aude Vassallo

Transcription

(Applaudissements)
Charles de Gaulle
Merci ! Merci ! Merci !
(Applaudissements)
Charles de Gaulle
D'abord, merci à toutes celles, à tous ceux qui sont ici pour l'accueil profondément émouvant que vous voulez bien me faire dans ce cadre, d'ailleurs, magnifique et par bonheur pour vous, Douai, et pour la France toute entière, heureusement conservé. Vous savez, à Douai, aussi bien qu'ailleurs et peut être particulièrement d'où nous venons, quand on y pense, quand on se souvient de la situation du pays il y a une quinzaine d'années après toutes les blessures physiques et morales qui lui avaient été infligées et qu'on le voit maintenant comme je le vois, quand je le parcours, en particulier comme je le vois à Douai. Quand on le voit en pleine ascension, en pleine résolution, en pleine confiance, et bien on peut dire que nous n'avons perdu notre temps. A Douai, en particulier et je le sais, tout en conservant avec soin et avec amour, les grands vestiges de votre grand passé, votre beffroi par exemple, qui est maintenant unique au monde, et d'autres choses aussi, tout en vous attachant au présent avec courage et souvent, d'ailleurs, avec mérite parce que je sais quels sont, au jour le jour, les soucis, les difficultés des personnes, des familles et des corporations. Il n'en est pas moins vrai que vous regardez également l'avenir qu'il y a ici. On me l'a dit, je ne l'ignore pas, des projets, autrement dit vous vous considérez comme une ville en pleine expansion. Je vous en félicite !
(Applaudissements)
Charles de Gaulle
Si nous y réussissions, comme je le crois, si nous pouvons fonder la paix sur la terre et écarter ces menaces qui pèsent sur nous, et au bout desquelles, si elles devaient grandir, il y aurait une catastrophe générale, si nous pouvons établir la paix, alors, l'avenir des générations qui viennent sera sans aucun doute un bel avenir en France. C'est un bel avenir que sera celui des nombreux enfants que je vois partout, et en particulier à Douai, et dont le nombre et la vivacité me réjouissent jusqu'au fond de l'âme. Le jour viendra où c'est à eux que leurs aînés passeront le flambeau. Il faut qu'à ce moment-là, et nous voulons y travailler, ils aient de quoi construire leur vie, construire leur foyer, construire leur condition, leur condition humaine. Et par le fait même que tous ces enfants-là feront leur vie, leur foyer, leur condition le destin de la France dont ils sont tous et qu'ils constituent, le destin de la France sera assuré.
(Applaudissements)
Charles de Gaulle
Mes chers concitoyens de Douai, je vous remercie encore une fois du spectacle que vous m'offrez et des sentiments que vous voulez bien m'exprimer. Cela prouve, voyez-vous que quelles que puissent être les divergences qui séparent les français, au fond, ils se rejoignent tous sur un domaine qui est à eux tous et qui s'appelle l'Unité Française.
(Applaudissements)
Charles de Gaulle
J'en recueille ici la preuve réconfortante, dont je vous remercie de tout coeur. Je quitterai Douai tout à l'heure avec un peu plus de confiance encore dans le sort de notre pays. Vive Douai ! Vive la République ! Vive la France !
(Applaudissements)
Charles de Gaulle
Nous allons, bien entendu, terminer cette magnifique réunion en chantant tous ensemble l'hymne national, La Marseillaise.
(Musique)
Je n'ai voulu, je n'ai voulu saluer, en particulier, aucune fraction, aucune partie de l'assemblée, et cependant, j'adresse mon salut aux mineurs qui sont ici, si noblement représentés.
Je crois que leur présence donne le caractère à la cérémonie.
(Applaudissements)