Conférence de presse du 28 octobre 1966
Notice
Conférence de presse tenue au palais de l'Elysée le 28 octobre 1966. Le général de Gaulle expose aux journalistes français et internationaux la position de la France sur les grands problèmes du moment.
- Politique extérieure > Construction européenne > Communauté économique européenne
- Politique extérieure > Construction européenne > Politique Agricole Commune
- Politique extérieure > Construction européenne > Question allemande
- Politique extérieure > Relations internationales > Guerre froide
- Politique extérieure > Relations internationales > Organisation internationale > ONU
- Politique extérieure > Relations internationales > Organisation internationale > OTAN
- Politique extérieure > Relations internationales > Relations franco > pays de l'Est
- Politique intérieure > Défense nationale > Armement > Arme atomique
- Politique intérieure > Défense nationale > Armée
- Politique intérieure > Economie > Travail > Participation (Association)
- Politique intérieure > Economie > Vie économique > Monnaie
- Politique intérieure > Economie > Vie économique > Plan quinquennal
- Politique intérieure > Vie politique > Elections > Elections législatives
- Politique intérieure > Vie politique > Institutions > Constitution > Constitution de 1958
- Politique intérieure > Vie politique > Institutions > Gouvernement > Stabilité gouvernementale
- Politique intérieure > Vie politique > Institutions > Régime des partis
- Afrique > Algérie
- Afrique > Djibouti
- Afrique > Ethiopie > Addis-Abeba
- Afrique > Somalie
- Amérique Centrale > Bahamas > Nassau
- Amérique du Nord > Etats-Unis > New York
- Amérique du Nord > Etats-Unis > Washington
- Asie > Cambodge > Phnom Penh
- Asie > Chine
- Asie > Philippines > Manille
- Asie > Vietnam
- Europe > Allemagne
- Europe > Belgique > Bruxelles
- Europe > Bulgarie
- Europe > France > Ile-de-France > Paris
- Europe > France > Poitou-Charente > Charente-Maritime > Royan
- Europe > Hongrie
- Europe > Pologne
- Europe > Roumanie
- Europe > Tchécoslovaquie
- Europe > Yougoslavie
- URSS > Russie > Moscou
Éclairage
La guerre d'Algérie terminée, les conférences de presse du général de Gaulle ont désormais pour objet d'exposer à l'opinion française et à l'opinion internationale les vues de la France sur les grands problèmes du moment, sans que ceux-ci revêtent le caractère d'urgence nationale qu'avait revêtu la guerre dAlgérie. Chacune d'entre elles apparaît donc comme la réponse du Général aux grands débats nationaux et internationaux. La conférence de presse du 28 octobre 1966, convoquée trois semaines après l'ouverture de la session parlementaire et avant les élections législatives prévues en mars 1967 permet d'aborder plusieurs questions importantes.
-En premier lieu, la politique extérieure de la France que de Gaulle place sous le signe de l'indépendance par rapport à l'hégémonie américaine. Indépendance qu'il manifeste en critiquant la politique américaine au Vietnam pour lequel il préconise un retrait des troupes américaines et la neutralité du pays. Indépendance qu'il souhaite étendre au continent européen, soulignant les efforts accomplis par la France pour se réconcilier avec l'Allemagne, tout en regrettant que les liens trop étroits de celle-ci avec les Etats-Unis aient conduit à vider de toute substance le traité de coopération signé à l'Elysée le 22 janvier 1963. Et c'est au nom de l'allégeance de la Grande-Bretagne envers les Etats-Unis qu'il justifie le veto opposé par la France à l'entrée de celle-ci dans le Marché commun. Enfin, rappelant l'hostilité de la France à la supranationalité, il se félicite de l'issue de la crise européenne de 1965-66 qui s'est conclue par le droit pour un Etat de réclamer l'unanimité dès lors que ses intérêts nationaux sont en jeu dans une décision. C'est cette conception d'une Europe politique fondée sur la coopération d'Etats souverains qui reste le but de la France, les Etats-Unis se trouvant accusés d'avoir provoqué en avril 1962 l'échec du Plan Fouchet qui devait la mettre en oeuvre. Enfin, c'est cette même volonté d'indépendance qui explique le retrait de l'OTAN des forces armées françaises comme la création d'une force de dissuasion nucléaire autonome qui permet à la France d'assurer elle-même sa propre sécurité, sans aucune intention d'agression envers un autre Etat.
Interrogé sur le futur statut de la Côte française des Somalis, territoire d'outre-mer dans lequel le Général s'est rendu en août 1966 et où il a été accueilli par des pancartes réclamant l'indépendance du territoire, il en rappelle la division entre les ethnies rivales des Ifars et es Issas, les convoitises territoriales des voisins somaliens et éthiopiens, l'extrême pauvreté du territoire, uniquement comblée par l'aide de la France qui y a construit le port de Djibouti et a développé l'infrastructure et les services publics. Sur le plan politique, le territoire a choisi en 1958 de rester dans la Communauté. Aussi sans révéler le futur statut proposé par la France, a-t-il décidé que les Somaliens choisiront par référendum de demeurer associés à la France ou de choisir une indépendance qui signifiera le retrait total de l'aide et de l'appui français. Il aura lieu le 19 mars 1967 et les électeurs choisiront à une très large majorité le statut d'association avec la France.
-Le troisième thème évoqué porte sur les questions économiques et sociales. Après avoir écarté d'un revers de main une question sur la baisse de la Bourse en affirmant que "la politique de la France ne se fait pas à la corbeille", il s'attarde longuement sur le problème de la condition des travailleurs à travers l'"amendement Vallon", adopté par l'Assemblée nationale le 12 mai 1965 qui propose un projet de loi intéressant les travailleurs aux profits des entreprises. Incluant cette réforme dont il approuve l'esprit dans l'ensemble des mesures sociales adoptées depuis la libération et dans l'oeuvre de rénovation entreprise par la Vème République, il en renvoie cependant la mise en oeuvre à la prochaine législature, après les élections de 1967.
-Le général a gardé pour la fin la question sur les élections législatives dont il n'ignore pas que ses interlocuteurs brûlent de les lui poser. Se plaçant en "Chef de l'Etat" au-dessus des questions partisanes, il se contente de rappeler que l'oeuvre considérable de la Vème République dans tous les domaines n'a été possible que grâce à l'existence de majorités solides soutenant l'action gouvernementale et il ramène l'enjeu de l'élection à un choix entre la poursuite du progrès grâce à l'élection d'une majorité décidée à appuyer l'action du pouvoir ou le retour au régime des partis qui conduirait le pays à la paralysie et à la crise.